L’OUTAOUAIS EN FêTE / LA FêTE
NATIONALE DU QUéBEC, édition 2001
ALLOCUTION DE MONSIEUR ROGER
BLANCHETTE
RéSISTANCE à CETTE DOMINATION
La Fête nationale du Québec,
comme toutes les fêtes, est bien sûr un moment de réjouissance, de plaisir et
de convivialité. Mais c’est aussi, et peut-être plus particulièrement cette
année, l’occasion de réfléchir à notre avenir collectif et au monde dans
lequel nous voulons vivre, au monde que nous voulons léguer à nos enfants.
Il y a des mots que certains
politiciens ridiculisent et présentent comme démodés : ces mots que la
pensée unique contemporaine voudraient nous faire rayer de notre vocabulaire,
ce sont la culture, la tradition, l’histoire, bref, tout ce qui constitue
l’identité d’un peuple.
On nous propose, pour les
remplacer, des mots qui font moderne, qu’on veut nous faire croire porteurs d’un
avenir qui, de toute façon, serait incontournable. Ces mots magiques, ce sont
la mondialisation, la globalisation, la compétitivité; bref, l’uniformisation
du monde, sa réduction à un vaste marché de consommateurs portant tous les
mêmes vêtements, écoutant la même musique, lisant les mêmes livres,
achetant les mêmes produits, et ultimement, parlant la même langue.
Ce discours, c’est celui que les
chefs d’état des Amériques, mandatés par les multinationales et présidés
par le premier ministre du Canada nous ont présenté à Québec en avril
dernier, sous la protection d’une clôture digne des pires dictatures de la
planète.
Pourtant, à Québec, comme à
Seattle, comme partout dans le monde, des milliers de personnes sont venues dire
qu’elles refusaient ce monde-là. Un monde fondé sur l’injustice,
l’inégalité, le matérialisme et l’uniformité; un monde qui ne serait plus
qu’un vaste camp de travail dirigé par un * big brother + armé jusqu’aux
dents.
Chaque jour, des langues
disparaissent, des cultures sont réduites à néant dans l’indifférence
générale, sous les applaudissements des P.D.G. grassement payés.
Messieurs les politiciens, le
nationalisme, la culture et l’histoire ne sont pas des mots démodés. Ce sont
au contraire, pour nous et pour tous les peuples qui refusent d’être écrasés
par le capitalisme sauvage, les principales armes pour lutter en faveur de la
liberté.
Chaque fois que vous parlez
français, que vous lisez un livre québécois, que vous écoutez de la musique
québécoise, que vous achetez un produit québécois, vous posez un geste en
faveur de la justice et de la liberté. L’anglais joue aujourd’hui le rôle du
latin dans l’antiquité : c’est la langue de l’oppression, de la violence et de
l’exploitation. Parler français et vivre en français, c’est faire oeuvre de
résistance à cette domination.
Alors, en ce 24 juin,
amusons-nous certes, mais que ce soit aussi l’occasion de prendre conscience de
notre identité, d’en être fiers et de prendre la résolution ferme de
l’affirmer et de la promouvoir dans notre vie de tous les jours et dans toutes
nos activités.
M. Roger Blanchette
Co-président ambassadeur
L’Outaouais en fête / La Fête nationale
du Québec
Impératif français
19, rue de Mingan
Gatineau (Québec)
J8R 2E3
Tél. dom. : 669-1953