Journée internationale des droits des femmes

L’influence de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 est admise de tous et nous est rappelé dans la revue Québécoise dans un article de l’auteur Yves Badiot paru 2 siècles plus tard, en 1989. Le chemin qui a conduit à l’élaboration d’une pensée féministe est long et souvent freiné par des mentalités peu préparées à accepter l’hypothèse d’une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Cette intuition fut pourtant rapidement portée par une femme, l’auteure Olympe de Gouges, dès 1791. Elle exhortait déjà la Femme à se réveiller, à dialoguer d’égal à égal avec l’Homme.

Son exemple fut suivi par bien des femmes, dans des contextes, des pays et des époques bien différents.

Je ne résiste pas ici, au plaisir de rendre hommage à cette diversité et à la lutte de trois femmes engagées dans la vie Québécoise, en vous retraçant leur parcours édifiant, dans des sphères bien différentes. Trois femmes qui ont œuvré indéfectiblement et avec passion, à la construction d’un Québec où la parole de la femme sait se faire entendre.

À travers leurs actions, nous traversons le 20ème siècle, avec Donalda Charron, Marcelle Barthe et plus récemment, Lyse Daniels.

 

Donalda Charron est une figure emblématique du début du 20ème siècle. Née en 1886 à Pointe Gatineau, elle grandit dans un milieu ouvrier et nous la retrouvons très jeune travaillant comme allumetière au sein de la compagnie E.B.Eddy. En 1918, un syndicat y est formé lors de la mise en place d’une section féminine de l’Association Ouvrière de Hull. En 1919, et à la suite du premier conflit de travail, les allumetières voient leur syndicat reconnu par la compagnie Eddy et obtiennent une augmentation significative de 50 % de leur rémunération. Trois ans après, Donalda Charron est élue Présidente de l’un des premiers syndicats au Québec. Elle s’impose comme « la gendarme du syndicat » et deviendra quelques mois plus tard, la seule femme à signer l’accord de fin de conflit. C’est ce même engagement qui lui vaudra son licenciement… pas vraiment une surprise dans un monde où la lutte féminine se heurte aux résistances de la Bourgeoisie et du Patronat.

Donalda Charron – Workers History Museum

Donalda Charron trouve toute sa place dans la mobilisation des femmes au cœur d’un mouvement féministe prolétaire déjà très actif à l’époque, sans doute dans le prolongement de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, en 1910, à l’initiative de la militante Allemande Clara Zetkin. L’action de Donalda Charron était portée par une véritable conscience de classe et un esprit syndicaliste dont l’héritage reste vivace.

 

 

 

 

Marcelle Barthe est originaire d’Ottawa où elle est née en 1904. Son parcours aussi riche qu’hétéroclite, mérite toute notre admiration. Nous la retrouvons Animatrice de radio, comédienne, écrivaine, médaillée de l’école de musique et en élocution ou encore membre fondatrice du Caveau, groupe d’artistes francophones à Ottawa-Hull.

Son style est celui de la conversation « intime » empreint d’une familiarité qui laisse toute sa place à la parole publique des femmes. Elle se plaît à interviewer des personnalités et ses émissions ont ceci de singulier, qu’elles débutent par la lecture de lettres de ses auditrices. En créant ce lien avec son public, elle touche au plus près la vie des femmes Québécoises, qu’elle commente volontiers, contribuant ainsi à un éclairage de l’actualité.

Marcelle Barthe (1904-1964) - Find a Grave Memorial

Marcelle Barthe ouvre son champ d’action à l’écriture et la réalisation de plusieurs émissions aux intentions clairement annoncées comme « Pour nous mesdames, Femina, Madame est servie, Carte Blanche, ou encore Lettre à une Canadienne »

Femme cultivée, Marcelle Barthe, s’illustre par la création d’une grande variété d’émissions. Dans les années 40 et 50, elle réalise des émissions dramatiques et musicales telles que « Il était une foisDîner 7 h 30 et Chant d’amour ». Elle se fait aussi l’interprète du courrier de Radio-Parents. Puis elle assure l’animation et la réalisation de l’émission La langue bien pendue, qui a trait à la linguistique.

Le portrait que nous dressons ici, affiche l’incroyable talent de cette femme qui occupa une place unique dans l’équipe de Radio Canada et dont le chroniqueur Henri Bergeron fera l’éloge lorsqu’elle disparut à l’âge de 59 ans.

« Cette voix chaude et amicale qui nous livrait quotidiennement un peu de ses pensées, de ses réflexions, de son savoir et de ses sentiments. Cette voix s’est tue. Mais nous pouvons encore si facilement l’entendre nous parler de tout ce qui constitue le quotidien de la femme depuis les préoccupations de la maman auprès de ses enfants jusqu’aux dernières nouveautés littéraires. »

 

Lyse Daniels

1975…année charnière dans la confrontation linguistique qui oppose Anglais et Français comme mode de communication prioritaire. Les enjeux dépassent bien entendu la simple affirmation de l’une ou l’autre langue. Face à la présence invasive de l’Anglais dans tous les secteurs clés de l’économie mais aussi sur le terrain politique, Lyse Daniels trouve l’énergie d’afficher son ras-le bol et revendique haut et fort l’importance crucial du maintien de la langue Française et de la Culture Francophone. Elle joint la parole aux actes en fondant « Impératif Français » pour bouger les lignes et redonner au Français la place qui lui revient.

Son action trouve un écho très favorable dans la région de l’Outaouais et « Impératif Français » devient un incontournable support pour un patrimoine culturel redynamisé dans tout le Québec.

Historique du mouvement | Impératif français

La volonté de cette femme, son regard sur l’histoire du Québec, va bien au-delà du simple fait de parler Français. Lyse Daniels positionne son action et celle d’Impératif Français dans une réflexion bien plus large, qui s’oppose à l’Anglicisation forcée du Québec. Lyse Daniels a ouvert la voie de la reconquête, certes difficile, car les données chiffrées montrent que 50 ans après la naissance d’Impératif Français, il est temps, plus que jamais, de suivre le sillon tracé.  Avec Lyse Daniels nous prenons acte, que seuls un engagement collectif, et une prise de conscience indispensable, pourront préserver le Québec dans son identité, sa culture, son histoire.

Tournons-nous avec cette femme remarquable, vers un avenir où tout reste possible.

 

 

 

Un article rédigé par José Cucarella

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