L’article suivant reproduit une lettre respectueusement adressée aux Ministres du MICC et de la Culture et des Communications en avril dernier. Elle proposait un projet de conscientisation visant à contribuer à la francisation des allophones par une approche citoyenne. Malgré deux accusés de réception polis, le ministère responsable de la mise en oeuvre de la Chartre de la langue française réfléchit, et réfléchira sans doute encore des lunes; et le MICC aura présenté une réponse qui équivaut à de plates excuses. Pourtant la situation linguistique se détériore de plus en plus à Montréal. J’ai donc le devoir de proposer ces actions à d’autres qui auront à cœur de mener le projet proposé, pour le bien même de la pérennité de la langue française.
Le transfert linguistique des immigrants allophones à l’anglais montre bien que le pouvoir d’attraction de l’anglais est supérieur, qu’il y a substitution de langue maternelle au bénéfice du français que dans une proportion largement moindre que la proportion de la population francophone initiale, et qu’alors la proportion de la population francophone ne peut que baisser. Ce processus, combiné à l’apport d’immigrants anglophones ou anglotropes, aura contribué à faire baisser la proportion de la population francophone au Québec de 82% en 1991 à 79,6% en 2006. Montréal aura glissé d ‘un statut de ville majoritairement francophone à celui d’une ville dont la proportion de la population francophone est moins de 50%.
La question qui se pose est donc la suivante : veut-on que Montréal, demain, soit francophone, et le Québec dans deux ou trois générations soit francophone? Si oui, la seule avenue est de canaliser les immigrants allophones vers un choix du français comme langue d’usage à la maison comme au travail; de s’assurer que les nouveaux immigrants allophones seraient francisés; de les inciter à s’installer ailleurs que dans Montréal; de mieux gérer la sélection et le recrutement; de réduire le nombre d’immigrants pour au moins deux années, afin de retrouver le contrôle de la situation et accroître la proportion des immigrants francophones; de faire en sorte qu’ils optent plus spontanément pour des études collégiales et universitaires en français. La responsabilité du gouvernement est alors énorme.
L’adoption d’une langue par les nouveaux arrivants dépend beaucoup de l’immersion constructive au sein de la société d’accueil. Là les québécois sont fautifs. La résolution de difficultés d’intégration linguistique et culturelle réside dans la modification d’attitudes et de comportements, et on doit donc mobiliser la population et les intervenants de manière à favoriser l’adoption du français par des stratégies d’interventions à différents niveaux : concertation, éducation populaire, organisation communautaire, et marketing social. Des stratégies éducationnelles viseraient à agir de façon spécifique sur les facteurs qui prédisposent au transfert linguistique au français (attitudes et connaissances), qui le facilitent (information sur la culture, la littérature, l’Histoire; mode de vie en harmonie avec le climat, cohésion sociale, qualité du français parlé), et qui les renforcent (encouragements, représentations positives de l’identité québécoise, sentiment d’appartenance). Tout un travail de sensibilisation viserait à faire prendre conscience des comportements et les attitudes qui influent sur le succès de la francisation des allophones. On doit sensibiliser les citoyens de l’importance de s’adresser en français aux allophones. Chaque citoyen deviendrait un agent d’intégration parce que conscient de ses responsabilités civiques et de l’impact de ses attitudes et de ses comportements.
La sensibilité du gouvernement pour la question linguistique ne se manifestant pas, je fais maintenant valoir qu’il reviendrait à des organisations vouées à la défense et à la promotion du français de mener rondement un tel projet.
Michel Pagé
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