Les Québécois et Québécoises ayant à subir tous les jours de la discrimination concernant leurs valeurs, leur identité, leur culture et leur langue nationales appuient sûrement la Commission Viens lorsqu’elle en arrive « à la conclusion que les Autochtones du Québec subissent diverses formes de discrimination systémique, un constat qui mérite un changement de cap radical », sans pour autant appuyer toutes ses recommandations dont un bon nombre sur les langues communes de communication nécessaires au rapprochement entre nations et à la cohésion sociale.
Les statistiques suivantes exclues du Rapport de la Commission sont troublantes puisqu’elles confirment l’isolement et l’éloignement : « Selon les plus récentes données de Statistique Canada, 6,7 % des membres des Premières Nations et des Inuit résidant au Québec ne parlent ni l’anglais ni le français. Si on ajoute à cela le fait que 41,1 % de la population autochtone québécoise déclare l’anglais comme autre langue, il n’est pas étonnant que la langue ait été rapidement identifiée comme un vecteur de discrimination. » Ici, il faut plutôt lire le dernier segment de cette phrase comme suit : « …que (le français) ait été rapidement identifié comme un vecteur de discrimination. »
Des correctifs s’imposent. À cet égard, nous sommes d’avis que les communications de l’État québécois et de ses services publics avec les Premières Nations doivent se faire, sur demande, en français et en langues autochtones, mais pas en anglais comme le suggère la Commission. En plus, il est important et incontournable que les Premières Nations et le gouvernement du Québec en arrivent à une entente où l’apprentissage des langues autochtones et du français, comme langue seconde, fasse, par souci de rapprochement et de cohésion sociale, partie intégrante et obligatoire des programmes scolaires autochtones. Et les langues autochtones devraient faire partie du programme scolaire des écoles de langue française voisines des communautés autochtones.
Nous invitons donc l’État québécois à la prudence, car nous désapprouvons la vision d’anglicisation systémique de l’État et de ses services publics que recommande la Commission dans son Rapport sur les relations entre les Autochtones et certains services publics. N’en voici que quelques exemples extraits du Rapport synthèse :
- « Faire en sorte que toute correspondance gouvernementale avec les autorités autochtones soit accompagnée d’une version traduite en anglais ou en langue autochtone, au choix de la communauté ou de l’organisation visée. » NDLR – Pourquoi en anglais?
- « Injecter les sommes nécessaires pour que l’offre de formation régulière et continue de l’École nationale de police du Québec soit entièrement accessible en anglais et en français. » NDLR – Pourquoi pas en langues autochtones plutôt qu’en anglais?
- « La première difficulté mise en lumière par la Commission est le fait que, très souvent, il est impossible pour les membres des Premières Nations et les Inuit d’avoir accès à des services en langue autochtone ou encore en langue anglaise, lorsqu’il s’agit de leur langue d’usage ou de leur langue seconde. » NDLR – De là l’importance de l’apprentissage du français comme langue seconde.