Article extrait du journal :
Le Devoir
LES ACTUALITÉS, samedi, 2 août 2008, p. a4
Impératif français accuse le Mouvement Desjardins de s’angliciser La coopérative dit s’adapter à l’évolution sociodémographique en modifiant sa politique linguistique
Cauchy, Clairandrée
La récente politique linguistique du Mouvement Desjardins favoriserait l’«anglicisation», selon le groupe de pression Impératif français.
La politique, adoptée en mai dernier, a notamment pour objectif de «confirmer l’anglais comme autre langue d’usage dans le contexte de communications avec des dirigeants, membres, clientèles, employés, publics, groupes ou partenaires […] qui utilisent cette langue».
On y stipule que le Mouvement Desjardins s’applique à «servir ses membres et clients anglophones dans leur langue» et que l’anglais peut être utilisé comme «langue de gouvernance dans les caisses comptant un important membership anglophone».
On précise en outre que la langue d’administration et de travail est «généralement l’anglais» dans les entités hors Québec, à l’exception de la Fédération des caisses populaires de l’Ontario. La connaissance du français y est considérée comme un «atout» et on peut offrir un accueil en français «lorsque le contexte le justifie».
Le président d’Impératif français, Jean-Paul Perreault, s’insurge de ce «virage à 180 degrés» de cette institution créée dans le but de corriger les «iniquités économiques et culturelles à l’égard des Canadiens français». «Ils vont embaucher des unilingues et l’anglais deviendra une langue de communication, de réunion, de travail au sein de l’ensemble du Mouvement. Des francophones vont se faire dire qu’ils pourraient être reçus uniquement en anglais dans des caisses de l’Ontario ou du Manitoba», craint M. Perreault. La connaissance du français devrait selon lui être «non négociable» au sein du Mouvement Desjardins.
Chez Desjardins, on juge que le groupe de pression «charrie». Le premier article de la politique rappelle que le français demeure la langue «prédominante» au sein du mouvement Desjardins au Québec, de la Fédération des caisses populaires de l’Ontario et de PVP Ontario, insiste le responsable des communications du Mouvement, André Chapleau.
On justifie la nouvelle politique par le besoin d’adapter les pratiques aux nouvelles réalités québécoises et à l’expansion pancanadienne du Mouvement, qui tire aujourd’hui 22 % de ses revenus de ses activités hors Québec, un secteur qui était pratiquement inexistant il y a environ six ans. «On vit une évolution sociodémographique assez importante au Québec. Étant une coopérative, il faut aussi être le reflet de sa communauté. On est ouvert à toutes sortes de communautés maintenant. On est aussi de plus en plus présent dans le reste du Canada. […] On a une compagnie d’assurance qui travaille à Toronto, avec des employés anglophones qui desservent des anglophones en Ontario. Est-ce qu’on va leur imposer le français? C’est ça, la logique?», s’interroge M. Chapleau.
L’usage de l’anglais auprès des clients anglophones et au sein des entités hors Québec ne diminue pas pour autant l’importance du français, plaide M. Chapleau. «C’est quoi cette logique de dire que parce qu’on décide de s’ouvrir à d’autres communautés, on renie nos racines? C’est complètement farfelu!», poursuit-il.
Pour Impératif français, Desjardins abandonne en quelque sorte sa mission de rempart contre l’hégémonie de l’anglais dans le secteur financier. Dans un article publié ce printemps dans la revue interne Desjardins, on peut lire que «l’anglais, parlé par sept Canadiens sur dix, est perçu par les anglophones comme LA langue des affaires et du domaine bancaire. Toute institution financière qui ne tient pas compte de cette réalité sera pénalisée.»
L’affirmation fait bondir M. Perreault. «Desjardins n’essaie même plus de faire contrepoids à cela. On glisse vers une promotion active de l’unilinguisme anglais», déplore-t-il.
Fin de l’article
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