On commémore cette année le centième anniversaire de naissance de René Lévesque. Avec raison.
L’homme de New Carlisle est le grand homme de la Révolution tranquille, cette période exceptionnelle dans notre histoire où nous avons cherché, comme peuple, à devenir maîtres chez nous.
René Lévesque était porté par une idée simple, mais féconde : les Québécois sont parfaitement capables de se gouverner par eux-mêmes dans tous les domaines de l’existence. Il croyait en notre indépendance.
Nationalisme
Célébrer sa mémoire et son œuvre en passant à côté de cela relève de la fraude intellectuelle.
Et pourtant, on le fait de plus en plus.
Au fil des ans, une version contrefaite de René Lévesque s’est imposée dans la vie publique, étrangère à sa réalité historique.
On le présente comme un souverainiste mou, comme un précurseur du discours « inclusif », comme un quasi multiculturaliste avant l’heure.
On oublie que René Lévesque avait une vision très identitaire de la nation, indissociable, pour lui, de la majorité historique francophone, qu’il accusait Ottawa de vouloir nous noyer avec l’immigration.
René Lévesque parlait de la « maudite charte à Trudeau », en parlant de la Charte des droits du Canada, et faisait un usage décomplexé de la clause nonobstant, qui restaure le pouvoir des élus et du Parlement contre celui des juges.
Il a permis la place d’une loi 101 mille fois plus musclée que celle d’aujourd’hui.
Identité
Si je prends la peine de rappeler ça, c’est que bien des commentateurs prétendent que René Lévesque se retournerait dans sa tombe en voyant la place prise par la question identitaire dans le nationalisme québécois.
On veut nous faire croire que René Lévesque aurait honte des nationalistes québécois d’aujourd’hui. Peut-être. Mais pas parce qu’ils sont trop identitaires. Parce qu’ils sont trop peureux. Parce qu’ils n’osent plus dire maîtres chez nous et s’excusent même de dire que nous sommes chez nous.
Source: Le véritable héritage de René Lévesque | JDM (journaldemontreal.com)