La nomination du nouveau commissaire est maintenant officielle. Réflexion sur le rôle ambiguë de ce commissaire quel qu’il soit dans les plans fédéraux.
Nomination du Commissaire aux langues officielles.
Le Commissaire Raymond Théberge refera bientôt le constat annuel sur l’état lamentable du bilinguisme dans les institutions fédérales. Résultat prévisible : vague de commentaires sur l’absence de volonté politique, sur le service exécrable, voire le mépris de la langue française dans les institutions ciblées et surtout sur la nécessité pour les francophones de réclamer les services dans leur langue. Une semaine plus tard on passera à autre chose. Et personne ne remettra en question les fondements mêmes de cette politique linguistique héritée de Trudeau qui, il faudra bien le constater un jour, repose sur le fait que les concessions au bilinguisme et aux francophones sont nécessaires mais ne doivent pas compromettre la domination de la langue anglaise au Canada.
Le premier principe réducteur de l’approche fédérale est celui qui veut qu’aucun fonctionnaire anglophone ne soit pénalisé dans sa carrière du fait de son incapacité à s’exprimer en français. La cour suprême, vous connaissez? Ce principe énoncé en 1966 sous Pearson est toujours en vigueur et aurait même émigré à la Ville d’Ottawa. En vertu de cette politique, les unilingues anglophones peuvent soumettre leur candidature pour la vaste majorité des postes bilingues en échange de la promesse de suivre des cours (aux frais de l’État). On se permettra à l’occasion de réduire les exigences linguistiques des postes pour qu’ils correspondent au profil d’un candidat anglophone. Sur la foi d’un résultat de test peu exigeant on accordera la prime de bilinguisme à des employés tout à fait incapables de parler français. Rien de dramatique. Sauf si vous tenez à exercer votre droit de travailler en français et que l’une de ces personnes devient un partenaire de travail incontournable ou pire, votre patron. Alors vous avez de bonnes chances de devenir conseiller linguistique, professeur, ou le traducteur de service en complément de votre tâche régulière. Consolez-vous, votre anglais s’améliore.
Le deuxième principe est à l’effet que la situation de la langue française hors-Québec et celle de la langue anglaise au Québec sont identiques. Ce qui fait des anglo-québécois des minoritaires en danger de disparition en Amérique au même titre que certaines communautés francophones hors-Québec. En somme, chez le commissaire on doit faire abstraction du fait que les anglophones du Québec profitent de l’attitude intransigeante de patrons anglophiles, du dynamisme international de la langue anglaise et de la domination américaine dans l’industrie culturelle et des communications. Les études poussées du professeur Castonguay ont d’ailleurs démontré que ce groupe arrive à compenser un taux de natalité très bas grâce à la force d’attraction de la langue anglaise qui leur permet d’assimiler une bonne partie des allophones et quelques francophones à Montréal. Et ce malgré les dispositions de la Charte de la langue française que les gouvernements libéraux successifs s’acharnent à ne pas appliquer. Cette fausse prémisse explique la promotion et l’appui qu’apporte Patrimoine Canada aux communautés anglo-québécoises comme si elles étaient en danger de disparition à Montréal, dans l’Estrie ou dans le Pontiac, alors que l’approche logique serait de tout simplement respecter la Charte de la langue française au Québec. En Outaouais au contraire où le bilinguisme est devenu religion au rythme du Press 9, ce principe du parallélisme a justifié un investissement fédéral de quelque 10 millions de dollars pour l’expansion du CEGEP anglophone Heritage College et l’imposition de quelques programmes en anglais à l’UQO pour alimenter le marché du travail d’Ottawa. Le même principe a voulu que le gouvernement fédéral investisse quatre fois plus dans la Cité Collégiale de Vanier et contribue à déplacer des milliers d’étudiants québécois vers l’Ontario. Toujours rien de dramatique, au contraire. Sauf si l’on y voit l’expression d’une volonté d’éviter que la majorité francophone de l’Outaouais ne devienne trop homogène.
En somme on n’a retenu du rapport Laurendeau-Dunton que les seuls éléments neutres en terme de changement. Ceux qui s’étonnent du peu de résultats n’ont pas compris que l’opération bilinguisme n’avait d’autre but que de faciliter l’entrée des francophones dans la fonction publique sans compromettre la langue commune des canadiens. L’efficacité vue de cet angle est de 100% et M. Théberge devrait avoir le courage de le reconnaître plutôt que de reprendre la litanie annuelle. Pour savoir pourquoi les choses ne changeront pas, visitez http://pm.gc.ca/fra/cabinet.asp et demandez-vous lequel de ces ministres pourrait être intéressé à investir dans la promotion de la langue française.
Gérard Laurin, Gatineau