Je viens d’écouter sur les ondes de Radio-Canada une petite émission sur le
français comme langue de travail au Québec. Sans citer des données, Mme Nicole
René, PDG de l’OQLF, prétendit que les inégalités entre les francophones et les
anglophones au marché du travail, tant sur le plan de l’embauche que sur celui
des salaires, soient « disparues » depuis l’introduction de la CLF.
Quelqu’un prétendit également une diminution importante de plaintes au cours
des dernières années. Sans avoir des données, on est dans les nuages. En tout
cas, la présomption, évidente dans l’émission, que cette prétendue diminution
signale la francisation généralisée au sein des entreprises me semble très
douteuse. Comme le dit une autre dame (qui chanta la vieille chanson de
l’« ouverture vers toutes les langues »), il faut bien être disposé à faire
respecter ses droits. Combien d’employés n’osent pas chercher des ennuis avec
leurs patrons en se plaignant auprès d’un OQLF hideux dans sa mollesse, sa
lâcheté, son esprit de laisser-faire et de fermeture de dossiers sans suite ?
On dit aussi que parmi les 5200 entreprises de cinquante employés ou plus,
donc obligées d’assurer que le français soit la langue de travail, quelque 4000
ont un certificat de francisation (pas forcément mérité, je me permets
d’ajouter) tandis que 1000 sont en train d’en obtenir un et le reste des « cas
difficiles ». Je voudrais bien savoir où est la difficulté. Ces entreprises
sont-elles obligées de se conformer aux dispositions de la loi, oui ou merde ?
évidemment c’est « oui », sinon on aurait parlé de 200 entreprises exemptes de
la loi au lieu de 200 « cas difficiles ». Alors, pourquoi ne pas dire que ces
cas dits difficiles CONTREVIENNENT carrément à la CLF et y imposer les peines
prévues par la loi ? En effet, je ne comprends pas du tout le but d’une telle
émission, à moins qu’il ne soit de pacifier le grand public québécois en lui
disant des mensonges sur la francisation qui vont à l’encontre de notre
expérience quotidienne ?
Scott Horne
shorne@hornetranslations.com
(Le 21 mars 2005)