Vous trouverez ci-dessous un article sur le projet d’université internationale
française au Vietnam (UIFV). En son état actuel, ce projet doit être arrêté ! Il
est néfaste à notre pays et l’argent demandé aux contribuables travaillerait
CONTRE leurs intérêts.
Je compte sur vous pour diffuser le contenu de l’article au maximum et avertir
les membres des réseaux de soutien pour ce type d’action. Sonner l’alarme
maintenant chez les hauts fonctionnaires en leur donnant les bonnes raisons
devrait être suffisant pour faire enterrer ce projet mais une action VIGOUREUSE
me paraît absolument nécessaire.
Le projet duniversité internationale
française au Vietnam
A priori, le projet duniversité
internationale française au Vietnam (UIFV[1])
frappe limagination. Souvent taxée de frilosité à linternational dans ses
entreprises commerciales comme dans sa politique, la France semble vouloir
saffirmer dans un domaine très compétitif. Le titre du projet souligne sa
volonté forte dexporter son système denseignement supérieur à létranger, et
dêtre présente sur le marché international de la formation universitaire. Dans
les milieux diplomatiques français au Vietnam, et également à la chambre de
commerce franco-vietnamienne, on en parle depuis des mois. Le projet vient
finalement dêtre présenté à titre officiel par M. Nguyen Quoc Khanh, un
Vietnamien ayant fait ses études supérieures en France et ancien directeur de la
Shell au Vietnam. M. Nguyen Quoc Khanh a travaillé en collaboration avec
Brigitte Berlioz-Houin de Paris-Dauphine en partenariat avec les grandes écoles
de Paris pour la définition de loffre pédagogique et Antoine Pouilleute,
ambassadeur de France à Hanoï, en préside actuellement le comité de pilotage.
Le Vietnam est effectivement un pays
presque idéal pour la mise en oeuvre dun tel projet. Depuis dix ans, ce pays
émergent affiche un taux de croissance économique stable de 6 à 7% par an.
Ravagé par les guerres et retardé dans son développement par le dirigisme
économique communiste, on y voit maintenant, suite à la libéralisation du
commerce et de la production, lémergence dune classe moyenne solvable qui
recherche pour sa progéniture les meilleures formations techniques et
universitaires. Les universités vietnamiennes demeurent encore très mal
financées et les professeurs, qui sont payés seulement pour les cours quils
donnent, nont guère la possibilité de se maintenir à niveau, en raison du
nombre dheures quils sont obligés denseigner pour assurer leur subsistance.
Dans les disciplines scientifiques et techniques, léquipement fait défaut et ce
qui est disponible est souvent périmé. Tout cela incite les familles dun
certain niveau de revenus à considérer des études universitaires à létranger
pour leur progéniture et elles ne comptent pas nécessairement sur les bourses.
Cest ainsi que le nombre détudiants vietnamiens qui partent en France pour
effectuer un cursus complet en université ou dans une école dingénieurs a
grimpé en un an de près de 40% !
Pour capter la fraction des étudiants
vietnamiens qui voudraient rester au Vietnam tout en bénéficiant dun système de
formation comparable à celui quils peuvent trouver à létranger, lidée de
luniversité internationale française a donc germé dans les esprits. La formule
centrée sur un enseignement scientifique et technique dune part, et sur la
gestion et ladministration des entreprises dautre part, semble donc porteuse.
Il ne sagit plus dun projet daide au développement mais de capter la demande
des étudiants vietnamiens solvables intéressés par ce type de formation au sein
dune université strictement privée.
La formule mise au point nimposerait pas
de barrière linguistique au départ et permettrait aux étudiants admis de
commencer à suivre leurs cours en vietnamien tout en suivant des cours de
français et … danglais, leur permettant de suivre, par la suite, des cours
dispensés dans une de ces langues. Cependant, sans donner de justification
particulière, le comité de pilotage prévoit dores et déjà que les filières
francophones ne seront pas sélectionnées par plus de 15% des étudiants et que
AU MOINS 85% des étudiants sortants ne parleront pas un mot de
français alors quils auront un diplôme de lUIFV !! On voit donc, en
filigrane de cette prévision, que la structure organisationnelle prévue évincera
de fait la plupart des enseignements en français qui auraient pu sy faire.
Il est bien évident que, même si une
université affiche lépithète « français », un organisme strictement privé a
parfaitement le droit de faire ce quil entend. Cependant, les investisseurs ne
se bousculant certainement pas au portillon, il sera demandé aux pouvoirs
publics français des fonds de démarrage à hauteur de 10 millions deuros
minimum. Dailleurs, il semble bien aujourdhui que le nom dUNIVERSITé
INTERNATIONALE FRANçAISE ait été conservé dans le seul but dobtenir cette
subvention aux frais des contribuables.
Ainsi, on demande aux Français, leurrés par
un nom sous lequel on ne trouve presque plus rien de français, de financer dans
les faits un organisme qui fonctionnera presque exclusivement en anglais. Ce
nest pas une première. Le programme CFVG[2]
(Centre franco-vietnamien de formation à la gestion) a été créé à lorigine par
des fonds dispensés par lambassade de France. Cette année, aucune classe en
français du CFVG na ouvert à HoChiMinh ville et, à Hanoï, 20% des
étudiants seulement sont dans la filière en français, le reste faisant ses
études en anglais exclusivement !
Les organisateurs arguent du fait que les
étudiants vietnamiens ne veulent plus étudier en français sans se rendre
compte que cest en fait par louverture de filières anglophones dans les
programmes parrainés par la coopération française bilatérale que les programmes
détudes en langue française ont été fortement dévalorisés par ceux qui, au
départ, étaient censés en faire la promotion. Le profane connaît bien leffet
rétroactif qui amplifie le son quand un micro est placé à proximité dun haut
parleur. Limpulsion sonore minuscule se transforme en un son strident et
assourdissant. Par un simple effet de symétrie, les Français qui font loffre
dune formation en anglais dévalorisent parallèlement leur formation équivalente
en français et ce phénomène rétroactif accélère davantage labandon du français
par des gens qui sy seraient naturellement intéressés. Lorsque les Français ne
valorisent plus les formations dans leur propre langue, pourquoi les Vietnamiens
ou dautres étrangers devraient-ils encore sy intéresser ? Quel peut être
lintérêt dune langue qui est abandonnée par ses propres locuteurs alors que la
langue véhiculaire joue probablement son rôle le plus important précisément dans
le domaine de la formation ? La spécificité de la formation « à la
française » est tout dabord celle de la formation EN langue française qui
oblige létudiant à réfléchir selon des schémas mentaux conformes à cette langue
et dans lesquels se représentent les connaissances à transmettre. La
communication par le biais dune langue fait toujours référence à la culture
quelle sous-tend. A lexception peut-être de quelques sujets étroitement
techniques et de modes demploi, affirmer que le même message passe quelle
que soit la langue utilisée est une absurdité totale. Même le matériau
enseigné lorsquon fait des mathématiques nest pas le même puisque, en dépit
des formules, le message passe par les représentations que lon se fait des mots
et les champs sémantiques ne se recouvrent au mieux que très partiellement dune
langue à lautre. Même les langages informatiques de programmation ont leurs
spécificités quaucun informaticien aujourdhui noserait remettre en question !
Affirmer de plus que lon peut enseigner « à la française » en anglais relève de
limbécillité pure ou dune ignorance profonde des mécanismes linguistiques,
dautant que cette fameuse « formation à la française » est de plus en plus
alignée sur les normes anglo-américaines ! De plus, oser concurrencer des
locuteurs natifs qui ont lavantage énorme de pouvoir correctement exprimer
leurs messages à des étudiants qui sont au moins autant intéressés à
maîtriser la langue denseignement que de faire lacquisition de connaissances
spécifiques relève dun défi dont labsurdité est évidente pour tous les
étrangers, vietnamiens compris !
Georges Pompidou affirmait que, si nous
reculons sur notre langue, nous serons emportés purement et simplement. Cet
agrégé de lettres savait de quoi il parlait. On est effaré par lignorance et la
naïveté de ceux qui, aujourdhui, dépensent largent public pour accélérer,
bien inconsciemment, leffacement de la nation française de la scène
internationale, tout en croyant quils effectuent, au contraire, un
excellent travail. Ignorance des mécanismes linguistiques, ignorance de
lindissociabilité des langues et des cultures, ignorance de la psychologie des
étrangers avec lesquels ils traitent et ignorance, bien sûr, des langues
étrangères autres que langlais…
Jacques Chirac doit se rendre en visite
officielle au Vietnam à lautomne 2004. Tous ses brillants diplomates au Vietnam
sattendent à ce quil inaugure cette UNIVERSITé INTERNATIONALE FRANçAISE et
quil y annonce une forte subvention de lEtat français en faveur de son
développement rapide.
Ce projet doit être arrêté
ou, tout au moins, en tant que projet privé, toute demande daide dEtat doit
être considérée comme incongrue et totalement rejetée. Dailleurs, les
investisseurs privés ne se bousculent pas au portillon et labsence dune
subvention de lEtat français sera sans doute suffisante pour enterrer
définitivement le projet dans sa forme actuelle.
On ose espérer que les projets de
développement duniversité française à létranger soient mis un jour dans les
mains de gens réellement compétents et qui veulent servir leur nation.
Laliénation grandissante de nos « élites » actuelles et leurs allégeances
tacites les rend totalement inaptes à les entreprendre.
André Spontini
entrepreneur à Hanoï
le 18 janvier 2004
NDLR – Quelques adresses utiles de
lUniversité internationale française au Vietnam:
Administration | |
Do Thi Mong Thu |
scac.uifv@diplomatie.fr |
Chef de Projet | |
Nguyen Quoc Khanh |
vandivu@hcm.vnn.vn |
Partenaires Universitaires | |
Brigitte Berlioz-Houin |
brigitte.berlioz-houin@dauphine.fr |
Partenaires Investisseurs | |
Pascal Ho Ba Dam |
investment@hcm.vnn.vn |
Campus – Immobilier – Construction | |
Pham Minh Chi |
chipham1147@yahoo.fr |