Veut-on ébranler un leader politique? Il suffit de laisser entendre qu’il ne parle pas assez bien l’anglais. On a vu la manœuvre jouer contre Mme Marois. Au tour maintenant de M. Legault! Rien d’étonnant à ce que ce bruit émane du parti libéral. Ne trouve-t-il pas des échos dans tous les milieux? L’obsession de savoir l’anglais, tout comme le fédéralisme « identitaire », sont pourtant des marques certaines, vérifiables, de la vieille mentalité coloniale. Les Québécois ne savent plus exactement qui ils sont, suspendus entre deux identités, et subissant l’aimantation grandissante de l’anglais.
La petite histoire nous montre cette idée fixe dans le Québec d’autrefois; les médias nous fournissent d’innombrables exemples de l’actualité de ce culte. Un homme intelligent, instruit et capable, c’est quelqu’un qui sait parler anglais! La mondialisation vient fournir des munitions à ce vieux complexe et même l’exacerber au-delà de toute limite. Oui, l’anglais supplantera toutes les langues du monde, et cette langue, parlée « d’un océan à l’autre », sera bientôt la seule d’une extrémité de la terre à l’autre!
Un premier ministre québécois ne devrait pas seulement être un administrateur, mais aussi un pédagogue pour les Québécois. Le lendemain de son élection, une merveilleuse amnésie devrait le rendre sourd à l’anglais et incapable de le parler dans la sphère publique. L’anglais dicté par la Constitution et la Cour suprême relève d’un résidu colonial et il faudrait s’en tenir à cette obligation en la restreignant le plus possible. Toutes les fois que le premier ministre parle et agit au nom du Québec, à commencer par les conférences « fédérales-provinciales », il devrait, comme celui de Russie ou de Chine dans leurs langues, prendre les écouteurs et ne parler que le français. Voilà ce que sont la liberté et l’affirmation nationale!
Hubert Larocque, Gatineau.