Les cochonneries de Desjardins et sa schyzophrénie identitaire

JOURNÉE NATIONALE DES PATRIOTES

Desjardins doit prendre la situation au sérieux et corriger le tir

J’ai cherché pendant plusieurs heures des mots justes et polis pour décrire un mélange de consternation et de déception devant cette infographie distribuée aux quatre coins du Québec pour la Journée nationale des patriotes, par Desjardins, une institution québécoise par excellence. J’ai également attendu la fin de cette journée consacrée aux patriotes, pour laisser la chance à Desjardins de corriger le tir et s’excuser. Ce ne fut pas le cas, ce qui est en soit est un message d’absence de respect pour l’histoire du Québec et d’absence de considération pour les membres de Desjardins qui comme moi sont incrédules.

Premièrement, laissez-moi constater que le message officiel de Desjardins, à l’effet que l’affiche en question n’a pas été approuvée par le mouvement, est bancal. La fiche respecte parfaitement les normes d’infographie de Desjardins et se retrouve à divers endroits très éloignés sur le territoire québécois. À noter également que les autres affiches avec une bicyclette jaune ont également été distribuées uniformément à travers le Québec et qu’elles prennent grand soin de ne pas mentionner la fête des patriotes.

 Je suis membre de Desjardins depuis ma jeunesse et j’y ai tous mes actifs. C’est probablement l’une des institutions qui rend les Québécois le plus fier de manière générale, celle dont l’histoire et l’enracinement au Québec sont le plus fort.

 Plus de 48 heures après les plaintes des citoyens sur cette infographie, force est de constater que Desjardins fait preuve de nonchalance et ne prend pas la situation au sérieux. Dans une autre réponse de Desjardins à un citoyen, la coopérative a même rajouté qu’elle comprenait que cette journée était un moment significatif « pour la communauté québécoise ». Ainsi, aux yeux de Desjardins, les Québécoises et Québécois sont une «communauté culturelle» ?

Cette réponse ne fait malheureusement qu’en rajouter et témoigner davantage du grand manque de sérieux de la coopérative dans la gestion de cet imbroglio. Elle témoigne également des concepts qui découlent de formations EDI obligatoires données aux employés de Desjardins, un univers conceptuel qui racialise les rapports humains et décourage l’identité nationale partagée en classant les gens par catégories et par communautés, plutôt que de considérer que nous sommes tous Québécois et citoyens à part entière, au delà de nos différences. Cette idéologie dévalorise généralement l’identité québécoise, en droite ligne avec la doctrine Trudeauiste.

Malheureusement, ma lecture est que nous sommes probablement devant un exemple frappant de déracinement vis-à-vis notre histoire, d’une « déconstruction », pour reprendre le terme issu des courants idéologiques trudeauistes, des connaissances de bases qui sont essentielles à une citoyenneté partagée. Imaginez-vous une seconde quelqu’un remplacer le drapeau américain par un autre drapeau lors des festivités du 4 juillet. Pensons à tous ces pays dans le monde qui ont une journée commémorative de leur libération d’un régime colonial, pourrait-on manquer de respect à ce point dans ces pays? Poser la question, c’est y répondre.

Desjardins a une longue historique de loyauté envers le Québec. J’ai déjà travaillé pour Claude Béland dans son projet de donner au Québec sa propre constitution. Il rappelait souvent notre histoire courageuse et coopérative, et Desjardins a jadis pris position en faveur de l’émancipation du Québec. Nous ne devrions pas accepter la dénaturation de son rôle important dans la société québécoise.

À ce stade-ci, c’est à la haute direction de Desjardins de s’expliquer, de s’excuser et de formellement corriger le tir. Il n’y a aucune raison pour laquelle cela n’a pas été déjà fait. En prenant au sérieux une telle situation, on aurait pu la régler en l’espace de quelques heures tout au plus et témoigner d’un respect envers le Québec et son histoire.

C’est ce que je demande à Desjardins de faire.

Paul St-Pierre Plamondon
Chef du Parti Québécois            (Source)