À voir se déhancher depuis un certain temps monsieur Sarkozy et ses sbires des ministères en effectuant des courbettes « pan » anglo-saxonnes, faut-il y voir le signe du noyautage de la société française par des intérêts supérieurs financiers personnels?
Oui probablement, à en juger par la carence du gouvernement en matière de protection, de promotion et de développement de la langue française.
En fait, le vide prend toute sa « place » derrière les discours démagogiques. J’en dirais autant si le gouvernement était « de gauche », ce n’est pas une question partisane.
Si je parle dans ce texte du traité et de l’écologie, c’est avant tout pour critiquer la conception française et européenne actuelle du droit d’expression des citoyens.
Ainsi, le nouveau traité constitutionnel de l’Europe a été ratifié, qui remplace le précédent refusé par référendum aux Pays-Bas et en France. Et qui contient dans les mêmes proportions ce qui a été rejeté par ces deux pays.
On peut donc constater le mépris des dirigeants pour les peuples puisque, malgré le rejet de ladite constitution, ceux-ci la modifient à peine et la signent sans l’accord des citoyens. C’est ce qu’on appelle en politique un COUP d’ETAT, terme français utilisé d’ailleurs universellement.
Que peut-on ajouter de plus, sinon que monsieur Sarkozy s’est exprimé un instant en ANGLAIS : « we need Gordon »… cela devrait être bien repris par les médias anglophones, d’autant plus que l’analogie avec le célèbre portrait « USA – we need you » caractérise encore une référence culturelle mal placée.
La culture, la langue française, sont donc « bien » placées entre les mains de monsieur le « VRP » (vendeur au porte-à-porte) Sarkozy.
Les faire-valoir de celui-ci sont aussi très anglophiles, à tel point que le ministre de l’éducation lui-même, Xavier Darcos, veut faire de la France un pays bilingue. Si en soit il n’est pas condamnable de connaître plusieurs langues, ce n’est cependant pas dans une optique pluriculturelle que le gouvernement s’emploie à faire l’apprentissage des langues, ou plutôt de LA langue -évidemment l’anglais- aux enfants jusque dans les maternelles, là où le personnel qualifié n’a pas pour RÔLE d’angliciser les petits, pas plus que n’ont ce rôle les professeurs des écoles primaires. Et personne en France ne doit avoir l’obligation de connaître une langue étrangère qui ne devrait pas entrer en compte dans les études, puisque les gens en France sont normalement appelés à travailler en français. S’ils ont d’autres projets, ils apprendront la langue plus précisément en « optionnel ». Il vaut mieux se concentrer sur l’apprentissage du français, qui devient un désastre, que sur une langue étrangère qui ne servira jamais à 95 % d’entre eux.
Le ministre des Affaires étrangères, bouche trou affairiste sans aucune stature politique tant son président intervient dans tout, est lui aussi passionné par la chance que représente la langue anglaise pour la francophonie, comme nous l’avons constaté dans son livre « Deux ou trois choses que je sais de nous » (éd Robert Laffont) dans lequel il déclame que l’anglais est l’avenir de la francophonie tout en s’enfonçant un peu plus dans la médiocrité et la collaboration et affirmant « … la langue française n’est pas indispensable : le monde a bien vécu sans elle. Si elle devait céder la place, ce serait précisément à des langues mieux adaptées aux besoins réels et immédiats de ceux qui la délaisseraient. »
Nos ancêtres, qui se sont battus pour avoir les droits que nous possédons actuellement en France et qui ont servi aux peuples du monde entier afin d’obtenir leur liberté, perdant souvent la vie pour leurs idées, trouvent la mort une deuxième fois.
Le député de la majorité Jacques Myard, connu pour ses positions en faveur de la promotion et du développement du français, appréciera que son camarade d’assemblée Sarkozy joue les pétain du XXIe siècle et que son ouverture à gauche ne ramène que ce que j’appellerais un « lavaliste », en référence à Laval, célèbre collabo français, qui souhaitait la victoire de l’Allemagne…
Tous les sites officiels en français sont aussi, je l’avais déjà dénoncé, en plusieurs langues ou seulement traduits en anglais, voire en anglais seulement (Airbus). Ainsi, l’État et les sociétés françaises contribuent au gonflement du pourcentage des sites internet en anglais et minimisent du même coup l’importance de langue française sur internet : affligeant!
Et c’est la même conception tordue dans les discours écologiques liés à la conférence sur l’environnement franco-français de Grenelle, symbole de la vacuité intellectuelle du pouvoir.
À ce propos, on peut rappeler à notre gouvernement que la langue est, et je vous renvoie à un article de l’écologiste (édition française) écrit par le distingué professeur Bernard Lecherbonnier (auteur du formidable livre : pourquoi veulent-ils tuer le français?), un élément de l’écosystème…
Ne pas inclure la langue, c’est parler d’écologie en faisant abstraction de l’activité humaine.
Or l’écologie n’est pas consensuelle. La langue française, comme partie intégrante de l’écosystème, en ce qui concerne nos amis au Québec et dans les autres parties du Canada, est confirmée depuis longtemps, comme elle l’était en Louisiane avant son interdiction dans cet État (1914) à 80 % unilingue français/ français-créole… Le Québec connaît lui aussi des problèmes et ce n’est pas le laxisme de la France qui l’aidera à fermer les brèches ouvertes par les politiques et l’irrespect des anglophones unilingues au sujet de la langue officielle du Québec qui demeure le français.
En trahissant son peuple par la ratification du traité de Londres sur les brevets, refusé pourtant par plusieurs pays d’Europe, et de la constitution européenne, en appliquant lui-même des lois financières et sociales à ses citoyens offerts en pâture au capitalisme international, tout comme l’Europe le fait avec les autres citoyens des pays de l’Union européenne, en détruisant le socle culturel des pays, monsieur Sarkozy est le porte-parole de ceux qui n’ont que leur compte bancaire comme projet d’avenir et se met en danger : En effet, la Constitution est telle qu’il serait bien facile de dresser un tombeau aux facéties de notre président.
Pour cela, en France, il faudrait que les associations, organismes de défense et de promotion de la langue française se regroupent pour porter cette action : pour l’heure, tout reste à faire, malgré des tentatives isolées de citoyens, car des citoyens de la majorité politique UMP ne veulent probablement pas provoquer de remous dans leurs rangs. Les députés francophiles sont isolés alors que la défense de la langue française doit transcender tous les citoyens et ne pas se résumer à protéger uniquement ses droits, mais les droits de tous ceux qui l’utilisent, inviter les gens à se fédérer et s’imposer pour ne pas subir la ségrégation linguistique à tous les niveaux, tout simplement être respectés. « ciboire ! vont-ils nous sacrer la paix? »
Ni xénophobes, ni sectaires, responsables et respectueux de la vie – ce serait faire offense à Léopold Sédar Senghor s’il en était autrement – nous devons nous attacher uniquement à établir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à rétablir la nécessaire localisation géographique des cultures et des modes de vie tout en s’enrichissant des autres cultures par des contacts et échanges mutuels qui éviteraient bien des guerres. Et non pas courber l’échine devant le plus belliqueux ou/et plus riche, selon la conception anglo-saxonne de la richesse.
Or, toutes les orientations françaises, européennes ou supranationales ne sont pas aptes à garantir ces droits.
Cédric Laudet
cedriclaudet@voila.fr
P.-S. : comme toujours, mon jet de plume épidermique fait brouillon, mais j’espère qu’il sera pardonné par ma volonté de bien faire!
Évidemment, les francophones peuvent pardonner à ceux qui leur ont fait offense si ces derniers sont amenés, par une réflexion nouvelle, à changer leur fusil d’épaule…