Plainte envoyée à iKea le 20 novembre 2006
Ma plainte concerne vos services de livraison à la suite d’une commande faite
dans votre site web canadien français. Vous faites appel, semble-t-il, à une
entreprise de l’Ontario, Hitone (613-260-8552), pour livrer les achats à vos
clients de la région d’Ottawa et de Gatineau. Or, sachez que cette entreprise
impose l’anglais à vos clients du Québec.
Une téléphoniste de Hitone a laissé chez moi un message unilingue anglais
pour me demander de la rappeler concernant la livraison à faire. Pourtant, elle
savait que j’habitais au Québec. Elle avait en main mon numéro de téléphone (qui
commence par l’indicatif 819) et mon adresse. Elle pouvait voir mon nom de
famille, qui est nettement français.
Lorsque j’ai rappelé chez Hitone, le système de messagerie vocale m’a répondu
uniquement en anglais. J’ai appuyé sur le zéro, et une dame m’a répondu en
anglais. Je lui ai demandé si elle parlait français, et elle m’a répondu non,
sans plus. Je lui ai demandé, toujours en français, si quelqu’un parlait
français dans son bureau. C’est alors qu’enfin, j’ai pu m’adresser à un homme
sachant parler français. Il m’a répondu premièrement en anglais, mais quand il a
vu que je parlais français, il a changé de langue. Nous avons pu convenir d’un
jour de livraison.
Dois-je m’attendre à ce que les livreurs ne parlent pas français? Comment
vais-je leur indiquer où déposer les boites? En anglais, peut-être? Est-ce
conforme à la politique d’iKea? Les Canadiens anglais parlent anglais, et les
Canadiens français parlent anglais aussi? Sur la carte géographique d’iKea, le
Québec est-il une colonie de la fédération canadienne?
Je n’achèterai plus rien chez iKea tant que vous n’aurez pas compris que la
langue commune au Québec est le français et qu’il existe à Gatineau des
entreprises de livraison québécoises capables de respecter leurs voisins de
l’Ontario, dont la langue commune est l’anglais (même s’il reste encore dans
cette province 5 % de Canadiens français). Jamais une entreprise de livraison du
Québec n’aurait l’idée de téléphoner à M. Smith, en Ontario, et de lui imposer
le français comme Hitone impose l’anglais à vos clients québécois.
Ce n’est pas la première fois qu’une entreprise ontarienne ne fait aucun cas
de la langue officielle du Québec. C’est en fait la conséquence de la
colonisation du Canada par les Britanniques à partir de 1763, puis par le
pouvoir fédéral qui leur a succédé. C’est aussi le reflet de l’état
d’asservissement dans lequel se trouve encore le Québec en 2006, quoi qu’on
puisse en dire.
Je ne peux pas me plaindre auprès de l’Office québécois de la langue
française parce qu’il s’agit d’une entreprise ontarienne qui ne fait que passer
en territoire québécois. J’imagine que, pour me faire respecter par des
entreprises comme la vôtre ou comme Hitone, il ne me reste plus qu’à me bâtir
mon propre pays, le Québec, en espérant qu’une vaste majorité de mes concitoyens
finira par avoir le courage de se joindre à moi et de choisir le respect de soi
et la liberté.
Bernard Desgagné
Gatineau, Québec
bernarddesgagne@mac.com
(Le 20 novembre 2006)