De Haan (Belgique), le 5 octobre 2010 – « Le 12 août dernier, un semi-remorque français imposant stationnait sur le parking, à proximité de la petite gare du Coq. A côté de lui, deux étals présentant des brochures : les unes en néerlandais et les autres… en français. Quoi ? En français sur le territoire sacré de la Flandre ? Alors qu’on le répète continuellement : “Hier spreekt men Vlaams” », peut-on lire dans le dernier numéro des « Nouvelles de Flandre », organe de l’Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre (APFF).
Et à l’APFF de poursuivre : « Mais, surprise : les organisateurs disposent d’une autorisation tout ce qu’il y a de plus légale. Venus du département du Nord de la France, ils travaillent en collaboration avec la province de Flandre occidentale. Renseignements pris, il s’agit ici d’une vaste opération de mise en garde des jeunes à propos de l’alcool, des drogues, du tabac, du bruit, du soleil, des maladies sexuellement transmissibles, organisée dans le cadre du programme transfrontalier INTERREG IV, subventionné à 50 % par l’Europe.
Ah, bon ! Et il y a d’autres activités de ce type qui impliquent l’usage du français au-delà de la frontière linguistique ? En réponse à notre curiosité, nous recevons en pleine figure une “brique” luxueuse de 348 pages : 174 pages en néerlandais et autant en français, présentées en tête-bêche. L’ouvrage est publié en 2008 par le gouvernement flamand, sous le titre un peu (d)étonnant : “Note stratégique France”*. Il relève les initiatives prises pour renforcer la coopération entre la Flandre et la France. L’avant-propos est signé par Geert Bourgeois, vice-ministre-président du Gouvernement flamand. (…)
Que la France ou l’un de ses départements passe des accords avec la Flandre n’est pas du tout gênant. Ce qui l’est, c’est qu’on développe, en dehors de notre pays, une politique qui devrait être mise en pratique dans notre pays. On est en droit de se demander comment s’explique l’incohérence des pouvoirs de l’Europe. Celle-ci exige d’une part que soit signé d’urgence un accord culturel entre les Communautés en Belgique, et par ailleurs elle favorise les visées autonomistes de la Flandre. L’Europe devrait plutôt encourager la Flandre à rechercher une collaboration avec la Communauté française dans son propre pays ! (…)
Quand on se réfère aux données comptables fournies dans la “note”, on se rend compte que la Flandre “voit grand” dans tous les secteurs : enseignement, recherche scientifique, économie, politique portuaire et routière, etc… Le gouvernement flamand dresse l’inventaire d’une centaine de projets réalisés dans le cadre d’INTERREG IIIA, IIIB et IIIC pour un montant total de plus de 250.000.000 d’euros (NdlR : oui, oui, le nombre de zéros est exact !) dont pas loin de 50 % sont pris en charge par des fonds européens. La Wallonie participe à un quart des projets cités, mais un peu en parent pauvre, à qui on laisse 10 % du montant total.
Comme on peut voir, il ne s’agit pas de subsides mineurs, mais de sommes colossales pour la réalisation de projets très ambitieux. Pour peu, on retirerait de cette analyse, l’impression que le Maréchal Bourgeois s’apprête à conquérir l’Europe. Il faut savoir qu’il existe à l’état-major des notes stratégiques relatives à l’Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni…
Moralité : Ce sont essentiellement des fonds européens qui couvrent la coopération entre la Flandre et la France, au détriment des Francophones de Belgique, sans oublier la minorité francophone de Flandre. »
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