Bilinguisme à l’église Saint-Germain-des-Prés de Paris
Cette photo a été prise à l’entrée de l’église (à l’intérieur de nombreux messages destinés aux visiteurs sont également bilingues français-anglais, comme si on se trouvait dans un banal site touristique). Pourtant, on ne voit vraiment pas la nécessité de traduire en anglais « Merci pour vos dons », sinon, là encore, une sorte d’irrationnel parti-pris anglomaniaque. Il n’y a, en effet, probablement pas un anglophone sur cent, voyageant en France ou, a fortiori y séjournant, qui soit incapable de comprendre ce que cela veut dire.
Et pourquoi une traduction en anglais et non pas en espagnol ? L’Eglise catholique ne compte-t-elle pas infiniment plus de fidèles hispanisants qu’anglophones ? On ne parlera évidemment pas ici d’un usage du latin (langue de l’Eglise catholique romaine), disqualifié depuis longtemps (rappelons aussi que le français est la langue diplomatique du Vatican) …
Le clergé concerné ne fait, en somme, que suivre la mode imposée par les milieux d’affaires. On lui a tellement reproché de n’être pas « moderne » ! A ce propos, on se souviendra de la campagne des évêques de France d’il y a quelques mois pour essayer de promouvoir les vocations. Pour l’un des thèmes choisis, l’agence de publicité retenue n’avait rien trouvé de mieux que « Jesus is my boss » (Jesus est mon patron). Il s’agissait, bien entendu, de plaire aux jeunes gens, de se mettre à leur portée, de leur montrer que l’on est proche d’eux en employant un langage qui leur est plus moins familier. Apparemment soumise elle aussi aux diktats des publicitaires, comme si elle voyait en eux le seul moyen de se faire entendre désormais, l’Eglise avait laissé faire. Pour autant, l’expression n’en était pas moins parfaitement saugrenue et passablement ridicule.
Jean-Pierre Busnel