Le Canadien a été pendant mon enfance, mon adolescence et une bonne partie de ma vie adulte, le seul club de hockey qui « comptait ».
Les Richard, Béliveau, Bouchard, St-Laurent, Bonin, Moore, Harvey et Lafleur ont été mes héros pendant des années.
Entraîneur et président du hockey mineur il y a plusieurs années, à St-Nicolas, dans la région de Québec, ma fidélité à la Sainte-Flanelle ne s’est jamais démentie. Même les Nordiques n’ont pu me faire changer de « religion » peu importe si des amitiés pouvaient en souffrir un peu. Nationaliste, j’ai fait des compromis et j’ai été un mordu malgré la tradition de l’O Canada avant la partie et la couleur du costume.
Malheureusement c’est à l’âge vénérable de 100 saisons que je vais devoir laisser l’équipe à laquelle je me suis si longtemps identifié. En effet, même si la ministre de l’Éducation a accordé une subvention de 250 000$ dans le cadre du 100e anniversaire du club, pour produire du matériel pédagogique, ce cadeau d’anniversaire n’a pas été assez important pour que le Canadien respecte la nation québécoise. Pour ses objets promotionnels mis en vente un peu partout au Québec le Canadien a considéré que : « Le logo se devait d’être bilingue afin de plaire aux fans des Canadiens du monde entier ».
Je comprends donc que le public cible du Canadien est l’univers et on verra bien si celui-ci saura reconnaître la valeur de cette équipe et son caractère « mondial ». Je retiens aussi que seul le bilinguisme semble porteur de succès commercial pour le Canadien et qu’il n’a même pas songé à offrir une version unilingue française de ses chandails et des autres objets mis en vente à l’occasion de ses 100 saisons.
Même s’il y a un consensus très large au Québec sur l’importance de la langue française comme langue commune de communication et que le Québec a choisi officiellement et démocratiquement d’être unilingue et français, le Canadien a pris ses distances et s’est éloigné de ses racines.
Le Canadien a été une véritable institution, presque une religion pour beaucoup de Québécois qui, très jeunes, ont porté son chandail avec fierté et collectionner les cartes, les affiches et les autographes de leurs idoles. D’autres religions ont cependant constaté que la gloire et l’adoration ne sont pas éternelles car même les plus fidèles peuvent perdre la foi.
Avant de retirer mon chandail et de dire au revoir ou goodbye au Canadien, je suggère aux dirigeants du club de méditer cette citation du chanoine, sociologue et écrivain québécois, Jacques Grand’Maison : « Malheureux le plombier qui ignore sa source ».
Denis Carrier
Gatineau