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POÈMES DES LAURÉATS ET LAURÉATES 2013

Le cycle de l’imaginaire par Myriam Favre

Écrire,
Écrire des mots,
Formés de lettres,
Qui forment une phrase
Qui se dit
Qui se lit
Qui se chante
Une phrase à laquelle on pense
Une douce parole
Une citation légère
Toutes ces phrases deviendront alors un texte
Qui formera l’histoire
L’histoire que l’on raconte aux enfants
Qui apprendront à leur tour des mots
Qui deviendront phrases
Qu’ils conjugueront avec leur cœur pour former poésie
Avec le français,
Conjuguons notre Futur au Plus-que-parfait
Pour former ainsi
Le cycle de l’imaginaire
Myriam Favre
Bourse Société d’histoire de l’Outaouais

(COUP)LE par Natasha Grimard

COUP DE FOUDRE
Coup de foudre à l’aube d’un jeudi
Soleil levant sur espoirs sans souci
COUP DE CŒUR
Coup de cœur qui, porté de joie, battra
Sans s’essouffler pour quelques mois
COUP DE GUEULE
Coup de gueule d’un lundi matin
Mène un couple à la croisée des chemins
COUP DE POING
Coup de poing à un équilibre fragile
Douleur et fuite; mots d’excuse effacés, malhabiles
COUP D’HORLOGE
Coup d’horloge qui marque du passé une distance
Boire pour tenter de calmer sa conscience
COUP DE PLUME
Coup de plume hésitant, incertain
Qui raye d’un trait cette histoire sans lendemain
Auteure amoureuse à jamais du français
Finit par à-coups cet essai
Natasha Grimard
Bourse À l’échelle du Monde

(Sans titre) par Emmanuelle Vigneux-Foley

J’ouvre le dictionnaire,
Aboutis sur fonctionnaire,
Peux toujours pas penser,
À aucune superbe idée.
Je pousse un coup de gueule,
Pas besoin d’écrire une thèse!
Plus qu’à devenir ivre,
À coups de langue française,
La tête enfouie dans mon livre,
Ma bouée, mon sauveteur,
Mon unique coup de cœur,
La langue mon seul adversaire.
Une bonne idée enfin?
Toujours rien,
Rien à faire.
Emmanuelle Vigneux-Foley
Bourse Sol Épicerie Santé

L’enfer des amours par William Youkna

Deux roses placées sur mon chemin;
Deux perles rares inaccessibles;
L’une beauté inimaginable, forteresse insaisissable;
L’autre bonheur incarné, rose couverte d’épine;
Marie et Cassandre, elles sont pour moi;
Et pour délivrance, je n’ai seule que l’écriture,
Et coup de plume et de langue française;
Par des mots bien léchés, je me console;
Encore pris de chagrin et de peine amoureuse;
Mon cœur brisé par mes coups de cœur;
J’entre dans cette période des amours;
Où, une fois de plus la déception m’attendra;
Où, un coup de gueule il y aura, entre mes sentiments et ma raison;
Et une fois de plus, je ne me contenterai que d’illusions.
William Youkna
Bourse ASULF

Mon Fier Français par Sophie Gosselin

Cette langue fière progressant sur fond bleu et fleurs de lys
Ou sur fond tricolore content de l’avoir créée
Imposée en poussant des coups de gueule agressifs
Aux peuples autochtones aux langues éteintes et brisées
Cette langue rouge des guerres menées en son nom
Souillée de malheur et pourtant pure de ses mots
Elle s’est battue fièrement au son des canons
Elle a composé les plus beaux textes, remplissant les yeux d’eau
Cette langue de bien des écrivains le coup de cœur
Privilégiée des diplomates et des nobles de la cour
Rabaissant les autres, les condamnant aux basses-cours
Une langue vive pour laquelle battent bien des cœurs
Les navigateurs, voile tendue et nez au vent
Garnissaient leurs journaux de mots français
À coups de langue française voguaient vers d’autres continents
Et quand ils la criaient dans la tempête, les vagues s’y brisaient
À coups de langue française, c’est un éloge que je t’écris
À toi, le coup de cœur que je chéris
Celui qu’à coups de gueule je crie
À coups de langue française, toi mon fier Français je te vis
Sophie Gosselin
Bourse Carrefour jeunesse emploi de l’Outaouais

Les temps qui passent… par Juliane Leduc

Toi ma belle, mon coup de cœur
Au passé, au présent, à l’imparfait
Les mots me manquent souvent tu sais,
Pour t’exprimer tout mon bonheur.
Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai
Pour toujours, jusqu’à l’infini…tif
Sans condition…nel, sans impératif
Hier, aujourd’hui et pour l’éternité.
De mots à mots, de bouches à oreilles
Au singulier comme au pluriel
Tu vis, tu survis à tous les temps.
Tu es culture, histoire et fierté
De mon identité, le prêt-à-porter
Tu es mon coup de cœur, mon coup de gueule, à coups de langue française!
Juliane Leduc
Bourse Carrefour jeunesse emploi de l’Outaouais

Coup de cœur, coup de gueule, à coups de langue française par Léanne Baillargeon

Coup de cœur, le cœur bouillant qui bat dans nos corps, dans nos têtes et dans notre sang.
Comme celui qui guide nos coups de tête et nos pas irréfléchis qui nous entrainent tout droit vers une douce folie. Lorsque mon cœur cherche la lune où s’évader pour mieux continuer de rêver, plus près de ma bonne étoile. Lorsque je marche pour fuir le temps et les tourments, pour mieux m’effacer dans la brume.
Lorsque les jours s’effilochent à coups de gueule de bois dans la petite maison de ma voisine, sa vision brouillée par le voile d’alcool qui dans devant ses yeux. Celle dont les ailes ont été brulées il y a longtemps et qui se déplument le soir lorsqu’elle arpente de sa silhouette brune, plus discrète que le silence, les rues éclairées par les larmes de lumière des étoiles qui l’escortent. Elle qui aimerait tant retrouver ses ailes, pour pouvoir fuir ce monde trop noir en sachant que son départ arrêtera ses larmes.
À coups de langue française, d’expressions inutilisables dans la vie de tous les jours, de mots inventés par mon père et de slogans de publicité pour la nourriture pour chats, c’est comme ça que j’ai été élevée. Dans ma langue, si riche en beauté et en subtilités, mais si difficile à manier, si impossible à dompter, qui tel un animal sauvage rugit au visage de ceux qui osent la malmener. Ma langue que j’assaisonne à coups d’onomatopées, d’expressions québécoises, telles « Attache ta tuque avec d’la broche! » et de références à des livres oubliés sur les étagères des bibliothèques. Cette manière unique dont je parle cette langue et me donne presque l’impression qu’elle m’appartient un peu.
Léanne Baillargeon
Bourse Laiterie de l’Outaouais

Livre malgré lui par Scott MacCordick

C’est un livre qui, malgré lui,
Est écrit pour être ami avec celui qui le lit.
Ce même livre, qui est un coup de cœur,
Nous fait passer à travers des heures.
Il met en scène, un coup de gueule,
Dans lequel, au début, une fille est toute seule
Il est né il n’y a pas si longtemps
À coups de langue française.
Et c’est ce qui nous met à l’aise.
Ce livre ne veut pas grand-chose; il veut être notre ami,
Qu’on lui dise merci, qu’on se soucie de lui.
Car on aura appris de lui que, dans la vie,
Il y a toujours de bons récits comme celui-ci.
Scott MacCordick
Bourse Laiterie de l’Outaouais

(Sans titre) par Francis Roy

Coup de cœur, coup de gueule,
À coups de langue française…
Mais quelle est donc cette nouvelle supercherie?
Un autre exercice pour nous faire développer l’autonomie?
Je crois plutôt en un travail vivant échec sur le bulletin,
Mais que dis-je, ce n’est sûrement qu’un petit poème anodin.
Que vois-je? Poème de deux à vingt vers?
Si ce n’était de ma plume qui écrit à l’envers,
Et de mon incontestable inspiration qui est absente,
Je pourrais en écrire jusqu’à soixante!
Peut-être même devenir aussi célèbre que Ronsard,
Suivre un pas pour se retrouver sur les mêmes remparts,
Écrire des centaines de poèmes pour mes dames à la chandelle le soir.
Ça y est, je suis fait, fabuler m’a pris
Après tout, je ne suis qu’un étudiant tentant d’empocher
Un petit cent dollars.
Francis Roy
Bourse Michabou

Le français, un véritable joyau par Jad Hajj

Tel un soldat qui, parmi des milliers de gens,
Se meurt dans un coin, se vidant de sons sang,
Le français se détériore au fil du temps.
Coup de cœur, le cœur gros,
La langue française, sans un mot,
Se laisse frapper à coups de faux.
Ensevelie par des anglicismes de toutes sortes,
Mais à qui cela importe?
Eh bien, à moi, quand je parlerai une langue morte.
Que cela ne vous déplaise,
Il nous faut rallumer les braises,
À coups de langue française.
Jad Hajj
Bourse Michabou

Combat pour la langue française au Québec par Dominique Lebel

Au milieu des galaxies anglophones
Se retrouve une petite étoile francophone
Qui brille par sa riche culture
Et sa superbe littérature.
Nous nous battons pour la garder allumée
À coup de gueule avec nos alliés
Pour qu’en tant que Québécois
Nous gardions notre langue d’autrefois.
Et ma fleur de lys, ne meurt pas
Tu es mon coup de cœur québécois
Et si tu nous apportes la joie,
Quand tu devras être protégée, nous serons là.
Puisque le français nous unit tous
Et qu’il n’est pas à prendre à la légère
Nous lui donnerons un coup de pouce
Et aux langues étrangères,
Nous donnerons des coups de langue française.
Dominique Lebel
Bourse Sol Épicerie Santé

« Coup de cœur, coup de gueule, à coups de langue française! » par Asma Saad

Voici donc une banque de mots variés,
Embellis, enrichis, valorisés,
Forgés dans une langue de paix et de liberté,
Des expressions, un vocabulaire, une culture raffinée.
Cependant que certains se battent,
Se blessent, se dépriment, se débattent,
Sciemment afin d’inculquer à leurs esprits blessés,
Ces mots, ces expressions, ce vocabulaire, cette langue de paix…
Je parle de ceux qui ont quitté leur pays d’origine,
Tentant de repartir à zéro sans oublier leurs racines,
Apprentis et non-initiés aux règles complexent de la grammaire,
Maniant sans cesse le dictionnaire devant les obstacles incessants,
sans se laisser aller à l’échec pour autant.
Cultures mélangées, entrecroisées, contraires,
Toutes réunies dans un langage similaire,
Partagé à travers un pays ou une province entière.
C’est pour elle que les gens luttent,
Et leur volonté, ténacité, persévérance,
L’emporte sur leur colère, leur déprime, leur souffrance,
Pour cette langue, symbole d’indépendance.
Asma Saad
Bourse Sol Épicerie Santé

La promenade par Krystel Lefebvre

Quand, par une nuit profonde, vous,
Simples gens, simples gamins, simples humains,
Rêver de partir, partir au loin, rejoindre les nuages,
Dans cette promenade, vous qui courez,
Passez à côté de l’amour, du bonheur,
Ralentissez, je vous en prie!
Vous faites fuir le temps,
Puis le soleil, puis la lune, puis cette vie,
Qui trop vite est passée dans cette promenade de mensonges.
Ce n’était que le temps d’une marche, d’espoirs anéantis.
La vérité, braves gens, c’est que vous avez oublié de vivre.
Krystel Lefebvre
Bourse Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais

Notre langue est une grand-mère féroce par Djamila Saad

Attention, attention!
Le combat va commencer, entre la dame vieille comme les mots
Et le temps.
Bang! Elle commence par lui heurter le Molière.
Sa jambe s’en remet à peine; il se tient debout chancelant.
Puis des Piaf sur la gueule, oui je vous dis; les poings Voltaire
Du haut des airs jusqu’aux Racine des dents.
Et abraCabrel, la vieille s’affaire,
Comme un cheval de Troyes, à Mallarmé le temps.
Le temps veut crier, mais il perd Lavoisier, et sa condition Ampère.
Comme un château Descartes, il s’effondre en tremblant.
Oh comme le temps a Malraux; il a Maalouf; il a Malherbe.
Il a Beauvoir et résister; mais il n’a pas le temps.
Quelle Sade, cette vieille licorne, avec sa Corneille sur la tête.
Il Montesquieu; enfin il essaie, mais elle le retient par terre.
L’arbitre compte 3, 2, 1, et elle crie Victor!
N’est-il pas Locass que cette vieille dont les rides
Profondes comme des Fontaine où s’abreuvent les grands noms
A su échapper aux griffes du temps? Peut-être alors que
notre langue est jeune; elle renaît chaque fois sous la plume d’un nouveau sage.
Djamila Saad
Bourse Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais

Coup de langue par Jici Lord Gauthier

Je plongeai un subtil, mais véhément poing en son diaphragme,
Ouvrant ainsi, d’un coup, d’un seul, sa poitrine chancelante
De vengeance rougeâtre, qualifieront les lyriques,
Ou de rude métaphysique, dont s’épanouiront les existentialistes.
Ô toi qui flanches et dont les gênantes meurtrissures gagnent le visage
Et dont la gueule ricane de lourds sanglots drôlement désespérés,
N’oublieras-tu plus jamais l’origine de mon organe phonatoire,
Et regretteras-tu l’ostentation de ta langue païenne?
Tes lèvres ont longuement humecté les miennes,
Douces et juteuses, mais désormais acérées et ensanglantées,
Pour mieux y insérer ta langue et y lacer un nœud complexe impossible à défaire
Et dans l’ultime dessein de sucer et d’avaler ma salive.
Dessein que tous, nous nous rappellerons
Jici Lord Gauthier
Bourse Cégep de l’Outaouais

À grands coups de liberté par Josué Jude Carrier

Francophones du monde entier relayez-vous sur les barricades faites de maux
Debout, les corps comme des apostrophes dans le paysage
Les mains qui se tendent, poings qui crèvent le temps
Les bouches qui mordent dans le silence et laissent en guise de boucles d’oreilles
Des mots ronds aux tentacules de musique, des sons français
Qui font sceaux sur la mémoire des siècles, qu’importe notre âge
Ou la provenance de notre décor, corps-continents qui parlent fleur de lys
Épousailles avec le Boréal, fierté d’être les porteurs d’une langue bavarde
Aux différents accents de couleurs, l’âme vitrail, la beauté de vos verbes au printemps
Soyez témoins, soyez étendards, uniques et pourtant des millions
Tant qu’à être debout, dansez et chantez à tue-tête la puissance du mot libéré.
Josué Jude Carrier
Bourse Cégep de l’Outaouais

Une autre tache par Guillaume Demers

Ce n’est encore qu’une tache d’encre qui orne ces feuilles…
Ce n’est encore qu’une tache, bien que petite,
Bien que seule et frêle qui habille ce poème d’un manteau
Malgré les peintures et le pastel… le fusain et le plomb…
Ce sera l’encre qui lui donnera une somptuosité débordante
Une touche très personnelle en fait d’elle une femme gracieuse
Qui, agile et délicieuse, fait fondre les cœurs
En ne leur offrant aucune satisfaction que celle d’admirer…
Celle d’admirer sans ce l’approprier…
Celle de mourir de désir pour la fin de ses jours sans contentement exquis.
Et moi j’admire ces cœurs et cette femme
De loin, je n’ose à peine croiser son regard de peur de tomber moi aussi…
Oh oui… elle a des charmes que nul homme ne saurait résister…
Et c’est pourquoi… elle se retrouve là étendue sur un lit de papier…
Corps dénudé et prête pour les actes les plus délectables
Que l’homme se permet de goûter en parcourant les pages de leur amour
En parcourant les pages de leur vie.
Guillaume Demers
Bourse Cégep de l’Outaouais

(Sans titre) par Antoine Côté-Legault

En gueulant : Je me souviens!
je te grimace ma langue
je te décoiffe et ne te lave pas
je t’élève en ne te laissant pas parfaitement propre
en ne te laissant pas tourner en rond sept fois avant de parler
j’aimerais me mirer
me marrer dans tes mots
qu’un gros raz-de-marée d’émotions
se mette à me monter au dedans de l’estomac
quand tu te mets à iodler
me permettez-vous de vous maquiller un peu les mots
si je vous promets de ne pas vous bourrer de Botox?
puis-je vous teindre les cheveux bleu métallique
et les mêler à une demi-bouteille de gel?
puis-je un peu vous mot-croiser génétiquement?
juste un peu vous organisme-génétiquement-modifier?
acceptez-vous de prendre pour épouse la poésie les mots?
serais-je ingrat de vous y mariage-forcer?
Antoine Côté-Legault
Bourse Bistro L’Autre Œil

L’homme debout qui observait le ciel par Antoni Gilbert

Debout, un homme observe le ciel matinal.
Il a cet air serein qu’ont les statues ancestrales.
Tout est calme. Une brise berce les feuillées
Où les nymphes des bois reposeraient, ensoleillées.
Il est là depuis l’aube au moins. Non loin dans un pré,
Je l’épie. Debout sur le terrain empourpré,
La tête au ciel… de ces nuages, mais que pense-t-il?
Sur ses joues fatiguées, le soleil plombe et rutile.
Puis l’homme courbe la tête, l’effort semble énorme.
Il fixe nerveusement son vieil uniforme,
– Soldat, caporal, peut-être même colonel,
– Et laisse tomber l’arme en un geste solennel.
Quand soudain, ainsi que le plus tranchant des glaives,
Il arrache au silence un cri sourd et soulève
Son pied d’une mine antipersonnel,
L’homme debout qui observait le ciel.
Antoni Gilbert
Bourse Bistro L’Autre Oeil

Pour marquer le coup par Mohamed Khabatou

J’aimerais faire beau coup de main, beau coup d’éclat,
J’aimerais que mon coup d’essai soit coup de maître.
En frappant un grand coup dans la langue de Vaugelas,
Mais ce coup de tonnerre, puis-je me le permettre?
Non! Que non! Je n’ai vécu qu’à petits coups de peu!
Après les trois coups annonçant ma naissance,
Vinrent tout à coup les coups de fusil, les coups de feu,
Chassant du coup les coups de jeune de mon enfance.
Marie, ce fut un coup de cœur, le coup de foudre, je l’jure.
Mais un beau jour, coup de théâtre, elle est partie,
En coup de vent, sur un coup de tête, un vrai coup dur!
J’en ai pris un coup, mais j’ai tenu le coup, pardi!
Des coups de Trafalgar et des coups de tabac,
Des grands coups de barre et des coups d’effroi,
Des coups fourrés, des coups montés et des coups bas,
J’en ai vu, mais ne m’ont jamais donné un coup de froid.
J’ai donné des coups de pied et des coups de poing,
J’ai donné des mauvais coups sans jamais percer de cuirasse,
J’ai donné des coups de langue sans jamais aller bien loin,
Et à ce poème, ici je donne le coup de grâce.
Mohamed Khabatou
Bourse Les Brasseurs du Temps

FRANCHIE par Sarah Bernier

tous les matins
l’évadée revêt son costume
de prisonnier
elle chante et bat pour elle-même
sous le charroi des têtes
le semis sec
son courage
mais
quand les chiens montent la rage
de leur haleine la cernent
qu’elle paie son passage
elle défait ses vêtements
elle tend des mains noires
embrasant dans sa langue
le cœur femme des colères
leur donne voix
Sarah Bernier
Bourse Les Brasseurs du Temps

Ma langue par Michel Dion

Frappé de mots depuis des rondes,
Mon oreille gît ventre plat;
Gueule engourdie par ceux qui pondent,
Mon vocable vole en éclats.
Ma langue semble égarer sa sonde,
Se mourant sur le matelas;
Coups durs donnés à la seconde,
Peur me prend de tous ces flaflas.
Coups traîtres coups bas, mon cœur gronde;
Derrière, le temps des oblats!
Puis-je siroter une blonde?
Remettre à leurs bancs ces prélats.
Étouffée, visée par ces frondes,
Ho ma langue! mort tu frôlas;
Euréka et ma gueule abonde!
Non tu n’iras dans l’au-delà.
Mon cœur meurtri sera immonde,
Mais ma langue sonne le glas;
Ha mon Québec, rejoint le monde!
Vite, sors du Canada, là!
Michel Dion
Bourse Les Brasseurs du Temps

Coup de cœur, coup de gueule, à coups de langue française! par Janie Renée Myner

Elle a gardé des Aquitaines
La langue et ses reflets d’hier
Elle a fleuri en souveraine
Depuis les canons d’Angleterre
Son histoire qui dort à peine
Sous les transits et les métros
Promène encore dans ses gènes
Ses heures de gloire et ses héros
Combien de plumes et de fontaines
Auront coulé de sa mémoire
Des nuits blanches du jazz en haleine
Jusqu’aux enchères des trottoirs
À coup de rues ou de bréviaires
À défier l’audace et la grammaire
Il faut toujours qu’on la réclame
L’impératif- du coq à l’âme
Pourtant le cœur de mon alambic
Berce la langue la plus romantique
Celle qui relève l’échine
Devant les poings de sa voisine
Elle ose s’enraciner d’espoir
Dans le giron de milliers de gens
Ceux qui l’ont pour terroir
Et l’audace de la semer à tout vent!
Janie Renée Myner
Bourse Michel Prévost

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