LE SÉNÉGAL PROTESTE : UN ACCUEIL IMMÉRITÉ

Le Sénégal proteste – Un accueil immérité Cheikh Tidiane Gadio Ministre des
Affaires étrangères du Sénégal Déclaration lue à la première séance plénière de
la réunion ministérielle de la francophonie qui se tenait en fin de semaine à
Winnipeg

Monsieur le Ministre des Affaires étrangères du Canada, le gouvernement de la
République du Sénégal a appris avec une grande surprise l’incident diplomatique
et les traitements irrévérencieux qui ont émaillé le passage à l’aéroport de
Toronto de son Excellence M. Abdou Diouf, notre compatriote, ancien président de
la République du Sénégal et actuel Secrétaire général de l’Organisation
internationale de la Francophonie.

Cet incident grave, aux antipodes des convenances diplomatiques
internationales, a heurté la conscience de la communauté internationale en
général, celle africaine et sénégalaise en particulier. La personnalité de
l’intéressé et son parcours exceptionnel de grand serviteur de l’état expliquent
amplement la vague d’indignation qui enfle dans le monde. M. Abdou Diouf, ancien
ministre, ancien premier ministre, ancien président de la République du Sénégal
pendant 19 ans, est aussi connu et respecté pour avoir travaillé avec un autre
homme d’état exceptionnel, S. E. Me Abdoulaye Wade (son successeur à la tête de
l’état du Sénégal), à offrir à notre pays et à l’Afrique une alternance
démocratique, pacifique, saluée partout dans le monde.

C’est à un tel homme d’état que la Francophonie a fait appel pour
restructurer son action et ses objectifs de promotion d’un humanisme francophone
universel, bâtisseur de paix, de solidarité, de dignité humaine, de coopération
économique renforcée et de bonne gouvernance. C’est aussi à un tel homme d’état
qu’a été réservé, en terre canadienne, un accueil immérité et désapprouvé
partout dans le monde.

Honneurs rendus à M. Chrétien

Or donc, Monsieur le ministre, le contraste est saisissant entre un tel état
de fait, et les honneurs rendus à M. Jean Chrétien, ancien premier ministre du
Canada, lors de sa récente visite privée au Sénégal, il y a juste quelques
semaines. Par-delà l’ami, le Sénégal était conscient d’accueillir un homme
d’état, ancien premier ministre d’un pays spécial dans le coeur des Africains
qu’est le Canada.

Monsieur le Ministre, nous aurions relativisé cet incident si — au lieu de
présenter de simples «regrets» — votre gouvernement avait promptement pris les
choses en main pour diligenter une enquête, et si votre premier ministre avait,
au nom de votre gouvernement, présenté des excuses sincères et publiques au
président Diouf lui- même, à tous les pays membres de l’OIF, au peuple
sénégalais et à tous leurs compatriotes africains.

Par amitié et par considération pour votre pays et votre peuple, nous
souhaitons vivement que vous alliez dans cette direction (présenter des excuses
publiques par la voix la plus autorisée, celle du premier ministre, et clore
ainsi ce malheureux incident), car il serait injuste de juger un pays et un
peuple sur une action, fût-elle grave et c’est le cas, quand par ailleurs, on
connaît des centaines d’actions positives que développe votre pays en direction
de notre continent et de la solidarité internationale en général.

Texte aussi publié dans Le Devoir du 16 mai 2006

http://www.ledevoir.com/2006/05/16/109269.html

(Le 16 mai 2006)

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