Madame Christine St-Pierre
Ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine
Ministre responsable de la Charte de la langue française
ministre@mcccf.gouv.qc.ca
Madame Line Beauchamp
Ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport
line.beauchamp@mels.gouv.qc.ca
Mesdames,
Les deux paragraphes qui suivent proviennent d’Impératif français et expriment avec justesse ma pensée :
« Après l’enseignement de l’anglais à partir de la première année du primaire et le retour en force des écoles passerelles, c’est maintenant la défrancisation de 50 % du régime pédagogique de 6e année ! Jusqu’où nous conduira le délire anglomane du gouvernement du Québec ? »
« Alors qu’au Canada anglais le français recule et que l’enseignement du français y est réduit à une peau de chagrin, au Québec notre gouvernement s’écrase et met la table non pas pour stopper les forces d’anglicisation, mais au contraire pour les multiplier ! »
Suivent des extraits de l’article que je vous transmets ci-dessous, dû à l’initiative de Viviane Dubé et à la collaboration d’Hélène Trudeau, source du présent courriel. Le passage qui vous concerne est en caractères gras :
« En bons successeurs de ceux qui ont voulu « noyer notre nation récalcitrante » dans des masses d’immigrants, les sbires du gouvernement fédéral s’emploient à détruire la loi 101, qui transgresse tellement les projets de Durham. Passe encore quand ils sont des anglos déguisés en francophones comme John James Charest, c’est leur langue maternelle qu’ils défendent en mettant en échec la loi 101.
« Par contre, comment expliquer que des ministres de culture française comme Line Beauchamp et Christine St-Pierre, ancienne et actuelle ministres de la Culture et des Communications du Québec, n’aient pas protégé avec plus de vigilance la situation du français ? Sans doute venues en politique avec les meilleures intentions, ces membres du cabinet québécois sont forcées de suivre la ligne du parti dirigé par John James. Même situation pour madame Boucher, jusqu’à récemment directrice de l’Office québécois de la langue française, l’OQLF qui, sous sa gouverne, s’est révélé inapte à exercer correctement les compétences linguistiques du Québec. Et qu’est venu faire dans les mêmes plates-bandes ce Maxime Bernier qui a eu la «bravoure» d’aller se réfugier dans les Maritimes pour affirmer avec le culot des inconscients que le Québec n’avait plus besoin de la loi 101. […]
« En bon acolyte du gouvernement fédéral centralisateur comme l’a voulu Sir John A. Macdonald, le PLQ accueille de plus en plus d’immigrants depuis 2003 ; il en a reçu au bas mot 54 000 en 2010, dont 86,1 % furent admis dans la seule ville de Montréal. John James Charest ne se vantera sûrement pas d’avoir supprimé 30 classes de francisation d’immigrants en avril 2010 afin d’économiser 5 M$ annuellement, pas plus qu’Emploi Québec ne se vantera d’avoir aboli 35 de ces classes pour épargner 600 000 $ par année (Le Devoir, 15 février 2011). Cherchez la contradiction. Entre ces abolitions et l’immigration accrue…»
Il est à espérer, Mesdames, qu’au lieu de donner dans la basse politique manœuvrière, vous saurez vous comporter en authentique femme d’État en prenant intelligemment la défense du français, dont vous connaissez la fragilité au Québec, au Canada et en Amérique du Nord.
Hélène Trudeau
Candiac, QC
DE LA DÉPORTATION SILENCIEUSE À L’ASSIMILATION AGRESSIVE
Lorsqu’elle fut cédée à l’Angleterre en 1763, la Nouvelle-France s’étendait de l’Atlantique aux Grands Lacs inclusivement et comptait 65 000 habitants. Impossible, donc, de la vider de ses habitants français comme les Anglais étaient en train de le faire au même moment en déportant les Acadiens. Après les rébellions de 1837-1838, Durham décréta, en se basant sur les dires de ses compatriotes britanniques, que les Canadiens d’origine française n’avaient aucune valeur et qu’ils devaient être assimilés.
Les Canadiens-français continuèrent néanmoins à se multiplier et à se répandre vers l’Ouest. À tel point que l’un des Pères de la Confédération, qui fut le premier à être nommé Premier ministre du Canada en 1867, Sir John A. Macdonald, craignit que sa province d’adoption, l’Ontario, ne soit prise entre deux provinces majoritairement françaises, le Québec et le Manitoba, catholiques de surcroît. Il prescrira une politique d’immigration rigoureuse, soutenu en cela par la majorité des députés québécois, puisqu’il fallait peupler l’ouest et que les familles nombreuses de descendants français étaient à l’étroit sur les bords du Saint-Laurent.
La politique d’immigration s’accompagnait cependant de «nuances» à l’égard des Canadiens-français. Par exemple, lorsqu’un Anglais quittait l’Europe pour s’établir au Manitoba, il ne lui en coûtait que 22 $ pour son voyage Londres-Winnipeg, tandis que ses enfants âgés de 17 ans et moins ne payaient pas un sou, les différences de coûts étant assumées par le gouvernement. Par contre, le Canadien-français qui partait de Montréal pour cette même ville de Winnipeg, devait voyager en 2e classe – comme s’il avait le scorbut ou je ne sais quel mal repoussant — et il lui en coûtait la jolie somme de 43,45 $, soit pratiquement le double du prix de la traversée de l’Atlantique payé par l’autre. Il devait en plus défrayer le passage de tous ses enfants, même ceux de moins de 17 ans (Rosaire Morin, L’Action nationale, déc. 1994, p. 306 et suivantes).
Rappelons qu’un tel racisme outrageant sera de nouveau pratiqué à notre endroit à propos des écoles de l’Ouest. Dans chaque province, les Canadiens-français durent lutter pour faire invalider des lois qui imposaient l’unilinguisme anglais et pour obtenir que leurs enfants fréquentent des classes où l’enseignement se ferait en français.
Imprévoyance d’un gouvernement anglo-saxon ou machination odieuse pour se dégager d’un peuple inassimilable, d’où vient cette immigration sélective ? Que faire pour intégrer ce peuple à tout prix ? Réponse : il faut noyer cette race récalcitrante par la venue de masses d’immigrants. C’est ainsi qu’au 19e siècle et au début du 20e siècle, le Canada courtise à grands frais des immigrants de toutes origines, Irlandais, Allemands, Écossais, Polonais, Britanniques et Ukrainiens (au nombre de 10 millions de 1867 à 1938). En même temps, il interdit aux surpopulations francophones du Québec de s’établir dans les cantons de l’est. Puisqu’ils ne sont pas bienvenus dans l’ouest du Canada non plus, c’est plus près que les fils et les filles du Québec iront chercher l’espoir, mais de l’autre côté de la frontière. Plus de 500 000 francophones du Québec se sont exilés aux États-Unis.
Selon les calculs des démographes, le Québec compterait à l’heure actuelle plus de 10 millions de francophones descendants des premiers Français sans ces départs massifs à la fin du 19e siècle. En plus, sur les 10 millions d’Européens autres que français qui ont répondu à l’invitation du Canada aux frais des contribuables (74 millions$, largement plus d’un milliard en dollars actuels), 4 millions lui ont tourné le dos et sont également allés chercher fortune aux États-Unis.
Mais nous sommes toujours là, Québécois descendants des Canadiens-français restés enracinés au sol du Québec avec nos frères et sœurs venus partager notre terre et notre vie. En bons successeurs de ceux qui ont voulu «noyer notre nation récalcitrante» dans des masses d’immigrants, les sbires du gouvernement fédéral s’emploient à détruire la loi 101, qui transgresse tellement les projets de Durham. Passe encore quand ils sont des anglos déguisés en francophones comme John James Charest, c’est leur langue maternelle qu’ils défendent en mettant en échec la loi 101.
Par contre, comment expliquer que des ministres de culture française comme Line Beauchamp et Christine St-Pierre, ancienne et actuelle ministres de la Culture et des Communications du Québec, n’aient pas protégé avec plus de vigilance la situation du français ? Sans doute venues en politique avec les meilleures intentions, ces membres du cabinet québécois sont forcées de suivre la ligne du parti dirigé par John James. Même situation pour madame Boucher, jusqu’à récemment directrice de l’Office québécois de la langue française, l’OQLF qui, sous sa gouverne, s’est révélé inapte à exercer correctement les compétences linguistiques du Québec. Et qu’est venu faire dans les mêmes plates-bandes ce Maxime Bernier qui a eu la «bravoure» d’aller se réfugier dans les Maritimes pour affirmer avec le culot des inconscients que le Québec n’avait plus besoin de la loi 101 ? Il a sûrement outrepassé ses attributions mais Bernier n’a pas réussi à nous berner. Son jeu est clair. Il s’emploie à liquider son propre peuple uniquement pour rentrer dans les bonnes grâces de son chef Stephen Harper et pour récupérer le ministère perdu.
En bon acolyte du gouvernement fédéral centralisateur comme l’a voulu Sir John A. Macdonald, le PLQ accueille de plus en plus d’immigrants depuis 2003 ; il en a reçu au bas mot 54 000 en 2010, dont 86,1 % furent admis dans la seule ville de Montréal. John James Charest ne se vantera sûrement pas d’avoir supprimé 30 classes de francisation d’immigrants en avril 2010 afin d’économiser 5 M$ annuellement, pas plus qu’Emploi Québec ne se vantera d’avoir aboli 35 de ces classes pour épargner 600 000 $ par année (Le Devoir, 15 février 2011). Cherchez la contradiction. Entre ces abolitions et l’immigration accrue…
Ces vertueuses épargnes visent-elles à défrayer l’onéreuse et inutile commission Bastarache ou à réunir les 200 M$ nécessaires pour ériger bientôt un colisée à Québec ? Jusqu’où les suppressions de classes de francisation des immigrants iront-elles ? Pendant que Montréal s’anglicise démesurément, il est clair que notre premier ministre coupe là où il ne devrait surtout pas et se permet de jouer les fortunés donateurs.
Camille Laurin affirmait à propos de la loi 101 dont il a été le Père : «Si on déclare inconstitutionnel ce qui est normal, c’est la constitution qui ne l’est plus.» Quoi de plus normal pour nous francophones que de défendre notre langue ! Quoi de plus inconstitutionnel qu’un tribunal qui contribue à la détruire, comme s’y emploie la Cour suprême du Canada ! Il est urgent que nous reprenions possession de tous nos droits. Refusons l’assimilation.
Viviane Dubé, Mont-Joli, et Hélène Trudeau, Candiac, 2011 02 26