De Bernard Landry à…Maurice Duplessis
Nestor Turcotte
(Matane)
Le gouvernement du Parti québécois, sous la direction de
Bernard Landry, nest plus séparatiste. Il est confédéraliste.
Constitutionnellement parlant, il est comme le Parti Libéral du Québec, lAction
démocratique de Mario Dumont. Les mots utilisés ne sont sans doute pas les mêmes
dans les partis mentionnés, mais la réalité est exactement la même, à bien y
regarder : aucun parti ne veut quitter le pays habité; chacun, selon différentes
modalités, veut plus ou moins réaménager celui dans lequel on a été élevé.
Constitutionnellement parlant, il faut avoir le courage de
lécrire et le dire, le Parti québécois est redevenu lUnion nationale de
Maurice Duplessis qui réclamait, déjà dans son temps, haut et fort, sa part de
butin dOttawa, le gouvernement tout juste dà côté. Même que Maurice Duplessis
réclamait plus que les Trudel, les Legault, les Marois, les Chevrette et tous
les autres que vous connaissez dans ce Parti québécois délavé. Landry est sorti
en lion; il broute maintenant en mouton. Il a glissé dabord sur le chiffon
rouge; il se terre maintenant dans sa tour de la vieille capitale, en habile
chevalier de lautonomie provinciale habilement bien cachée. Il ny a plus entre
les partis politiques provinciaux une différence de nature : tout est maintenant
et simplement une différence de degré. Comme au bon vieux temps, vous laurez
déjà noté.
Que le président du Parti Québécois ladmette ou non,
lunion confédérale quil propose nest quun autre modèle de fédéralisme. La
souveraineté dont il rêve nest quun autre modèle de fédéralisme. Ces
propos de Michel Vastel (p.428) de sa biographie de Bernard Landry confirme ce
que jécrivais dans les pages de ce journal, le vendredi 16 février 2001, dans
un article intitulé : De Bernard Landry à…Robert Bourassa. Le Parti
québécois, est bel et bien mort. Il vit artificiellement dans ses structures,
mais lâme de ce parti est disparue. Il est bel et bien devenu un parti
nationaliste, avec moins de verdeur et de revendications que la défunte Union
nationale, qui a régné sur le Québec tant dannées.
La prochaine élection ne se fera pas autour didéologies, de
projet de société et de plan quinquennal bien structuré, de vision claire et
bien établie par des gens qui ont le courage de la proposer. Elle sera purement
pragmatique, comme le défunt Duplessis avait le don den faire, durant ces
belles années. Ce sera une élection dans la plus pure tradition de nos pères,
telle que le Québec de jadis avait la façon et loriginalité de les forger. Ce
sera une élection dasphalte, de bouts de chemins, dautoroutes, de ponts, de
bulldozers, de parapets, de goudron, de concassé, de ciment, de camions, de
panneaux-réclames, de feuilles dérables, de fleurs de lys, de contrats signés
devant les caméras, dinaugurations, décoles à rénover, de cégeps à retaper, de
CLSC et dhôpitaux à rallonger, de lampadaires à remplacer, de gros «trucks» sur
les chemins encombrés, de tuyaux haut de même à remplacer, de trous à boucher,
de courbes à déplacer et jen passe… parce que vous en avez assez!
Les élections avec des idées, cest bel et bien dépassées!
Les Québécois nont que des émotions et pas didées. Ils sont comme ça et ceux
qui les dirigent ne veulent pas les mener plus loin que ce pragmatisme qui les
sert bien à volonté. Pour ceux qui, jadis, avaient mis toutes leurs énergies à
lutter pour un pays dont ils avaient rêvé, la déception est grande et dure à
avaler. Nous avions trouvé le chef qui pouvait nous y mener. Mais les troupes,
de lintérieur, lont assassiné. Il ne nous reste plus quun «bout de chemin» à
arranger, triste réalité à donner à nos enfants désabusés. Un «bout de chemin»
pour satisfaire les lobbysmes et les amis du pouvoir agglutinés. Il ne nous
reste quun peuple sans avenir, à cause de sa dénatalité, qui finira bien par
mourir, faute de vision et didéalité.
Lan dernier, javais écrit De Bernard Landry à…Robert
Bourassa, dans un article paru en page éditoriale de ce journal largement
diffusé. Hélas, je maperçois que je métais un peu trompé de quelques années.
En marrêtant à Robert Bourassa, je nétais pas assez remonté. Il faut faire le
lien avec Maurice Duplessis, si on veut bien comprendre ce quon vient de nous
annoncer. Nous sommes un peuple de bouts de chemins, de coup de pioches et de
gens sur les pelles accoudés. On a peur des gens à longues visées. Le pain et
les jeux suffisent à des gens colonisés. On na pas besoin de chercher en dehors
de nous pour savoir où sont ceux qui veulent nous assimiler. Notre régime
politique sest chargé de bien les cultiver! Et en nombre suffisant pour avoir
le goût de nous révolter et sentir en nous monter le colère monter.
Lauteur est de Matane et il est professeur de philosophie
émérite du Collège de Matane.
Adresse électronique :
aristote@ma.cgocable.ca