Dans cette « bataille historique » que mènent présentement les étudiantes, étudiants et élèves du Québec pour faire reconnaître l’éducation comme un droit fondamental pour toutes les personnes vivant sur le territoire québécois, abstraction faite de leurs origines, de leur milieu familial, socioculturel et socioéconomique, quelle tristesse que de lire des discours d’universitaires, tributaires des retombées de la Révolution tranquille, centrés sur l’individualisme, alors que l’époque dont nous sommes issus, j’en suis, nous a formés à l’ouverture aux autres, au dialogue, au partage, à la recherche d’une société plus humaine, plus égalitaire où l’éducation se devait d’être un droit. L’histoire des personnes de notre époque (les 60 ans et plus) qui ont pu poursuivre des études universitaires est unique et chacune et chacun d’entre nous peut raconter mille et un souvenirs, tous plus touchants les uns que les autres, pour illustrer le chemin parcouru par les femmes et les hommes de tous les villages du Québec pour se rendre à l’université, alors que, dans certaines familles, ce mot était absent du vocabulaire quotidien et que l’heure était encore à la survie tout court. Heureusement, nous n’en sommes plus là, et il ne faut surtout pas revenir en arrière, au moment même, où certaines familles en arrachent toujours pour soutenir leurs enfants aux études et que de jeunes parents s’investissent corps et âme pour terminer des études tout en voyant au bien-être de leurs jeunes enfants. Nos enfants et petits-enfants méritent d’évoluer dans une société où les valeurs encadrant l’éducation ne prennent pas leurs assises dans des stratégies strictement comptables, au contraire, car si la société avait raisonné de la sorte « dans notre temps », les avancées que le Québec connaît sur les plans intellectuel, économique et culturel n’auraient jamais eu lieu.
Aux jeunes de partout au Québec (j’ai une pensée, toute spéciale, pour les jeunes des régions dites périphériques, qui doivent quitter famille et amis pour poursuivre des études supérieures), je dis tenez bon, nous vous appuierons le mieux possible dans toutes vos démarches pour revendiquer ce droit à l’éducation, à nul autre pareil, pour l’avenir d’un peuple. À toutes les Martine, à tous les Léo et Gabriel des mouvements étudiants, je lève mon chapeau et vous souhaite de rencontrer des interlocutrices et interlocuteurs disposés à vous entendre, car « il faudrait peut-être vous écouter », non, il faut vous écouter!
Monique Bisson
Gatineau