Par Ginette Leroux
« Si javais les ailes dun ange, je partirais pour Québec. » Québec,
répondait en écho la foule massée dans la cour intérieure de la Délégation
générale du Québec à Paris, le soir du 24 juin, jour de notre Fête nationale.
Oui, nous avions envie de repartir pour Québec devant la réception sans charme
ni élégance préparée à lintention des ressortissants québécois habitant Paris
ou de passage, comme nous.
Comment pouvions-nous apprécier cet «air de fête», comment
pouvions-nous célébrer fièrement notre Fête nationale lorsque nos belles
chansons québécoises sabîmaient au fond des bouteilles de bières anciennement
regroupées sous la marque Unibroue, maintenant propriété de Sleeman.
Si bien quau 66, rue Pergolèse, dans le 16e arrondissement, les invités
devisaient avec, dans une main, une bière ontarienne et, dans lautre, chips et
peanuts. Bière à 4 euros (7$) servie dans un grand gobelet de plastique et, bien
entendu, les peanuts étaient gratuites.
Dans la cour, le trio Deraspe des Iles-de-la-Madeleine, un groupe de musique
traditionnelle, promettait une soirée endiablée. Pourtant Jean-Guy, le leader du
groupe, semblait mal à laise. Et pour cause. Le délégué, dont il na pas voulu
mentionner le nom, lui avait donné le mandat, non seulement danimer la soirée,
mais, en quelque sorte, de faire sa job soit de souhaiter à tous les Québécois
et Québécoises la bienvenue et une bonne Saint-Jean-Baptiste.
Un party sans hôte. En effet, Clément Duhaime, notre délégué général,
brillait par son absence. Peut-être avait-il cru bon de profiter du long
week-end pour aller se reposer sur la Côte et fêter, entre amis, sa fête
nationale ?
Jean-Guy sen est bien tiré. Bien quil nait pu sempêcher, en présentant sa
troisième chanson, dorigine irlandaise, de nous rappeler que oui, oui, nous
faisons toujours partie du Canada.
Plus colonisé que ça, tu meurs!
Le carton dinvitation nous conviait à «une note de fierté». Oui, nous
lavons payée cher la «note de fierté» nationale!