Qu’en pense la ministre québécoise de la Culture et des Communications madame Christine St-Pierre?
Montréal, le 3 septembre 2007
Extrait du site Forum de l’Amérique Française
Michel Dolbec, Presse Canadienne
Considérée comme une des principales réalisations de la Francophonie, la chaîne de télévision internationale TV5 Monde va-t-elle devoir se mettre au service du «rayonnement» de la France à travers le monde ?
Dans les milieux francophones, certains craignent, depuis plusieurs mois, une main mise de la France sur l’information, jusqu’ici «multilatérale», diffusée à TV5. Ces inquiétudes se sont accrues ces derniers jours, lorsque le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a annoncé son intention de procéder d’ici la fin de l’année à un rapprochement entre TV5, RFI (Radio France internationale) et la nouvelle chaîne d’information internationale France 24.
Le président français Nicolas Sarkozy a enfoncé le clou en confirmant, dans un communiqué émis vendredi, qu’il avait demandé au ministre Kouchner de procéder «aux réorganisations nécessaires» dans l’«audiovisuel public extérieur»’ français.
Le scénario le plus couramment évoqué à Paris prévoit la création d’une société chapeautant les trois chaînes. France 24, TV5 et RFI, qui disposent ensemble d’un budget de 300 millions d’euros (435 millions $ environ), resteraient des filiales autonomes. Mais certains «doublons» entre France 24 et TV5, en matière d’achats d’images par exemple, pourraient être supprimés. Surtout, France24 pourrait fournir les journaux d’information de TV5, qui verrait vraisemblablement sa rédaction disparaître. On ne sait pas ce qu’il adviendrait dans un tel cas de la diffusion du Téléjournal de Radio-Canada ou des journaux belge et suisse, qui font la particularité de la chaîne francophone.
«En fait, France 24 veut mettre à mettre la main sur le réseau de diffusion mondiale de TV5, qui est sa plus grande richesse», analyse un observateur.
L’affaire préoccupe les autres partenaires de TV5: le Canada et le Québec, la Communauté française de Belgique et la Suisse. Lors de sa dernière visite à Paris, cet été, le premier ministre Jean Charest aurait d’ailleurs évoqué l’avenir de TV5 avec le président Sarkozy et le ministre Kouchner.
«Nous suivons le dossier de près et nous avons eu l’occasion, encore tout récemment, de faire valoir nos perceptions tant aux autorités françaises qu’à l’Organisation internationale de la Francophonie, a fait savoir en fin de semaine le délégué général du Québec à Paris, Wilfrid-Guy Licari. Les autorités françaises nous associent d’ailleurs à leurs réflexions sur l’avenir de TV5 Monde dans le cadre de la réforme de l’audiovisuel extérieur français».
Le problème est que la France demeure le principal bailleur de fond de TV5, la contribution du Canada et du Québec tournant autour de 10 pour cent seulement (sur un budget total d’une centaine de millions d’euros).
Financièrement, les autres partenaires ne font pas le poids face à Paris, actionnaire majoritaire et tout puissant.
«La France continue de voir la Francophonie dans une perspective franco-française, déplore un diplomate sous le couvert de l’anonymat.
Comme cela arrive souvent en Francophonie, elle agit de manière unilatérale, sans penser aux implications à l’échelle de la Francophonie.»
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Adresse utile:
Christine St-Pierre
Ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française
ministre@mcccf.gouv.qc.ca