Lettre ouverte extraite du journal Le Monde du jeudi 25 août 2011
Bourrage de crâne
Je dois parler anglais, tu dois parler anglais, dès la maternelle, en primaire, puis en secondaire, encore plus à l’université et, enfin, but final au travail. C’est moderne, c’est utile, en un mot indispensable! Ces injonctions, nous les entendons partout.
On veut nous faire croire que l’anglais est devenu le sésame de tout progrès. Comme l’euro devait nous apporter la prospérité à nos vieux pays vermoulus, l’« anglo » nous apportera la prospérité et l’ouverture sur le monde merveilleux de la mondialisation financière. Il y a de quoi s’inquiéter.
Ce diktat de parler une autre langue concerne tout le monde sauf les Anglo-Saxons, évidemment puisque aujourd’hui parler une langue étrangère signifie parler l’anglais. Et pour les Anglo-Saxons, élémentaire mon cher Watson! C’est le gros lot : pas d’effort pour apprendre une langue, scruter les autres se débattre avec l’anglais et ensuite empocher la mise des formations linguistiques tout en profitant de leur avantage de native english dans les négociations internationales.
C’est l’ouverture au monde à sens unique, un billet en aller simple vers la déculturation.
Marc Favre d’Echallens