Dans Le Devoir de samedi, le 18 mars, on pouvait lire cette nouvelle au sujet
d’une entreprise de Montréal en haute technologie, spécialisée dans la
production d’équipement de télévision à haute définition (TVHD) :
Portrait – L’heure de Miranda est venue
Claude Turcotte
édition du
samedi
18 et du dimanche 19 mars 2006«L’avenir, c’est maintenant», affirme avec assurance René Vachon,
vice-président-directeur et chef des finances de Miranda Technologies, une
société montréalaise jouissant d’une réputation mondiale dans la conception et
la fabrication de matériel et logiciels de haute performance destinés à
l’industrie de la télédiffusion et qui se prépare depuis sa naissance, en
1990, à l’avènement de la télévision à haute définition. Ce temps est arrivé.
(…)
Malheureusement, pour cette entreprise dont tout Québécois devrait
normalement être fier, l’heure n’est toujours pas venue de respecter la langue
officielle du Québec et la langue de ses employés. C’est ce qu’on peut constater
en visitant son site internet unilingue anglais à l’adresse
http://www.miranda.com/.
Quand on clique sur « Langue », le message suivant apparaît : « Version
française en construction – Lancement début du 2e trimestre 2006.»
Or, à ma connaissance, il y a plus de deux ans que la version française de ce
site est « en construction ». J’avais alors écrit à la compagnie pour signaler
cette anomalie choquante. On m’avait alors répondu que cette version serait
prête dans une couple de mois… On est obligé de conclure que les responsables
ont bien peu de considération pour leur langue. Cette entreprise prospère n’a
certes pas l’excuse de la pauvreté ! C’est une bien piètre image de l’industrie
québécoise qu’elle projette
Il importe de souligner que cette entreprise a bénéficié d’un investissement
d’au moins 10 millions de dollars de la Société Générale de Financement du
Québec, et d’au moins 100 000 $ d’Investissements Desjardins selon un
document de l’organisme
Montréal International… Ces deux sociétés n’ont-elles donc aucune
responsabilité en ce qui touche la promotion de notre langue dans une compagnie
dont elles sont actionnaires ?
On veut bien croire que la majeure partie des équipements est destinée à
l’exportation, mais cela n’excuse aucunement ce comportement méprisable qui est
inconcevable de la part d’entreprises exportatrices allemandes, danoises,
italiennes, espagnoles, etc. Voir, par exemple, les entreprises suivantes qui se
respectent en respectant leur langue :
http://www.siemens.de/,
http://www.hielscher.com/ultraschall/index.htm,
http://www.di.dk/,
http://www.windpower.org/,
http://www.anci-calzature.com/industria.asp,
http://www.mondopicci.com/index1.htm,
http://www.aapsa.es/,
http://www.fadisel.com/esp/producto_cebek.aspx.
Seulement sur l’industrie italienne, il y a 2 040 000 pages en italien selon
« Google »!! Essentiellement toutes les entreprises allemandes donnent la
priorité à la langue allemande dans leurs publications. De plus, une foule de
revues scientifiques et techniques allemandes publient une très grande
proportion d’articles dans cette langue, favorisant ainsi l’industrie allemande.
Ah! Si seulement de nombreuses entreprises québécoises et françaises
pouvaient en prendre exemple ! Elles seraient peut-être plus prospères et
respectées. Il y a un dicton qui veut qu’on ne respecte que ceux qui se
respectent. Le philosophe allemand Emmanuel Kant l’a exprimé d’une autre façon :
« Si tu te fais ver de terre, ne te surprend pas si on t’écrase avec le pied.»
Allons ! un peu de dignité, s.v.p.
Jean-Luc Dion
Courriel : JL.Dion@TR.cgocable.ca
(Le 21 mars 2006)