Mesdames et Messieurs les Députés,
Ce message est envoyé en plusieurs parties à tous les députés de l’Assemblée nationale du Québec, quelques chroniqueurs, quelques personnes impliqués dans le dossier et la Fédération des cégeps, pour des raisons de limitation du nombre d’envois pour chaque courriel. Cependant, considérez que je m’adresse à chacun d’entre vous individuellement.
L’affirmation de certaines voix, dont celle de la Fédération des cégeps (à « Crise sociale en vue, selon la Fédération des cégeps »), qui affirme que plusieurs étudiants anglophones n’obtiendraient pas leur diplôme s’ils suivent 3 cours en français au cégep, est complètement erronée.
Voici pourquoi :
- Le vocabulaire technique est souvent similaire en français et en anglais : « probability and statistics » vs « probabilités et statistiques », « object oriented programming » vs « programmation orientée objet », etc. Il y a quelques exceptions comme « linear momentum » vs « quantité de mouvement », « angular momentum » vs « moment cinétique ».
- Le jargon technique par matière se limite à quelques dizaines de mots, quelques centaines tout au plus. Comme précisé en 1, les différences entre l’anglais et le français sont minimes. Ce n’est pas comme en allemand : « équation différentielle ordinaire » vs « ordinary differential equation » vs « gewöhnliche Differentialgleichung ». Est-ce que le mot anglais « electromagnetism » devient soudain incompréhensible lorsqu’on le remplace par « électromagnétisme » parce qu’on a ajouté deux accents et un « e » à la fin ?
- Nous sommes en 2022. En 2022, il y a Google, Google Traduction, YouTube et Amazon. N’importe qui suit une formation dans une langue étrangère peut trouver de la documentation et des vidéos dans sa langue maternelle lorsque c’est nécessaire. Lors de mes études de maîtrise en Allemagne, malheureusement, le cours de télécommunications se donnait en anglais. Vous pouvez voir sur la photo en pièce jointe qu’il était possible pour un germanophone d’obtenir la version allemande du livre de cours. Et même quand il n’y a pas de version dans la langue maternelle, les traducteurs automatiques en 2022 ne sont pas comme en 2004. Mais de toute façon, pour les anglophones du Québec, ce n’est pas les ouvrages dans leur langue qui manquent.
- Pendant mon bac, j’ai fait un échange au Mexique à la Universidad de las Américas – Puebla. Mes cours de télécommunication et d’informatique se donnaient en espagnol et la documentation était en espagnol. Or, je n’avais suivi que 2×45 heures d’espagnol au cégep et un cours de 3 crédits à Bishop’s, de niveau moindre. Mon relevé de notes en pièce jointe démontre que c’est très faisable mais si j’ai appris l’espagnol dans un milieu au départ très francophone.
Dès ma première année à l’université je savais que mon problème d’anglais allait me nuire. J’ai pris les moyens pour le régler : 6 semaines intensives d’anglais à McGill et 4 semaines intensives d’anglais à Bournemouth dans le sud de l’Angleterre.
Un ancien confrère de classe en génie électrique à Sherbrooke était arrivé directement de Belgrade 2 ou 3 ans auparavant et en 6 mois, il parlait assez français pour étudier en génie et en français.
Pendant que j’y pense …
https://www.mcgill.ca/undergraduate-admissions/fr/admission/competence-en-anglais
« Candidats non tenus de produire une preuve de compétence en anglais:
Si vous répondez « oui » à l’une des questions suivantes, vous n’êtes PAS tenu de produire une preuve de votre maîtrise de l’anglais.
…
Avez-vous obtenu votre diplôme de secondaire V et votre diplôme d’études collégiales dans un cégep francophone au Québec ? »
CONCLUSION
Bref, un jeune anglophone du Québec, qui normalement a évolué toute sa vie dans un milieu francophone à l’extérieur des murs de l’école, qui serait incapable de réussir trois cours de cégep enseignés en français ne devrait peut-être même pas être au départ autorisé à s’inscrire au cégep avant d’avoir acquis le niveau nécessaire en français.
La communication est la base de toute activité humaine et la toute première compétence à acquérir, avant toutes les autres.
Adresses utiles : judith.laurier@fedecegeps.qc.ca; dai@fedecegeps.qc.ca
Source :
Dominique Beaulieu, B. Ing., M. Sc.
Étudiant au doctorat en génie électrique