CHRONIQUE DU DéPUTé DE MARGUERITE-DYOUVILLE
LORDRE DU CANADA à MORDECAÏ RICHLER :
UN AFFRONT AU QUéBEC FRANCOPHONE
Journal La Relève, le vendredi 23
février 2001-Il y a quelques jours, la gouverneure générale du Canada,
madame Adrienne Clarkson, annonçait les nominations de la dernière cuvée de lOrdre
du Canada. De ce nombre, lécrivain anglo-québécois Mordecaï Richler.
Cette nouvelle a ajouté à ma réflexion et à ma conviction quil existe au
pays de Jean Chrétien deux poids, deux mesures : une règle déthique
pour les francophones et une autre pour les anglophones.
Il ny a pas si longtemps, le
comédien Jean-Louis Roux avait dû renoncer au poste de lieutenant-gouverneur
du Québec pour avoir, semble-t-il, exprimé de vagues sympathies, dans sa
lointaine jeunesse, à lendroit du mouvement fasciste de lépoque. Plus
récemment, M. Yves Michaud sest vu placé au ban des accusés pour avoir
tenu des propos jugés désobligeants à légard de la communauté juive.
Avant lui, lécrivain Claude Jasmin avait dû renoncer à la candidature du
Parti Québécois dans Outremont, pour avoir glissé sur la même pente. Cest
pourquoi, je comprends mal quun écrivain anglo-québécois canadien qui sest
fait connaître à létranger en dégobillant sur le Québec et les
francophones, en traitant les femmes québécoises de « truies » en
raison de nos grosses familles dantan, puisse se montrer digne du plus grand
honneur canadien.
Nos gens qui, volontairement ou
accidentellement, ont le malheur de dire quelque chose jugé désobligeant par
les anglophones ou les communautés culturelles sont inexorablement cloués au
pilori de la rectitude politique. Pourquoi nen est-il pas de même pour ceux
qui profèrent des propos frôlant le racisme à notre égard ? Je suis
personnellement blessé et outré que mon défunt père, lui aussi
récipiendaire de lOrdre du Canada en raison de son dévouement à la cause
des droits humains, doive dorénavant, partager cet insigne honneur en compagnie
dun individu aussi fielleux que Mordecaï Richler à lendroit du Québec
francophone.