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POUR UN CHU UNIQUE ET RASSEMBLEUR

Communiqué SSJB

Montréal, le 23 mars 2005.-Voici le texte d’une prise de position de la
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, endossé par plusieurs intervenants des
milieux hospitalier et universitaire et présenté ce matin en conférence de
presse par le président général Jean Dorion :

POUR UN CHU UNIQUE ET RASSEMBLEUR

Dans le débat sur le futur Centre hospitalier universitaire de Montréal,
étonnamment, la polémique médiatique ne vise que le site du CHUM. Question
importante, mais le principal débat devrait porter sur le besoin d’avoir DEUX «
mégahôpitaux », séparés sur une base linguistique. Comme s’il y avait deux
villes à Montréal, ou comme si nous étions trop riches, Québec paiera pour deux
infrastructures identiques et cela ne semble étonner personne! Mais pourquoi
donc le McGill University Health Center (MUHC) devrait-il être financé au même
niveau que le Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM)? Le
mégahôpital anglophone devrait-il même être construit? Ne sont-ce pas là les
vraies questions à se poser? .

Précisément, dans un contexte où nos hôpitaux ont été victimes de
restrictions budgétaires sévères, depuis au moins une décennie, avec les
conséquences déplorables que l’on sait, le Québec a-t-il les ressources
financières nécessaires à la construction de deux mégahopitaux, à leur entretien
et à leur fonctionnement pour les années à venir? Un tel dédoublement ne se
fera-t-il pas au détriment des ressources hospitalières des régions?

La première exigence des citoyens face à leur gouvernement devrait concerner
les intentions de ce dernier quant au financement respectif des deux
établissements. On parle d’un milliard pour chacun des deux mégahôpitaux. Un
simple rappel de l’histoire de certains mégaprojets récents, postérieurs au
stade olympique, devrait nous faire dire « au moins trois milliards pour les
deux. » En avons-nous les moyens alors que nos hôpitaux actuels souffrent
constamment de sous-financement et arrivent à peine à faire face aux besoins de
la population ?

Par ailleurs, on accorderait à McGill la moitié des nouveaux investissements
en santé alors que les anglophones ne forment que 12,1% de la population du
Grand Montréal. Les francophones (67,3%) sont presque cinq fois et demi plus
nombreux! La disproportion serait encore plus forte si on prenait au sérieux le
projet de la Charte de la langue française, adoptée il y a 27 ans, d’intégrer
les allophones à la majorité francophone. Mais on semble miser plutôt sur leur
anglicisation à en juger par la répartition des fonds prévue. On ne parle pas
avec ces hôpitaux de projets dont l’impact durera quelques années, mais plutôt
quelques générations.

Toute la question renvoie à celle des subventions à McGill, déjà
sur-favorisée par ses dotations privées et à laquelle le Gouvernement continue
d’assigner 25% des places en médecine de tout le Québec, soit trois fois le
poids démographique des anglophones au Québec, lequel dépasse à peine huit pour
cent. Or, le rendement de cet investissement est plus que douteux : une étude de
l’Association des facultés de médecine canadiennes (AFMC) indique que les
diplômés de McGill représentent seulement 10% des médecins qui pratiquent au
Québec (environ 60% des médecins formés à McGill quittent le Québec, cet exode
affectant aussi ceux d’entre eux qui sont nés ici). à l’inverse, les facultés de
langue française ont un taux de rétention qui oscille autour de 88%. Comment
justifier que le CHUM reçoive le même montant que le MUHC, alors que
l’Université de Montréal forme quatre fois plus de médecins pratiquant au Québec
que McGill, soit 40% du total comparativement à 10%?

En termes purement économiques, à investissement égal, le gouvernement du
Québec obtient beaucoup plus de médecins de l’Université de Montréal que de
McGill. Pourtant, on ne constate nulle part le début d’une remise en cause de
l’ampleur des sommes investies à McGill, sommes qui dépassent de loin celles
qu’on pourrait prétendre justifiées par le poids démographique des anglophones
au Québec. Le bon sens voudrait qu’on ne construise à Montréal qu’un seul
mégahôpital, un projet emballant regroupant les chercheurs des deux universités
et administré dans la langue officielle du Québec par son personnel de toutes
origines, avec des accommodements au niveau des soins en faveur des patients qui
ne la parlent pas, comme on en fait dans tous les pays civilisés. Mais si l’on
veut absolument construire le MUHC, il devrait obtenir 12% du budget total, par
exemple 240 millions sur les deux milliards souvent prévus, et non 50%, soit un
milliard, comme il en est question actuellement. Toute autre répartition du
financement constitue une injustice qui pénalisera les francophones et
encouragera l’anglicisation des allophones (le réseau hospitalier est l’un des
plus gros employeurs à Montréal) en plus d’impliquer, par la duplication, un
gaspillage des ressources déjà insuffisantes du Québec dans le secteur de la
santé.

Pendant qu’il en est encore temps, nous exhortons le gouvernement à effectuer
des audiences publiques et que cette fois, toutes les options soient sur la
table, notamment celle, emballante, d’un seul CHU à Montréal.

Jean DORION, président général,
au nom de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le 23 mars 2005

Ont également souscrit à cette prise de position les personnes suivantes des
milieux hospitalier et universitaire :
Jacques Baillargeon, M.D . ; Johanne Beaulieu, nutritionniste ; Denise Boucher,
I.L. ; Georges-étienne Cartier, M.D. ; Liette Denis, I.L. ; Colette Girard,
audioprothésiste ; Suzanne Girard, I.L . ; Louisette Grimard Cossette, I.L. ;
Frédéric Lacroix, Ph.D. ; Denis Lazure M.D.et ex-ministre de la Santé de
1976-1981, Francine Lepage, I.L., Henri-Paul Mandeville, M.D., Michel Marceau,
M.D., Jean-Claude Ménard, M.D., Richard Morisset, M.D., Hubert Payne, M.D.,
Micheline Richard, I.L., Ivan Roy, M.D., Patrick Sabourin, chercheur.

Info. : Mario Beaulieu, Communications SSJB 843-8851 ; 279-0611

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