Enseignement de l’anglais intensif au primaire
La FSE (CSQ) demande un frein immédiat au développement
de tout nouveau projet
Québec, le 1er mars 2013. – Forte de l’appui unanime des syndicats qu’elle représente, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) demande à la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Mme Marie Malavoy, de freiner immédiatement l’implantation de l’anglais intensif en 6e année ainsi que tout projet de développement en anglais, tant et aussi longtemps que son Ministère n’aura pas procédé à une analyse rigoureuse de l’ensemble de la question de l’enseignement de l’anglais dans les écoles. Une fois cette analyse effectuée, les décisions responsables pour la réussite des élèves pourront être prises, dans le respect des diverses réalités des milieux.
Pour Manon Bernard, présidente de la FSE, « l’absence d’orientations claires à ce sujet depuis le changement de gouvernement a créé d’importants conflits dans certaines écoles et contribué à un climat malsain d’incertitude dans plusieurs milieux ». Le frein que la FSE attendait, parce que promis durant la campagne électorale et réitéré par la ministre en tout début de mandat, ne s’est pas concrétisé, malgré des demandes répétées depuis l’automne. Ainsi, en l’absence de toutes nouvelles consignes formelles, le projet d’implantation de l’anglais intensif mis de l’avant par le gouvernement libéral s’est tout simplement poursuivi comme prévu pour 2013-2014 dans plusieurs régions, et plus particulièrement dans la grande région de Québec, suivant la volonté ferme et affichée de commissions scolaires, de directions d’établissement ou de conseils d’établissement.
Un nouvel objectif ambitieux
Malgré le fait que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) s’apprêterait à laisser s’implanter librement les projets d’anglais intensif au primaire comme au secondaire, il prévoirait également introduire un objectif national encore plus ambitieux visant que les élèves puissent s’exprimer en anglais avec aisance et spontanéité au sortir de la 5e secondaire, nécessitant dans les faits l’ajout d’heures d’enseignement de l’anglais et créant une nouvelle obligation de résultat pour chacune des écoles, sans que l’on ait procédé aux analyses requises.
La FSE dénonce ces nouvelles cibles nationale et locales qui auront un impact sur le curriculum et rajouteront une pression indue sur le personnel enseignant et sur l’organisation scolaire.
Une pression inacceptable sur les enseignantes et enseignants
La Loi sur l’instruction publique (LIP) prévoit que, dans le cadre de la mise en place de projets particuliers comme ceux de l’enseignement de l’anglais intensif, la proposition approuvée par le conseil d’établissement doit être élaborée avec la participation de l’équipe des enseignantes et enseignants. Le conseil d’établissement ne peut proposer lui-même un projet.
Il appert que cette exigence légale ne correspond pas à ce qui se passe dans certains milieux où les conseils d’établissement, les directions d’établissement et même certaines commissions scolaires élaborent ouvertement des projets et exercent une pression indue sur les enseignantes et enseignants qui siègent au conseil d’établissement, faisant parfois carrément fi de leur opinion ou de celle de leurs collègues, et causant des déchirements qui pourraient perdurer.
« La FSE dénonce cette pression inacceptable et demande au MELS de faire respecter les paramètres de la LIP de sorte que, à tous les paliers prévus, la voix des enseignantes et enseignants soit entendue et prise en compte », a ajouté Mme Bernard.
Un plaidoyer pour les matières de base et pour les élèves en difficulté
Il va de soi que la priorisation des projets d’enseignement de l’anglais, qu’il soit intensif ou enrichi, se fait en retranchant des heures d’enseignement dans les autres matières, c’est-à-dire le français, les mathématiques, les sciences et technologies, l’univers social ou les arts.
« Si nous souscrivons à l’idée d’améliorer l’enseignement de l’anglais, langue seconde à l’école, nous sommes en profond désaccord avec l’idée de fragiliser davantage, chez plusieurs élèves, l’apprentissage de l’ensemble des matières prévues au curriculum dans une perspective de développement global. Quand une école va de l’avant avec un projet d’anglais intensif et qu’elle coupe 369 heures d’enseignement dans les autres matières au cours d’une année, sans réduire officiellement les exigences du programme, qui favorise-t-on vraiment ? Quel message envoie-t-on ? Pourquoi avoir un programme national si personne n’est tenu de le respecter ? », s’est questionnée Mme Josée Scalabrini, 1re vice‑présidente de la FSE.
Un changement de cap nécessaire
Pour la FSE, la ministre Malavoy doit changer de cap, respecter les engagements de son parti et mettre un véritable frein au développement des projets d’enseignement de l’anglais intensif. « En février 2012, parce que nous n’avions aucune réponse du MELS à toutes les questions que nous posions, nous nous sommes retirés du Comité de suivi sur l’anglais intensif. À ce jour, nous n’avons toujours aucune réponse à ces problématiques. La FSE réclame donc l’arrêt du développement de tout nouveau projet d’enseignement de l’anglais tant et aussi longtemps que l’évaluation de l’ensemble de la situation ne sera pas faite. Nous devons procéder par étape, en toute logique, en prenant le temps de faire les choses correctement », a conclu Mme Bernard.
Les questions soulevées par la FSE concernent notamment la pénurie du personnel enseignant d’anglais, langue seconde, l’impact sur les titulaires de 6e année, les conséquences sur les élèves en difficulté, l’impact des projets d’anglais sur le régime pédagogique pour l’enseignement des autres matières, l’analyse des différents modèles d’enseignement de l’anglais intensif ou enrichi et le bilan de l’enseignement de l’anglais en 1re et 2e années du primaire.
La FSE se montre pleinement disposée à collaborer avec le MELS pour la suite des travaux liés à l’enseignement de l’anglais, comme elle le fait pour l’ensemble des dossiers qui concernent le personnel enseignant.
Profil
La FSE représente plus de 60 000 enseignantes et enseignants à tous les secteurs d’enseignement, tant au préscolaire, au primaire et au secondaire qu’à la formation professionnelle et à l’éducation des adultes.
Source
Sylvie Lemieux, attachée de presse FSE