Rechercher
Close this search box.

Raôul Duguay dans sa plus grande splendeur

L’ASTRONOTE

Concerto pour harmonica, voix humaine et orchestre symphonique
de DANIEL LESSARD

Terre ! Ô Terre !
Petite poussière bleue
Virevoltant dans la vastitude des cieux

C’est moi l’astronaute
En fugue supersonique vers l’harmonie des sphères
Mon ascension vers le chant magnétique de la Voie lactée
Pourrait bientôt commencer

Me voici à la frontière du système solaire
Ou bien je fais demi-tour ou bien
Poussé par les vents stellaires
Je me laisse errer pour l’éternité
En quête d’un paradis où la vie
Sera plus belle que sur Terre

Moi qui ai tant rêvé d’ouvrir toutes grandes les ailes de ma liberté
Me voici dans le ventre de cristal de mon oiseau fulgurant
En osmose avec le cosmos
Je vole je vole je vole
Je m’en vais voler la lumière des premiers atomes de l’Univers

Dans chaque cellule de mon corps je vibre
Au plus profond de moi monte la joie suprême
De ne faire qu’un avec tout ce qui est

Mais à cet instant, dans chaque battement de mon cœur
Tout ce qui est, c’est toi, ô Terre !

Avant de vouloir m’envoler dans les bras des galaxies spirales
Ici-bas
Je rêvais de voir nations et générations
Dresser des ponts entre les rives de leurs différences
Et aller à la rencontre de leurs ressemblances
Pour combler le canyon qui sépare
Ceux qui ont trop de ceux qui ont trop peu.
Je rêvais d’une Terre où tous les bras seraient ouverts
Où personne ne boirait ses larmes
Où personne ne prendrait les armes

Terre! Matrice de ma chair et de mon esprit
Es- tu encore en guerre ?
La paix dans le cœur de ton humanité
N’est-elle pas le bien suprême?
Je te vois osciller entre ta joie de vivre et ta peine à survivre

À mon retour
Pour que les merveilles de ta faune et de ta flore aient un futur fertile
Auras-tu dépollué ta raison, ton sol, tes eaux, ton azur ?
Terre ! Mère chérie qui as inventé la vie
Tu me manques tu me manques tant !

Ici-haut
Dans l’inconnu de cette immobile immensité
Chacune de mes pensées est l’écho de mes amours perdues
Chacune de mes cellules asphyxie de solitude universelle

Plus de père.  Plus de mère. Plus de frères. Plus de sœurs.
Plus d’amis. Plus de fleurs. Plus de fruits. Plus d’oiseaux.
Plus d’amour. Plus rien. Plus personne.

Ici-haut
Branché sur la longueur d’onde de l’infini
J’écoute le silence symphonique de la nuit
Et pour faire danser les étoiles il ne me reste plus
Qu’un petit harmonica dont chaque astronote
Résonne jusqu’au bout de l’univers

J’appelle, j’appelle de si loin que seule ta troisième oreille
Celle de ton cœur
Peut encore entendre mon ultime message

Terre ! ô Terre-Mère !
Dois- je couper le cordon ombilical qui me relie à toi ?
Bientôt notre dialogue ne sera possible
Que par la pensée télépathique
Et peu pourront garder avec moi ce subtil contact

Ö Terre de mes amours
Plus je te fuis, plus je sens que mon rêve de liberté part à la dérive

Ici-haut
J’ai cherché en vain le son de la source vive
Et celui des marées d’oies blanches qui font valser le bleu du ciel
Ici-haut
Je ne retrouve plus la chaleur d’une main dans ma main
D’un baiser sur mes lèvres, d’un mot doux à mon oreille

Terre ! Ô Terre !
Sans toi je me sens si seul

Assoiffé de tendresse et de fraternité
Je fais volte-face et file vivement vers toi
Planète bleue aux vertes prairies
Où le vent invente des vertiges dans les gerbes de blé mûr

Avec un peu de vent solaire dans la voix
Je reviens
L’esprit constellé de la magnificence des cieux
Je reviens
Cueillir la lumière des étoiles dans les yeux des amoureux
Et toute la beauté du monde dans le sourire d’un enfant

Ô Terre ! Mère chérie !
En toi, l’amour de la vie est le plus beau des voyages
Mon seul véritable vaisseau spatial
C’est celui sur lequel je navigue avec tous les êtres vivants
Terre
Je reviens
Partager mon espérance d’une humanité plus humaine
Je reviens
T’asperger de la paix universelle des étoiles


Raôul Duguay
23 avril 2018

Raoûl DuguayL’Astronote, poème de Raôul Duguay, écrit à la demande du compositeur Daniel Lessard, est un concerto pour harmonica, voix humaine et orchestre symphonique.
Depuis sa création, l’auteur en a été le narrateur à tous les concerts sauf à celui donné par l’Orchestre Symphonique de Trois-Rivières où le poème a été interprété par le comédien Stéphane Demers.

Orchestre Métropolitain, émission Les Beaux Dimanches, réseau national de Radio-Canada, harmoniciste Claude Garden (1984).
Orchestre Métropolitain, Théâtre De Maisonneuve de la Place des Arts, harmoniciste Claude Garden (1987).
Orchestre Symphonique de Drummondville, harmoniciste Sylvain Rodrigue (2001).
Orchestre Symphonique de Sherbrooke, harmoniciste Pierre Parent (2004).
Orchestre Symphonique de Trois-Rivières, harmoniciste Pierre Parent (2018).

Traduction en anglais : Michel Saint-Germain.

Nous avons besoin de vous

Contribuez à Impératif français en faisant un don ou en devenant membre !