J’ai toujours aimé aller patiner en cet endroit. Tantôt avec mes enfants,
tantôt avec mon époux, tantôt tout ensemble…
Sauf que maintenant ça me fait pour ainsi dire (quasi) horreur.
Aussi serait-il possible de laisser la responsabilité de ce choix musical à
des personnes ayant, tout d’abord, un minimum de culture, qui ensuite ont plus
de 14 ans d’âge (c’est rude mais… c’est ça!) et pour qui, enfin, beauté et bon
goût ne se réduisent pas à du «fac-similé» ayant moins de 6 mois d’existence.
La chanson et la musique québécoises, et francophones de manière plus
générale, constituent un Trésor fabuleux de notre Culture. Or quand j’entends
des «remakes» de grandes chansons de notre patrimoine interprétées par les
p’tites poupounes (ou poupons…) de l’heure, j’ai carrément l’impression qu’on
tente de me servir du Platon ou du Victor Hugo revus et «corrigés» par André
Arthur ou Jeff Fillion (sinon l’ex-Québécoise Brigitte Pellerin, du Ottawa
Citzen).
Bref, c’est à peine plus supportable que s’il s’agissait d’une programmation
commercialo-anglo-américaine.
Je suis réellement en colère, vous savez. Parce que je n’ai plus du tout
envie d’y retourner. D’ailleurs la dernière fois, il y a quelques jours à peine,
j’ai (nous avons) carrément tourné les talons dès notre arrivée sur les lieux.
«Pus Kapabl !»
Du grand Gilles Vigneault et Félix Leclerc à Paul Piché, Sylvain Lelièvre,
Pauline Julien, Claude Léveillée et tous les Jacques Michel, André Gagnon,
Claude Gauthier, Stéphane Venne, Monique Leyrac et autres Jean-Pierre Ferland
(les originaux!), en passant par les équivalent européens (Brel, Piaf, Bécaud,
Aznavour, Anne Sylvestre, Reggiani, Ferré, Françoise Hardy, Ferrat, Bertin et
combien d’autres), le choix est immense. Immense. Les moins jeunes apprécient
grandement, et les plus jeunes découvriront des compositions extraordinaires,
voire immortelles et – permettez le pléonasme – sans âge. Comme Platon, Chopin
ou Michel-Ange…
Et ils découvriront soudain, nos enfants et nos adolescents, que tout n’a pas
toujours été d’une insignifiance sans nom dans le quotidien des hommes. Et qu’il
y a donc de l’espoir pour l’avenir.
Si – si et seulement si, ajouterait le logicien – on sait se ressourcer aux
«vraies oeuvres». D’aucuns diraient: aux classiques.
Du Goût, de l’élégance, du Raffinement et de de la Beauté, SVP.
Car le « commercial », ce n’est pas plus supportable en français qu’en
anglais ! (les commerçants devraient également en prendre de la graine,
supermarchés compris. Mais je ne me prolongerai pas vraiment là-dessus pour
l’heure, bien que le mauvais goût, manifestement, constituât une bactérie fort
répandue).*
De Belles Fêtes, en terminant, aux édiles de la Capitale de la Francophonie
de toutes les Amériques !
Et merci de m’avoir accordé le temps de cette lecture,
Mathilde François,
Région de Québec, 23 déc. ’05
* N’atteignons-nous pas comme société les sommets de la psychologie du
colonisé quand, par exemple, tous les propriétaires de bannières franchisées
d’épicerie – de Provigo à IGA, Super C, InterMarché
ou Loblaw, «québécoise» Métro comprise ! – nous répètent jusqu’à
plus soif qu’ils n’ont pas l’autorité de contrecarrer la décision prise
ailleurs (Toronto maybe ?) et selon laquelle les Québécois doivent
impérativement écouter – dans leurs propres établissements, dans leur propre
patrie, dans leur propre maison en un mot ! – les mêmes sottises
anglo-commerciales que le client de Calgary, Vancouver et Fredericton, voire
Chicago, New York ou… Calais, Paris, et Carcassonne ? Et réalise-t-on à quel
point nous abdiquons notre personnalité linguistique et culturelle jusque dans
le plus infime détail de notre vie quotidienne, comme si c’était là geste non
seulement naturel mais également souhaitable? En clair, serions-nous tous à la
fin, tel un peuple de zombies («La perte de l’âme est indolore», écrivait
Nietzsche), en voie de penser comme l’auteur de cette lumineuse missive:
GO HOME IN FRANCE (???)