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La langue française « crève »… et personne pour crier à la substitution linguistique

A l’attention de journalistes et de politiques français (et de la Francophonie)
« Le français est la langue que l’on cherche à abattre odieusement »

Note d’Impératif français :
Un exemple puissant : les cartes d’identité « officielle » confirment « officiellement » la défrancisation et l’anglicisation de la France.   

Mesdames, Messieurs,

Assurément, le français est la langue que l’on cherche à abattre odieusement sur tout le territoire de la République, bon nombre de hauts responsables politiques du pays, à l’instar de petits « collaborateurs » zélés, s’étant alliés au prédateur anglo-américain pour l’aider à mener à bien sa sale besogne d’éradication d’un parler pour lequel, hier encore, le monde entier avait les yeux de Chimène.

Il n’est qu’à voir avec quel acharnement une partie de la classe politique française méprise et piétine les dispositions constitutionnelles qui font du français la langue de la République, comment beaucoup en arrivent à cracher sur la langue de leur propre mère en prêtant bassement allégeance aux « baroudeurs » de l’Empire anglo-saxon dont les desseins d’hégémonie planétaire apparaissaient déjà nettement dans l’ignoble discours de Churchill, à Harvard, en 1943.

Il n’est qu’à déambuler à travers l’Hexagone – les lieux touristiques sont en plein délire bilingue français-anglais en dépit de la loi de 1994 –  pour recevoir en plein visage l’image d’une France à genoux linguistiquement, un pays dont la langue – sa chanson n’en parlons plus –  s’essouffle à devoir ingérer jusqu’à « crever » (pardon pour la crudité de l’expression) ces tonnes de « monstres lexicaux » qui lui arrachent de façon irréversible des pans entiers de son immense champ lexical et qui « pervertissent » à jamais son déroulé syntaxique, la langue française se prêtant pourtant à merveille pour satisfaire aux exigences des applications les plus pointues.

La France et la Francophonie toute entière –   la Suisse en tête d’un peloton pitoyable dans sa lâcheté et son inféodation – sont dupes en ce moment d’une gigantesque « escroquerie » langagière qui leur fait « éructer » à longueur de journées toute une litanie d’imbuvables dénominations aussi imprononçables et impropres au génie de l’articulation française  et qui fait sombrer la masse moutonnière de cet immense espace géopolitique dans l’abrutissement le plus sidérant…

et personne pour crier à la supercherie, personne !!!

La France aurait pu, rien qu’au tournant de ce siècle – et elle seule au monde– se dresser contre la barbarie de cet ultralibéralisme  « culturivore » rien qu’en disant NON, le même NON que Charles de Gaulle avait lancé à plusieurs reprises à ceux qui voulaient la peau de son pays, lui qui avait refusé de se mettre à plat ventre, de ramper et de vendre son âme au diable… et à des « vautours » qui salivaient déjà à l’idée de dépecer une langue, a fortiori une culture, qui devait assurément les empêcher « d’anglo-américaniser » à tout rompre.

Mesdames et Messieurs les politiques et journalistes, je vous demanderai  de tirer toutes les conséquences de votre assourdissante indifférence face au  « linguicide »  en cours et, si ce n’est pour vous, ayez au moins ce sursaut d’honneur et de dignité, cette grandeur d’âme pour les générations montantes qui seraient en droit, le moment venu, de venir vous réclamer des comptes.

Philippe Carron     Linguiste de formation ; ancien professeur de français et de langues… dont l’anglais (mais paysan dans le cœur comme dans son enfance et adolescence)

Lecture recommandée ! IL ÉTAIT UNE FOIS… LA LANGUE D’EMMA : 

Hommage à la langue de ma défunte mère, à la langue de cette race de paysans qui avaient toujours porté très haut ces belles valeurs morales balayées aujourd’hui par la vague d’un « numérique » dévastateur. Je revois encore les lettres qu’elle écrivait dans son jeune temps, dans un style d’une sobriété et d’une limpidité étonnantes, dans cette langue française désormais rejetée de partout comme une « lingua non grata » par l’anglomanie délirante de ses propres locuteurs … et qui est sur le point de la rejoindre six pieds sous terre.

La Langue d’Emma, c’est cette langue éblouissante à l’agencement unique dans le paysage linguistique mondial, cet idiome révolutionnaire qui, jadis, s’est complètement émancipée de la complexité et de la lourdeur latines, bousculant radicalement tous les codes de langue en vigueur à l’époque en s’appuyant sur une syntaxe à la fois simple, logique et directe ; c’est cette langue qu’étaient pourtant censées protéger  les dispositions de la loi no 94-665 du 4 août 1994, dite « loi Toubon », lesquelles ont été, depuis, subtilement bafouées, détournées et vidées de leur contenu.

La Langue d’Emma, c’est cette langue féconde qui a façonné et donné l’anglais tel que nous le connaissons, et que nos amis québécois mettent judicieusement au service des applications les plus pointues… c’est cette langue qui est cependant mise en charpie par les décideurs de la sphère économico-financière de l’Europe francophone, ce avec le précieux renfort de locuteurs à la fois complices et acteurs d’une effroyable pollution langagière et qui confondent ouverture à l’autre avec le plus lâche aplatissement et avilissement.

La Langue d’Emma, c’est ce vivier inépuisable dans lequel tant d’artistes ont puisé pour donner vie à un répertoire époustouflant de chansons qui ont enchanté les oreilles de plusieurs générations, florilège exceptionnel qui ne viendra plus égayer nos commerces et nos boutiques où défile à longueur de gondoles la tonitruante et déshumanisante variété anglo-saxonne qui fait marcher au pas toute une clientèle complètement apathique et pitoyable dans son inféodation…

La Langue d’Emma, c’est ce parler pétillant dont l’évolution a été stoppée net par l’intrusion des silures* anglo-saxons qui absorbent toutes les possibilités de son champ lexical ; c’est cette langue raffinée qui se contorsionne désormais de détresse d’un bout à l’autre de son déroulé syntaxique et sur laquelle se joue pourtant la plus surréaliste des farces dans les ministères et les tours d’ivoire d’une élite bien-pensante où l’on fait encore des tonnes de projets mirifiques pour un idiome qui n’est plus que l’ombre de lui-même.

La Langue d’Emma, c’est cette langue sémillante qui, dans les instances européennes, tenait naguère encore la dragée haute à l’anglo-américain que toute une arrière-garde occulte tentait déjà de mettre en place pour assouvir ses desseins de prédation à l’échelle planétaire ; c’est cet idiome qui, aujourd’hui, malgré le Brexit, fait bien pâle figure au sein d’organismes « anglomaniaques » où un président français en plein déni abandonne sa propre langue avec une désinvolture consommée pour en faire un patois de plus au sein de l’Union européenne.

La Langue d’Emma, c’est une des langues d’une Confédération helvétique où l’on vante de façon éhontée « cohésion sociale » et « paix des langues… dans un pays qui est pourtant

dévasté linguistiquement ; c’est ce parler harmonieux qu’un scandaleux sectarisme constitutionnel, une malhonnêteté intellectuelle et des garde-fous inexistants condamnent à l’exil…  et les citoyens à un  illettrisme ahurissant, la classe politique helvétique n’étant plus que de bien piètres marionnettes au garde-à-vous devant les zélateurs du « tout-au-globish  » de la finance et consorts lesquels tiennent le pays tout entier sous leur coupe.

La Langue d’Emma, c’est ce langage tout en délicatesse  qui ne séduira plus les visiteurs francophones de passage désormais accueillis comme des hôtes indésirables à Nice, Genève, Bruxelles, Paris ou Lausanne… et qui s’en retournent chez eux humiliés et choqués ; c’est elle dont les étudiants non-francophones, dépités, se détournent, les « natifs » eux-mêmes l’ayant rendue méconnaissable pour avoir simplement oublié leur appartenance à un ensemble géopolitique de plusieurs centaines de millions de francophones à travers le globe.

Le mot de la fin

La Langue d’Emma, c’est cette immense langue française refusée au locuteur lambda et qui s’effiloche au fil des jours, assassinée en pleine course à cause justement de sa grâce et de la pensée universelle qu’elle laissait apparaître en filigrane tout au long de son discours ; c’est cette langue qui savait prendre le contre-pied d’une idéologie anglo-saxonne dévoreuse d’humanité. Qu’en restera-t-il une fois que le credo du tout-à-l’anglais aura eu raison d’elle ?

Rien. Si ce n’est que ses locuteurs auront cessé d’exister dans ce qui faisait leur être original, leur vérité… avec au plus profond de leur âme, une plaie indiciblement béante, souvenir d’une perte irrémédiable, qui viendra les tourmenter pendant longtemps encore, comme ont été marqués au fer rouge d’autres peuples à d’autres époques.

Philippe Carron, Linguiste de formation, ancien professeur de français et de langues… dont l’anglais

*Silure : gros poisson carnassier, appelé aussi poisson-chat

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