AU PAYS DE JEAN MOULIN

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– De : Jean-Luc Gouin, Québec –

Ne m’appelez plus jamais France
La France elle m’a laissé tomber
Ne m’appelez plus jamais France
C’est ma dernière volonté

Le France
Pierre Delanoë et Jacques Revaux (M. Sardou) – 1975

Voici l’extrait principal d’un courriel – de quelques mots à peine – reçu à l’instant de votre firme. Française.
Il contient un vocable anglais par segment de trois ou quatre termes français. Ou circa.

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Alors voici, messieurs-dames de ce pays qui m’a fait longtemps rêver, et que je connais fort bien par tous les canaux possibles – dont une présence assidue sur son sol pendant environ trois ans au total de mes allers et venues au gré des ans et des saisons. Et ce, de Colombey-Les-Deux-églises jusqu’aux rives gracieuses de la Meuse, en Domrémy, par les châteaux cathares, ceux de la Loire et, bien sûr, parmi cent et un autres lieux de grandeur, de majesté et d’émotion, le Louvre, le Musée d’Orsay et… le Panthéon où reposent les Voltaire, les Rousseau, les Hugo, les Gambetta, les Jaurès, les Malraux et les Jean Moulin de la France d’époques où fierté et dignité avaient encore un sens dans l’esprit de chacun de ses citoyens.

Commerçants compris.

Français – car hélas ! ce petit mot-circulaire de merchandising de votre cru (pour parler votre langage) illustre la France tout entière de notre temps -, vous régurgitez votre propre langue comme s’il s’agissait d’un parasite de votre organisme dont il fallait vous débarrasser coûte que coûte.

En outre, point ici nécessaire d’épiloguer (les parasites, ça voyage en TGV d’une calotte à l’autre avant que de parfois pénétrer le cortex jusqu’à ce que dénaturation de l’âme s’ensuive) sur les effets extrêmement pervers de vos manières – de l’abdication comme mode de vie ? – sur les pays francophones limitrophes : la Suisse, la Belgique, le Luxembourg…

C’est pourquoi « lire » ou « entendre » la France actuelle n’est plus désormais qu’une agression de tous les instants pour qui… aime – ou a aimé – votre pays. Il n’y a pas jusqu’à Renault, l’EDF, Danone, France Telecom [prononcer Te-Le-Com ?] ou la SNCF – véritables symboles en soi du génie (post-)industriel de l’Hexagone – qui depuis maintenant de nombreuses années, et tous azimuts, ne s’y mettent à coups d’American songs et de Miles dans les Smiles.

Aussi je vous demande, CNET Networks France, de retirer sur-le-champ mes coordonnées numériques de votre liste d’envoi (ou listing, pour m’assurer de me bien faire comprendre de vos services). Car le simple amour-propre m’interdit de perpétuer quelque commerce que ce soit, tous sens confondus, avec des gens dont l’asservissement volontaire constitue de toute évidence le sommet ultime de l’humanité civilisée.

Salutations.

J.-L. Gouin
LePeregrin@yahoo.ca
Québec, Québec
5 sept. 2005


De l’asservissement volontaire… et du mépris de soi-même

Réponse automatique d’absence du bureau : De l’asservissement volontaire au pays de Jean Moulin
Date: Wed, 7 Sep 2005 04:14:21 +0200
De: "Alexandra Chausson" < alexandra.rocha.da.mota@cnet.com >
à: LePeregrin@yahoo.ca

Etant en congés maternité, je serai absente du 18 juillet 2005 au 2 janvier 2006. N’hésitez pas à m’envoyer un mail pour toute demande concernant les séminaires, la Convention Sécurité Management ou la Fête du Wifi. En cas d’urgence, vous pourrez contacter Christophe Fery, Directeur de CNET Events au 01 46 39 56 27 ou christophe.fery@cnet.com

Alexandra Chausson Rocha da Mota
Events Manager
CNET Events
01 46 39 56 24
06 15 08 19 05
alexandra.rocha.da.mota@cnet.com


Voici une première (dernière ?) réponse – « mécanique » – reçue de la firme concernée dans ma lettre des dernières heures à l’attention de : CNETFrance.fr

On notera, outre l’absence de l’accent sur la toute première lettre du mémo (autre manière de «faire anglais», quoi…), et la faute évidente d’accord grammatical qui suit immédiatement (mais que je mettrai aisément au compte, bien excusable, de la distraction), que dans cette très courte missive on trouve encore le moyen de noyer la langue française dans une mare de termes anglais:

Mail, Management, Wifi, Events, Events Manager, Events…

Comme quoi l’anglaisement tout azimut est devenu en France rien moins qu’une seconde nature jusque dans la moindre lettre du premier employé de service venu.

Et en effet, comme le dit le philosophe, la perte de l’âme est indolore !
Signe de la plus formidable aliénation : se nier soi-même sans même plus s’en rendre compte.

Quel fabuleux modèle à offrir aux …enfants de l’avenir.

Triste. à (sic) chiâler.

Jean-Luc Gouin
7 sept. 2005

PS : Heureuse maternité tout de même, madame Chausson.

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