La situation du français ne s’améliore pas au Québec et demeure inquiétante
QUEBEC (PC) – La situation du français au Québec est loin de s’améliorer,
selon les derniers calculs du spécialiste Charles Castonguay, de l’Université
d’Ottawa. Les données ajustées du recensement de 2001 indiquent en effet la
proportion de Québécois qui a le français comme langue d’usage au Québec a
diminué constamment entre 1991 et 2001, passant de 82,8 pour cent à 82,5 pour
cent.
De même, la proportion de Québécois ayant l’anglais comme langue d’usage se
réduit de 11,2 pour cent à 10,4 pour cent. Ces diminutions sont compensées par
la hausse de la proportion de citoyens qui ont une troisième langue comme langue
d’usage. Cette dernière catégorie grimpe de 6 à 7,1 pour cent.
Les données paraissent dans l’étude no 3 du suivi de la situation
linguistique, que vient de publier l’Office québécois de la langue française.
Frileux, l’Office ne commente pas ces données; il se contente de dire que seul
l’auteur du document en est responsable.
Le réajustement effectué aux données du recensement par Charles Castonguay
tient compte du fait que quelque 20 000 allophones ont été "oubliés" lors du
dernier recensement et n’apparaissent pas dans les statistiques.
Ces oublis sont attribuables à plusieurs facteurs. Parmi ces facteurs, notons
l’impossibilité de rejoindre ces répondants, l’incapacité de ces personnes à
lire ou à comprendre le français ou l’anglais, la grande mobilité chez les
personnes âgées de 20 à 34 ans, la crainte de répondre de certaines personnes
qui viennent de pays où les documents officiels provenant de l’Etat ont une
valeur inquisitoire, la longueur du formulaire de recensement à remplir, etc.
M. Castonguay a calculé que juste sur l’Ile de Montréal, la proportion des
citoyens ayant le français comme langue d’usage a aussi chuté de 57 pour cent à
55,2 pour cent entre 1991 et 2001.
Celle des personnes ayant l’anglais comme langue d’usage a décrû de 25,9 à
24,4 pour cent. Encore ici, c’est la proportion de ceux qui parlent une tierce
langue qui a grimpé de 17,1 à 20,3 pour cent sur l’Ile de Montréal.
En chiffres absolus, le nombre de ceux qui ont comme langue d’usage une
langue autre que le français ou l’anglais a grimpé de 64 000 sur l’Ile de
Montréal en 10 ans, passant de 308 000 à 372 000.
Pendant la même période, le nombre de locuteurs francophones a diminué de 18
000 et celui de locuteurs anglophones de 20 000.
Selon M. Castonguay, il y a un manque de comparabilité entre les statistiques
des divers recensements.
"Ces ruptures de comparabilité des statistiques entravent singulièrement
l’appréciation de la situation du français au Québec. Il est extrêmement
difficile de corriger les fausses impressions que peuvent laisser des données
diffusées sans les mises en garde appropriées", écrit le professeur Castonguay.
(Article extrait du site de TQS)
(Le 26 décembre 2005)