L’Université de langue française du Nouveau-Brunswick et de l’Acadie refuse de changer son nom et renouvelle ainsi son hommage aux responsables du nettoyage ethnique, la déportation, ici Monckton !
Extrait de Wikipedia : « Moncton est nommée ainsi en l’honneur du lieutenant-colonel Robert Monckton (1726-1782), qui captura le fort Beauséjour et participa à la déportation des Acadiens5. Ce nom ne fait pas l’unanimité, surtout depuis la fondation de l’Université de Moncton, la principale université acadienne. » « La Déportation des Acadiens est l’expropriation massive et la déportation des Acadiens, peuple francophone d’Amérique du Nord, entre 1755 et 1763. Elle prend place à la veille de la prise de possession par les Britanniques de la Nouvelle-France, durant le Grand Dérangement, et est souvent considérée comme synonyme de celui-ci. Les Acadiens sont déportés par les Britanniques, leurs maisons et leurs fermes sont incendiées, leurs familles séparées (pertes de vues entre proches, amis, conjoints, enfants…). Cette déportation constitue une des premières opérations de nettoyage ethnique de grande envergure, les groupes déportés auparavant étant plus restreints1. »
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Une décision fermée, sans vision
(Moncton 10-12-2023) – Le Comité citoyen est très déçu et surpris de la décision du Conseil de l’Université de trancher la question du changement de nom sans offrir la possibilité à la communauté de participer à une réflexion citoyenne sur l’importante question du nom de son institution. Cela nous semble indigne d’une institution de haut-savoir, et va à l’encontre de son plan stratégique.
Le rapport de l’Université (Chouinard – Basque) mettait pourtant en évidence de nombreux exemples d’universités qui ont choisi un nouveau nom, pour des raisons beaucoup moins sérieuses que celles de l’Université de Moncton. La plupart, sinon toutes, ont mis en place un processus de consultation publique pour étudier la question.
Il mettait aussi en évidence plusieurs arguments favorables à un changement de nom. D’abord l’importance du nom, porteur d’identité. Mais aussi les messages rattachés à un nom : « sur la mission de l’institution, et d’autre part sur son histoire, sa réputation, sa philosophie, sa fonction sociale (Jia et Liu 2008, p. 3 dans le rapport) ». Le nom répond aux questions : Qui sommes-nous? Qui voulons-nous être?
Pourquoi le nom Moncton, pour une institution qui dessert l’ensemble de la population francophone de la province, est-il aussi important pour les autorités de l’Université et celles qui l’entourent? Quelle identité, quelle mission, quelle fonction sociale ce nom reflète-t-il? Finalement, comment ce nom répond-il aux questions : « qui sommes-nous et que voulons-nous être »? La « contextualisation du nom Moncton/Monckton » proposée comme solution dans la résolution du Conseil de l’Université frise le ridicule. Nous comprenons très bien le contexte linguistique de cette époque qui a mené au nom Moncton. Il eut été clairement trop risqué de choisir un nom qui reflète sa mission acadienne et francophone. Mais en 2023, cet argument n’est plus valable. Alors que le slogan du nouveau plan stratégique de l’Université est « Cap sur l’avenir », voilà qu’elle se tourne vers une approche franchement passéiste pour justifier le statu quo. Nous souscrivons à une approche tournée sur l’avenir et nous demandons à l’Université de mettre en pratique son slogan. De grâce, ne réécrivons pas l’histoire pour justifier les décisions actuelles.
De plus, l’Université néglige deux principes au cœur de son plan stratégique : elle aspire à « devenir … une université ouverte et engagée dans la transformation de la société ». Elle s’inscrit également en appui à la décolonisation, ciblant à juste titre les Premières Nations. Le changement du nom de l’Université s’inscrit également dans ces principes.
Le Comité citoyen est très préoccupé que l’Université refuse toute réflexion publique sur la question du nom. Toute institution universitaire valorise normalement l’ouverture et l’échange d’idées, les débats et la liberté de pensée et d’expression. Pourquoi l’Université de Moncton fait-elle exception à ces principes? C’est non au changement de nom et un refus de tout processus de réflexion impliquant les citoyennes et citoyens, les organismes, les municipalités, les Premières Nations et le milieu universitaire. Nous comprenons que le nom actuel est très difficile à défendre, mais ces valeurs et principes sont fondamentaux.
Des recherches préliminaires nous confirment que les coûts importants proposés par le rapport Chouinard – Basque sont largement surestimés. C’est un argument non fondé et très dangereux, qui reprend l’argument principal des militants anti-bilinguisme, les coûts, pour justifier des reculs.
Le Comité citoyen est par ailleurs préoccupé par les pratiques de gouvernance au sein du Conseil de l’Université. Des membres du Conseil ont reçu des consignes de ne pas parler aux membres du Comité. Si la confidentialité des discussions et de certaines informations internes doit être respectée, il n’est pas acceptable d’interdire aux membres du Conseil d’écouter la population. D’autre part, la haute administration de l’Université a refusé de partager quelqu’information provenant du Comité citoyen aux deux personnes mandatées pour l’état des lieux. Ce contrôle des communications et de l’information est clairement anti-démocratique et irrespectueux des membres du Conseil de l’Université.
La démarche initiée par le Comité citoyen a reçu un appui sans précédent par rapport à toutes les démarches antérieures à ce sujet. Nous voulons remercier les plus de 1400 signataires, les organismes, les municipalités, la communauté artistique, la nation Mi’kmaq, le sénateur et les députés qui ont appuyé le mouvement.
Le blocage puissant des autorités de l’Université et de son entourage à toute réflexion ouverte sur la question du nom de l’Université est irrecevable. L’Université doit refaire ses devoirs, par respect pour sa mission envers la communauté.
L’Université, institution phare de l’Acadie, demeure mal nommée. Il ne faut pas éteindre le phare.
– 30 –
Les membres du Comité citoyen
Ginette Duguay
Rino Morin-Rossignol
Jean-Marie Nadeau
Lise Ouellette
Mylène Ouellette-Leblanc
Bernard Richard
Jean-Bernard Robichaud
André-Carl Vachon
Pour information :
Jean-Marie Nadeau, co-porte-parole (506) 875-0738
Lise Ouellette, co-porte-parole (506) 736-8172