Demande d’intervention urgente à des parlementaires fédéraux, des ministres cantonaux et à des responsables de partis romands
Où trouver les adresses des parlementaires suisses : https://www.parlament.ch/centers/documents/de/Mitgliederverzeichnis%20per%2003.12.2024.pdf
Madame, Monsieur,
La situation gravissime dans laquelle se trouve la langue française à travers tout le spectre sociétal romand m’oblige à vous rappeler à vos obligations soit en tant que représentants du peuple romand à Berne, soit en tant que présidents de partis romands ou de ministres cantonaux francophones.
L’invisibilité croissante des enseignes en français sur le territoire romand nécessite de toute urgence votre lever de boucliers auprès de vos collègues parlementaires fédéraux ou de vos collègues cantonaux dans le sens d’une modification du Code des obligations suisse qui régit les Registres de commerce cantonaux assassins lesquels déversent jour après jour son lot d’enseignes de magasins, de raisons sociales de commerces et de sociétés uniquement en anglo-américain, sans parler du nom des manifestations en tout genre, des sites Internet, et j’en passe, qui, en une opération bien orchestrée, sacrifient le français sur l’autel du lucre, des plaisirs faciles et de la malhonnêteté intellectuelle la plus crasse.
Pour vous faire une simple idée du caractère proprement « surréaliste » d’une situation langagière où le français est chassée comme une pestiférée, je vous invite à venir déambuler dans le centre de Lausanne – le Flon, c’est Londres en miniature – où seuls les noms de rue résistent encore à une sauvage agression d’une langue prédatrice qui « invisibilise » notre idiome au point où il faut se pincer, incrédules, à la vue d’un peuple qui se « vautre » dans le déni, un peuple à genou linguistiquement pour avoir confondu ouverture à l’autre avec le plus odieux asservissement.
Mesdames, Messieurs les politiques, pouvons-nous décemment « rouler des mécaniques » en disant « qu’il n’y en a point comme nous » alors que la Romandie est vendue à la clique du « tout-anglais » de la pub et du fric (Michel Serre) ? Pouvons-nous honnêtement vanter haut et fort la soi-disant « paix des langues » dans une Helvétie devenue un Etat de non-droit linguistique, un pays où une langue hégémonique, étrangère de surcroît, est en passe de régner sans partage en menant une guerre sans merci aux langues nationales, les laissant toutes sur le bord de la route ?
Les dispositions linguistiques de la Constitution suisse ainsi que les nombreuses ordonnances successives pourtant censées garantir le respect et la protection de tous les groupes linguistiques sont bafouées, piétinées, occultées dans l’indifférence générale, à l’instar de la loi Toubon dans l’Hexagone.
Je mets en copie l’association DLF en pays de Savoie et Impératif français, au Québec, pour les mettre au parfum du « linguicide » qui se trame au pays de Rousseau, leur laissant la liberté d’intervenir pour appuyer une démarche noble et légitime qui concerne chacun d’entre nous. Libre aussi à ces deux organismes de relayer de loin en loin ce processus inique d’arrachage de langue que les médias romands passent sous silence alors que, sans leur langue maternelle, ils ne pourraient pas noircir le moindre début du petit bout de papier.
Par conséquent, nous vous demandons de réparer cette flagrante injustice en mettant enfin votre grain de sable dans les rouages de cette infernale machinerie de destruction massive, car il est de votre responsabilité et de votre devoir de protéger le parler qui forme le socle sur lequel s’est bâti la société romande, de tenter de sauver ce qui en reste d’une langue française qui, à longueur de siècles, a été amenée vers des hauteurs jamais égalées.
Avec mes salutations distinguées,
Philippe Carron Linguiste de formation ; ancien professeur de français et de langues… dont l’anglais
Collectif Langue française, Suisse romande
Membre du Haut Conseil international de la langue française et de la Francophonie (HCILFF)
Copie au Mouvement fédératif romand (MFR)
Copie à l’association DLF en pays de Savoie et Impératif français, au Québec
En PJ, deux de mes billets qui ne souffrent pas la moindre contestation et qui font appel à votre conscience professionnelle