Extrait de : http://www.sudouest.fr/2013/12/14/-1259177-4583.php#xtor=EPR-260
Bordeaux : l’anglomanie galopante des noms de magasins
De nombreuses enseignes ont choisi un nom anglais pour tenter de séduire les consommateurs. À moins qu’il ne s’agisse d’un effet de mode qui commence à sentir le réchauffé.
Ce n’est certes pas une exclusivité bordelaise. Le même phénomène se rencontre dans la plupart des villes. N’empêche qu’en déambulant rue Sainte-Catherine, rue Porte-Dijeaux, rue des Trois-Conils et autres grandes artères commerçantes, on se demande si on est bien dans une ville française.
Les images ci-contre en font foi : l’anglomanie fait rage dans nos enseignes. Une anglomanie parfois codée, qui fait appel à de vraies connaissances linguistiques pour en apprécier le sel, mais surtout un sabir qui n’a d’anglais que l’apparence. Attention : on ne parle pas ici des marques anglo-saxonnes, mais bien des enseignes avec un nom choisi.
S’agit-il d’une démarche commerciale pour faire moderne et séduire le chaland ? Dans l’esprit de ses promoteurs, sans doute. Mais ce n’est pas d’aujourd’hui que la consonance anglo-américaine a la cote.
Les années 1950 en étaient déjà farcies, le rock and roll et le yé-yé ont poursuivi la tendance et un humoriste des sixties (pardon, des années 60) comme Pierre Daninos ou un linguiste comme Etiemble ont fait leur miel du ridicule de notre snobisme.
Une façon de séduire la clientèle étrangère de plus en plus nombreuse à Bordeaux ? Ce serait bien mal connaître la psychologie du touriste, qui cherche au contraire la couleur locale. Un hommage rendu aux lointains ancêtres britanniques, de l’époque d’Aliénor d’Aquitaine ? Mieux vaut en rire.
En vérité, on a plutôt affaire à une forme de conformisme, une facilité de langage mais aussi un certain mépris du français, comme s’il fallait se détacher de notre culture pour être crédible. Un peu gênant pour notre Normalien de maire. Mais battons aussi notre coulpe, nous la presse, qui cédons trop volontiers à l’américanisation de la société dans nos titres et nos textes.
Ce travers est fortement souligné par le philosophe Michel Serres, pourtant peu suspect d’anglophobie ou d’américanophobie puisqu’il enseigne aux États-Unis depuis plusieurs années. Le seul argument valable à opposer est la caractéristique de la langue anglaise, compacte et synthétique, qui permet des raccourcis commerciaux parfois pratiques.
Mais ne noircissons pas trop le tableau. La rue bordelaise est pleine d’enseignes aux noms français parfois poétiques, parfois astucieux et elles restent davantage dans nos mémoires que le volapük commercial en vogue dans la restauration rapide ou le prêt-à-porter.
Sans aller fouiller dans les chiffres, il est même fort possible que ces commerces francophiles soient en meilleure santé parce qu’ils dénotent un effort de créativité qui doit se retrouver dans la marchandise. Au fait, est-ce qu’on parle anglais dans les boutiques où l’on affiche fièrement des noms d’outre-Manche ?
Les images ci-contre en font foi : l’anglomanie fait rage dans nos enseignes. Une anglomanie parfois codée, qui fait appel à de vraies connaissances linguistiques pour en apprécier le sel, mais surtout un sabir qui n’a d’anglais que l’apparence. Attention : on ne parle pas ici des marques anglo-saxonnes, mais bien des enseignes avec un nom choisi.
S’agit-il d’une démarche commerciale pour faire moderne et séduire le chaland ? Dans l’esprit de ses promoteurs, sans doute. Mais ce n’est pas d’aujourd’hui que la consonance anglo-américaine a la cote.
Les années 1950 en étaient déjà farcies, le rock and roll et le yé-yé ont poursuivi la tendance et un humoriste des sixties (pardon, des années 60) comme Pierre Daninos ou un linguiste comme Etiemble ont fait leur miel du ridicule de notre snobisme.
Une façon de séduire la clientèle étrangère de plus en plus nombreuse à Bordeaux ? Ce serait bien mal connaître la psychologie du touriste, qui cherche au contraire la couleur locale. Un hommage rendu aux lointains ancêtres britanniques, de l’époque d’Aliénor d’Aquitaine ? Mieux vaut en rire.
En vérité, on a plutôt affaire à une forme de conformisme, une facilité de langage mais aussi un certain mépris du français, comme s’il fallait se détacher de notre culture pour être crédible. Un peu gênant pour notre Normalien de maire. Mais battons aussi notre coulpe, nous la presse, qui cédons trop volontiers à l’américanisation de la société dans nos titres et nos textes.
Ce travers est fortement souligné par le philosophe Michel Serres, pourtant peu suspect d’anglophobie ou d’américanophobie puisqu’il enseigne aux États-Unis depuis plusieurs années. Le seul argument valable à opposer est la caractéristique de la langue anglaise, compacte et synthétique, qui permet des raccourcis commerciaux parfois pratiques.
Mais ne noircissons pas trop le tableau. La rue bordelaise est pleine d’enseignes aux noms français parfois poétiques, parfois astucieux et elles restent davantage dans nos mémoires que le volapük commercial en vogue dans la restauration rapide ou le prêt-à-porter.
Sans aller fouiller dans les chiffres, il est même fort possible que ces commerces francophiles soient en meilleure santé parce qu’ils dénotent un effort de créativité qui doit se retrouver dans la marchandise. Au fait, est-ce qu’on parle anglais dans les boutiques où l’on affiche fièrement des noms d’outre-Manche ?