« La France est devenue une sorte de République bananière, où la « Justice », elle-même, entrave et empêche l’application de la loi. »
Chose passée inaperçue, le tribunal de grande instance (TGI) de Metz a débouté en avril dernier l’Association Francophonie avenir (A.FR.AV.), qui avait intenté une action pénale contre l’aéroport international de Lorraine suite à la décision de ce dernier de se donner, en toute illégalité, la dénomination anglaise de « Lorraine Airport ».
En effet, et pour sa défense, la direction de l’aéroport estime que la langue anglaise est « plus adaptée au domaine aéronautique où l’anglais fait référence »… d’où une décision qui permettrait sans doute aux avions de ne pas se perdre dans le ciel, ni d’exploser en plein vol. Cette attitude n’est pas sans rappeler celle de la direction collaborationniste de la SNCF qui avait poussé le gouvernent de Vichy à aligner la France sur l’heure allemande, afin, selon elle, de faciliter la circulation des trains…
Pourtant, la décision de l’aéroport de Lorraine est en totale contradiction avec la loi Toubon de 1994, qui interdit aux personnes morales de droit public « l’emploi d’une marque de fabrique de commerce ou de service constituée d’une expression ou d’un terme étranger ». Ce qui n’a pas empêché le TGI de Metz de débouter l’association (au motif saugrenu que celle-ci « ne pouvait ester en justice »), tout comme l’avait fait avant lui le tribunal administratif de Nancy à la suite d’une première procédure intentée en 2015. Pire encore, le tribunal de Metz a même jugé nécessaire de condamner l’association à verser la somme de 1500 euros à l’aéroport, alors que le budget annuel de cette petite structure formée de bénévoles n’est que de 2000 euros.
L’A.FR.AV. compte toutefois faire appel. « Nous ne nous tairons pas et n’abandonnerons pas l’aéroport aux anglomanes », a déclaré M. Régis Ravat, président de l’association. Et d’ajouter : « Nous allons rassembler nos forces et nos sous pour revenir plus forts sur le terrain et continuer le combat (…). Plus que jamais la Résistance à la dictature au tout-anglais doit s’organiser, plus que jamais ceux qui contribuent à angliciser notre environnement linguistique doivent être dénoncés, attaqués et condamnés ».
L’association A.FR.AV., particulièrement active et qui s’est dotée d’un site internet régulièrement mis à jour, fait donc une nouvelle fois preuve d’un courage et d’une ténacité qui pourraient, et devraient, inspirer nombre de nos concitoyens.
D’ailleurs, qu’un aéroport international (ou une Grande école) se donne un nom en anglais est absolument inimaginable au Québec, ou encore en Afrique francophone, vaste comme 3,1 fois l’Union européenne. Qu’un tribunal refuse d’appliquer la loi est également impensable à Montréal (3e pôle mondial de l’aéronautique et de l’industrie du jeu vidéo) où la loi… est la loi !
Cette décision de justice prouve donc une fois de plus que la France est bien devenue une sorte de République bananière, où la « Justice », elle-même, entrave et empêche l’application de la loi.
Plus grave encore, et au mépris de ses propres intérêts économiques et géopolitiques, le message ainsi adressé par la France aux pays francophones, francophiles et au reste du monde est donc le suivant : cessez de parler ou d’apprendre le français, et mettez-vous au tout-anglais et aux valeurs qui s’y rattachent !
La France d’aujourd’hui est bel et bien la principale menace qui pèse sur la langue et la culture françaises dans le monde.
Ilyes Zouari, Spécialiste du Monde francophone, Conférencier, Auteur du « Petit dictionnaire du Monde francophone » (L’Harmattan, Avril 2015) et Ex-Administrateur de l’association Paris-Québec.
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