BRUXELLES, VILLE FRANCOPHONE ET INTERNATIONALE AVEC LA WALLONIE ET LA FRANCE
(Manifeste du R.W.F.-R.B.F.)
Le Rassemblement Wallonie-France – Rassemblement Bruxelles-France attache une importance primordiale à l’avenir de Bruxelles, grande ville-région largement construite par l’émigration wallonne, mais aussi par la volonté politique, l’épargne et les investissements wallons.
La Wallonie -et au-delà d’elle le monde francophone- a, de toute évidence, dans cette grande ville à vocation européenne et internationale, des intérêts moraux, culturels, politiques et économiques. Elle a, pour cette raison, la volonté, non seulement de conserver les liens particuliers et privilégiés qui l’unissent à Bruxelles, mais encore de les renforcer.
Le R.W.F. s’implante donc également à Bruxelles, où une section est créée : le Rassemblement Bruxelles-France (R.B.F.), qui se veut l’instrument et le noyau de la véritable résistance francophone bruxelloise d’aujourd’hui.
Bruxelles est plus que jamais menacée par les plans d’absorption progressive de la Flandre et par une américanisation culturelle sournoise. Aussi le R.B.F. invite-t-il les Bruxellois à accompagner les Wallons dans leur marche historique vers la France, qui représente le seul moyen sérieux et sûr de garantir son avenir de grande ville internationale, européenne et française, et ce dans le respect des droits culturels légitimes de ses habitants de langue néerlandaise.
L’expansionnisme et l’intolérance flamands avancent masqués à Bruxelles. Les opérations de séduction des autorités du Nord à l’égard des Bruxellois ne visent qu’à endormir leur vigilance afin d’y relativiser l’importance francophone. La Flandre n’a toujours pas renoncé à amoindrir le statut de Bruxelles : sa stratégie reste celle d’une cogestion bi-communautaire avec des institutions paritaires. Faire de Bruxelles une mosaïque de minorités, au mépris de la majorité francophone, n’a d’autre but que de servir cette ambition, aidée en cela par la progression de l’anglo-américain.
Or, en réalité, il n’y a pas de « minorité flamande » à Bruxelles en ce moment, mais seulement des ressortissants localement minoritaires d’une majorité qui domine l’Etat. La revendication d’une représentation forfaitaire aux niveaux régional et communal indique à satiété que cette « minorité » peut se permettre de voir rétabli le vote plural et violé en sa faveur le principe démocratique « un homme – une voix », grâce à sa domination sur l’ensemble belge.
Dynamisée par la reprise en main des Fourons, la Flandre va concentrer ses efforts sur Bruxelles et sa périphérie. Elle y poursuivra son double but : d’une part l’homogénéisation linguistique de son territoire, par l’obtention de nouvelles compétences, et, d’autre part, la satellisation de Bruxelles en la séparant définitivement des communes de sa périphérie et en accentuant sa dépendance financière à l’égard de l’Etat fédéral qu’elle domine. Elle pourrait alors maintenir la Belgique sous une forme de plus en plus vidée de contenu tandis que, patiemment, elle résorberait l’abcès périphérique et accentuerait le déséquilibre institutionnel en sa faveur à Bruxelles, le tout sans aucun égard pour les Bruxellois, que l’on voudrait faire vivre dans une sorte d’entité subordonnée, cogérée pour le plus grand bénéfice de la Flandre qui y retrouverait une position qu’elle a perdue par la voie des urnes et la volonté du Peuple. A cet égard, une complicité objective existe entre certains confédéralistes flamands et régionalistes wallons, qui accepteraient de brader Bruxelles à la Flandre en échange de compensations financières.
Entre la Wallonie et Bruxelles, il ne peut plus être question de solidarité purement verbale, proclamée de manière rituelle. Elles sont liées par une convergence d’intérêts et une communauté de destin : on ne peut les séparer, ni aujourd’hui, ni demain.
Depuis juin 1999, la quasi-totalité de la classe politique francophone, en Wallonie comme à Bruxelles, habille ses capitulations du discours anesthésiant d’un « nouveau climat communautaire ». Mais cet apaisement orchestré tente de dissimuler une politique de marchandages et de satisfaction unilatérale de la Flandre qui, sous le couvert d’un ton plus modéré, engrange plus que jamais de nouveaux pouvoirs. La pacification communautaire est un conte de fée inventé par les partis officiels pour camoufler leurs concessions et affaiblir la résistance francophone. La Flandre reçoit ses compétences, les Francophones attendent leurs ressources nouvelles. Le déséquilibre s’aggrave, alors que les représentants politiques wallons et bruxellois sont, le dos au mur, engagés dans une tentative de sauvetage de l’instrument privilégié de la domination flamande, l’Etat fédéral, qu’ils ne peuvent maintenir qu’au prix de leur soumission. Cette posture n’est cependant pas éternelle car viendra un moment où la Flandre n’aura plus rien à tirer d’une fiction d’Etat belge. Alors, les nouveaux maîtres pourraient bien tolérer que les Bruxellois restent eux-mêmes à condition … de devenir Flamands.
Les Francophones doivent prendre conscience de leurs intérêts. Tant que subsistera l’Etat belge, la paix communautaire ne sera pas possible. Ainsi, nous n’imputons rien de notre sort aux Flamands et ne voyons pas en eux un ennemi héréditaire. Notre discours n’est pas tourné contre la Flandre, mais contre sa stratégie de domination. Et parler de stratégie de domination n’est pas faire acte de racisme : le prétendre serait s’opposer à une lucidité vitale pour laisser se perpétuer une situation injuste ; ce serait, pour maintenir un Etat belge au prix d’un mensonge permanent, empêcher les Francophones d’exercer leur libre arbitre.
La solution pour Bruxelles ne réside pas dans un illusoire statut d’indépendance. Privée des possibilités de croissance et de revenus d’une ville classique, elle devrait tôt ou tard accepter les conditions de la Flandre pour son développement. Elle aggraverait de la sorte sa dépendance à moyen et long terme. De plus, Bruxelles ne pourra jamais se transformer en un paradis fiscal, réglementation européenne oblige.
L’hypothèse du district européen, variante de l’indépendantisme, repose sur une vision erronée de la nature (qui n’est pas fédérale) et des moyens juridiques des institutions européennes (qui n’ont pas le pouvoir d’administrer un territoire). Il n’est pas possible de transformer Bruxelles en district fédéral européen pour la seule raison que l’Union européenne n’est pas un Etat. Bruxelles est certes l’hôtesse de ses institutions, mais l’on peut parier que le conseil des ministres européen continuera à les distribuer entre les Etats membres, au gré des inévitables compromis intergouvernementaux.
Préserver les atouts et les qualités de Bruxelles
Bruxelles doit rester une grande ville francophone ;
Bruxelles doit rester une grande ville internationale ;
Bruxelles doit conserver un maximum de fonctions et de sièges institutionnels et économiques.
Ces objectifs, Bruxelles ne les atteindra pas seule.
Rallier Bruxelles à la France avec l’appui de la Wallonie, c’est lui procurer les moyens d’être une ville comme les autres, sans statut discriminatoire, c’est l’inscrire dans un cadre institutionnel stable et sûr. C’est préserver ses libertés et assurer sa vocation de ville internationale. Ainsi, seule l’adhésion à la France pourra garantir le maintien à Bruxelles de la liberté culturelle puisque les objectifs flamands ne peuvent se réaliser que par sa limitation et, à terme, son étouffement.
Aux citoyens issus de l’immigration, nous proposons un modèle d’intégration et de liberté radicalement différent. Jusqu’à présent, le discours prétendument tolérant de la Belgique à leur égard a repris la confuse et dangereuse terminologie du multiculturalisme qui étouffe la qualité de citoyen, égal en droit à tous, sous l’appartenance parcellaire à une communauté. Il crée des droits communautaires là où ne devraient exister que des droits individuels, notamment celui d’échapper à tout particularisme. Il vise à faire de Bruxelles une ville peuplée de groupes aux droits différents, faisant dériver le droit à la différence, que nous revendiquons, vers une différence des droits que nous combattons. L’union à la France est la meilleure protection contre ces dérives porteuses de conflits potentiels parce que son modèle, certes imparfait, a pour but de permettre à chacun de trouver sa place dans la nation, sans considération d’origine ou de couleur politique.
La périphérie avec Bruxelles
Les limites de la région bruxelloise ont été fixées arbitrairement, contre le vote d’une majorité de parlementaires francophones en 1962, ce qui a entraîné l’isolement des Francophones de la Périphérie et a fait de Bruxelles une ville enclavée, coupée de la Wallonie.
Le dogme flamand de l’homogénéité linguistique, de même que la transformation de simples limites administratives en frontières d’Etat, contraignent à poser le problème en termes de territoire. D’ores et déjà, la Communauté flamande empêche la Communauté française de s’adresser à ses ressortissants, faisant fi des droits fondamentaux à l’information, à l’expression et à la communication libres des idées : n’importe quel pays peut subventionner une activité culturelle en Flandre, sauf la Communauté française. Le gouvernement flamand n’applique pas les lois sur l’emploi des langues protégeant les habitants francophones des communes dites à facilités : la tutelle flamande tente d’imposer le dépérissement progressif des « facilités », inscrites dans la Constitution, par des tracasseries sans cesse renouvelées. Le passé et le présent préfigurent l’avenir : pourquoi la Flandre respecterait-elle demain des minorités que l’Etat fédéral ne peut l’empêcher aujourd’hui de léser ?
L’alternative est simple :
ou l’intégration à la Région de Bruxelles des communes dont les habitants se prononceront majoritairement dans ce sens, solution qui préserve les droits de tous, quelle que soit leur langue ;
ou le grignotage des droits linguistiques et culturels jusqu’à leur extinction totale et la paralysie par la tutelle flamande de l’autorité communale démocratiquement élue, dans tous les domaines de l’action publique et au détriment des intérêts, de la tranquillité et de l’épanouissement des populations.
Il est donc temps, pour les Francophones de la périphérie bruxelloise et leurs élus, de renoncer aux promesses fallacieuses d’une légalité belge qui est de plus en plus impuissante à protéger leurs droits et dont la survie ne fait que retarder l’inéluctable en les affaiblissant dramatiquement.
L’heure du choix va sonner : soit s’unir à Bruxelles, ville internationale avec la France, soit se résigner à l’assimilation ou à l’exil.
Le sort des communes à facilités doit être réglé au moment de la fixation des nouvelles frontières d’Etat ; pour le R.W.F.-R.B.F., une seule méthode démocratique : le référendum.
Bruxelles et sa périphérie avec la Wallonie dans la République
L’intégration de Bruxelles à la France ne poserait pas de problèmes institutionnels majeurs. En fait, l’organisation actuelle des pouvoirs pourra être maintenue dans ses grandes lignes :
19 à 25 communes (19 bruxelloises plus les communes « à facilités » qui auront choisi de rejoindre la région de Bruxelles), avec leurs compétences actuelles sauf la police, avec un Conseil municipal élu au suffrage universel et un Maire désigné par lui ;
Le Conseil régional de Bruxelles, assemblée élue au suffrage universel qui désigne son Président en son sein, prenant des règlements sur proposition de ce dernier dans les matières de sa compétence (aménagement du territoire, politique économique, transports et mobilité, enseignement et culture etc.). L’exécutif régional est dirigé par le Président du Conseil régional, qui choisit et nomme ses adjoints.
Les compétences réglementaires du Département sont exercées sur le territoire des 19 à 25 communes.
La tutelle est remplacée par un contrôle juridictionnel (cours et tribunaux administratifs) et les finances communales et régionales sont contrôlées par la Chambre régionale des comptes.
Les matières de police, d’action sociale et sanitaire, d’équipement, de politique forestière, de travail et d’emploi, sont des services de l’Etat au niveau local, dirigés par un Préfet.
La coopération entre la Région de Bruxelles et la Région Wallonie trouvera naturellement sa place dans les structures légales de la République.
Langue et culture à Bruxelles
Bruxelles sera une ville française, où la loi permettra à ceux qui le souhaitent d’utiliser le néerlandais dans leurs contacts avec l’administration et devant les tribunaux et de bénéficier d’un enseignement et d’une vie culturelle dans cette langue.
Ici non plus, nul besoin de modifier la Constitution française : le régime de l’Alsace-Moselle permet de garantir, entre autres spécificités, la pérennité du néerlandais à Bruxelles.
Un Traité international sera conclu entre la France, la Flandre et les Pays-Bas, pour assurer la protection des minorités française en Flandre et flamande à Bruxelles. Il devrait prévoir la création d’un grand Institut de coopération culturelle franco-néerlandaise à Bruxelles. Enfin, la France s’y engagera à contribuer à la défense du néerlandais dans les institutions européennes.
Les lois de la République permettent une adhésion sans insécurité de Bruxelles à la France, en lui apportant la stabilité politique nécessaire à son développement de ville française à vocation internationale.
Bruxelles, le 19 mai 2001