Pour que l’Outaouais rattrape son retard :
un « plan de réparation historique »
Cinquante années se sont écoulées depuis le début de la Révolution tranquille et l’Outaouais se situe toujours en situation de sous-développement par rapport au reste du Québec et à la région d’Ottawa en matière de formation postsecondaire et en soins de la santé.
Les gouvernements provinciaux successifs ont en effet très peu fait pour assurer un développement équitable pour Gatineau et sa région limitrophe. Les dépenses en soins de la santé par habitant (2387 $ par habitant en 2007-2008) en Outaouais ne correspondent qu’aux deux tiers environ de celles réalisées dans le reste du Québec (3588 $ par habitant en 2007-2008). De plus, face aux manques criants de soins de santé dans la région outaouaise, la plupart des gouvernements québécois ont préféré recourir à la sous-traitance en Ontario pour près de 80 millions de dollars annuellement! Évidemment, ce choix d’envoyer les citoyens se faire soigner souvent en anglais dans la province voisine a fini par générer, à la fin, des coûts supérieurs pour les contribuables québécois en plus de laisser dans les limbes le secteur de la santé en Outaouais.
Cet aveuglement des politiques publiques a donc favorisé le développement à même nos propres ressources régionales et celles de l’ensemble du Québec d’une expertise en santé dans la région d’Ottawa plutôt qu’au Québec.
Il est connu depuis longtemps que les dépenses en éducation postsecondaire sont bien inférieures en Outaouais par rapport à ce qu’elles sont au Québec et dans la région d’Ottawa. L’Outaouais est placé en situation de concurrence avec ces deux réalités et il arrive fréquemment dans de nombreux dossiers que les gouvernements québécois préfèrent se décharger de leurs responsabilités en laissant l’Outaouais entre les mains de la région d’Ottawa. Ainsi en est-il des programmes de formation postsecondaire, alors que les universités d’Ottawa offrent une centaine de programmes de plus que leur pendant de l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Sur ce plan, l’UQO fait nettement figure d’université négligée, cela par notre propre gouvernement.
Cela est particulièrement exact dans le cas des formations du domaine de la santé : des régions de taille comparable disposent, au Québec, de programmes de formation en médecine tandis que l’Outaouais voit ses jeunes obligés de migrer dans d’autres régions québécoises ou, malheureusement, de s’expatrier à Ottawa pour y obtenir une formation… en anglais. Il n’est dès lors pas étonnant de constater que l’Outaouais peine à diplômer ses jeunes, puis à les retenir.
L’Outaouais apparaît particulièrement négligé lorsqu’on le compare au traitement réservé à la minorité anglo-québécoise. En obtenant le McGill University Health Centre (MUHC), la communauté anglo-québécoise a obtenu la moitié des fonds publics disponibles pour les centres de recherche universitaires de pointe alors qu’elle ne comprend que 5,6 % de la population, proportion correspondant aux anglophones de langue maternelle nés au Québec. Privé d’un centre hospitalier universitaire bien à elle, l’Outaouais se retrouve de plus, sans aucune justification, à relever du Réseau universitaire intégré de santé (RUIS) de l’Université McGill dont on sait que les services en français sont déficients.
Élément indispensable d’un développement local intégré, nécessaire rattrapage historique face aux autres régions du Québec et face à la capitale fédérale, l’Outaouais a besoin d’une faculté de médecine, accompagnée de formations connexes dans les institutions universitaires et collégiales régionales, d’un centre hospitalier universitaire de pointe ainsi que d’un Réseau universitaire intégré de santé.
Aux gouvernements, il est nécessaire de démontrer qu’il n’existe pas deux sortes de citoyens au Québec et que vivre en Outaouais ne signifie pas à la fois vivre dans l’ombre d’Ottawa et vivre dans l’oubli de Québec. Compte tenu de notre situation des plus précaires, de la nécessaire solidarité du reste du Québec de soutenir nos efforts pour assurer la survie de la langue française et pour assurer le plein développement de nos ressources humaines, nous réclamons du gouvernement du Québec un « plan de réparation historique » pour que l’Outaouais puisse rattraper son retard de développement dans les domaines de la formation postsecondaire et des soins et services de santé.
Impératif français croit essentiel de corriger les déséquilibres qui affectent structurellement le développement des études postuniversitaires de la région, incluant la recherche fondamentale. Il nous semble vital que notre Assemblée nationale s’engage à fond et légifère pour protéger la communauté outaouaise — et, derrière elle, le Québec tout entier — contre le laisser-aller en matière d’enseignement.
Qu’il soit clair que les citoyens outaouais livrent un combat capital, que le français est menacé partout au Canada, et en particulier ici, en Outaouais, et que le gouvernement national doit s’engager à participer prioritairement à la « réparation historique » du sous-développement en formation postsecondaire et en services, soins et équipements de santé auxquels il a lui-même contribué en ignorant la région outaouaise.
Adresses utiles :
M. Yves Bolduc
Ministre de la Santé et des Services sociaux
ministre@msss.gouv.qc.ca
Mme Lyne Beauchamp
Ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport
line.beauchamp@mels.gouv.qc.ca
Jean-Paul Perreault
Président
Impératif français
Recherche et communications