English Pub in Québec too… : Lettre à (la frenchy) DANONE
MME MICHÈLE MORIN
MICHELE.MORIN@DANONE.com
Responsable Service aux consommateurs
Danone Inc. – Canada
http://www.danone.ca
cc : Impératif français et Office de la langue
française du Québec
Mme Morin,
- Je vous remercie d’avoir donné suite (par votre lettre du 10 courant, qui
se voit reproduite immédiatement ci-bas) à ma correspondance des derniers
jours (publiée en LETTRE À (LA FRENCHY) DANONE) à
l’attention de la firme Danone. - Je suis littéralement soufflé par votre réponse, madame. Explications –
Mais d’abord, comme je vous présume très professionnelle dans vos fonctions,
et que par conséquent vous savez sûrement distinguer les vues et les politiques
de la compagnie Danone de vos propres opinions personnelles
(lesquelles, bien sûr, n’ont pas à intervenir à la faveur d’un contact avec un
client de ladite entreprise), vous répondez donc exclusivement au nom de la
compagnie Danone.
Ne recevez donc pas le succinct commentaire qui suit comme une interpellation
personnelle (vos opinions vous regardent en propre, et vous y avez pleinement
droit), mais bien sous la forme d’une critique plus précise des manières de la
compagnie que vous représentez.
Alors voici, Mme Morin. Votre lettre suinte tout à la fois la condescendance,
le «moralisme bonbon», la myopie culturelle (voire politique) et, last but not
least, vous prenez littéralement votre interlocuteur pour un demeuré qui mélange
tout et qui serait – à l’évidence – un peu étroit de la marboulette. Bref, comme
Danone a à coeur la santé de ses clients (je présume à nouveau),
il fallait bien faire un peu, également, n’est-ce pas, son éducation civique…
Or, précisément, que viennent faire ici l’«humanisme», «la beauté des
cultures multiples» et l’«ouverture»…? Je vous le demande.
Bien sincèrement, je ne vois pas très bien du haut de quelle formidable
arrogance Danone peut ainsi s’autoriser à faire la leçon à sa
clientèle. Et non moins honnêtement, je ne crois pas (cela dit pourtant bien
modestement) que celle-ci soit en mesure de m’apporter beaucoup sur ces
questions – sur lesquelles au reste, et par ailleurs, j’ai passablement réfléchi
dans ma vie. Cela dit, je ne développerai pas un laïus là-dessus pour les fins
de la présente (qui est d’ordre essentiellement commercial, à savoir:
l’explication simple des motifs pour lesquels le client que je suis, ainsi que
sa famille, retirent leur clientèle à Danone), et me contenterai
d’être expéditif. Ou presque.
Les idées que vous mettez en exergue dans votre mot sont des valeurs
louables, que je partage spontanément. Naturellement. Mais hélas! ce
«sermonnage» bien maladroit a non seulement rien à voir avec l’objet du présent
«litige», mais au contraire il faut dire bien haut – comble de tout! – que
Danone fait plutôt preuve d’un mépris «ouvert» de ces valeurs-là
mêmes!
- Lorsque l’on estime faire la promotion des «différences culturelles», Mme
Morin, et que l’on s’en flatte même au point de faire la leçon, ne croyez-vous
pas tout justement qu’il serait dans l’ordre élémentaire des choses de cesser
de tout réduire à la culture anglo-américaine? Je ne sache pas, en effet, que
Danone associât bien d’autres cultures à ses produits que
celle-là. En exclusivité, ou peu s’en faut. à commencer par la maison-mère de
Paris… Eh oui! je connais fort bien la publicité de Danone en
Europe – électronique, télévisuelle et sur imprimés indistinctement. Publicité
qui démontre d’ailleurs qu’il est tout à fait «normal» pour une entreprise
française (in United Kingdom of Navarre and Burgundy…?) de s’adresser
à des Français… en anglais. Incidemment, dans cette optique je vous
convierais bien amicalement à la lecture du court texte tout chaud suivant
d’un Québécois au journal Le Monde, et accessible depuis quelques
heures à peine en:
http://www.vigile.net/05-3/TL-2.html#10). - Le respect des cultures, madame Morin, n’est-ce pas d’abord le respect du
client (et, plus largement, le groupe cible d’une publicité) à qui on
s’adresse spécifiquement??? Je suis convaincu que c’est là une dimension qui
ne vous échappe pas, madame. Car, sauf erreur, je n’ai jamais lu ou entendu
une publicité de Danone s’adressant à un auditoire anglophone (canadian
et american, par exemple) qui ait été présentée de près ou de loin dans
une langue autre (y compris l’accompagnement musical, le cas échéant) que…
l’anglais. Alors, si je comprends bien votre argumentation, madame la
responsable du Service aux consommateurs chez Danone, les
Québécois doivent – selon vous (et/ou Danone) – faire preuve
d’«ouverture» intellectuelle alors que, en revanche, il est dans l’ordre
naturel de la communication publicitaire que les Canadians et les Americans,
pour ne nommer ici que des citoyens de l’Amérique, soient «servis» dans leur
langue, et dans leur langue seulement…
Bref votre discours pontifiant, madame, nous entraîne vers une conséquence on
ne peut plus claire: sous couvert de l’«ouverture» (voire la «tolérance») à la
multiplicité des cultures et des langues, vous prônez objectivement (dans les
faits), quoique peut-être sans vous en rendre compte (je l’espère pour vous car
ce serait alors, disons, un moindre mal), l’assujettissement de toutes sous la
tyrannie d’une seule: l’anglo-américaine.
Aussi, comme défense et caution des manières publicitaires d’une entreprise
qui propose des produits alimentaires, votre propos ne constitue pas exactement,
on en conviendra, ce qu’on peut appeler un mets «sain» et «digeste».
En conséquence, madame Morin, je désire que vous portiez à l’attention de
vos supérieurs (la direction de Danone au Québec et au Canada) le
contenu intégral de notre correspondance, suite à quoi (et de laquelle autorité)
j’attends dans les prochaines heures des explications que décidément, pour la
crédibilité même de la Danone, j’espère plus crédibles que le
contenu de votre malheureuse lettre.
Merci à vous,
Jean Dunois
JeanDunois@sympatico.ca
15 mars 2005
Note : Je vous invite également à ceci :
ASSIMILATION PAR LA PUBLICITÉ. Aire
électronique complémentaire pertinente aux fins de ce dossier:
http://portail.danone.com/Groupe/contact/contact7_new2.html. Autre chose au
passage, Mme Morin: votre numéro de télécopieur n’est pas complet. Ultime
remarque: il est symptomatique de devoir constater que si l’on procède à une
simple recherche «Danone» (également propriétaire, comme on sait,
d’évian, de Volvic et de LU) par le
biais de la grande Toile cybernéenne, on « tombe » spontanément sur un site
parisien… de langue anglaise. Bien entre nous, je ne crois pas que l’homme de
la Libération, de la Ve République (voire d’un Balcon québécois de célèbre
mémoire) soit aujourd’hui malheureux d’être éloigné d’une patrie qui le renie
toujours un peu plus chaque jour. Parfois même à l’occasion – honte à nous tous,
citoyens ! – avec le concours d’une Québécoise… Pardon! mon Général.
Le 10 mars 2005, à 14:18, Michèle MORIN a écrit :
Monsieur Dunois,
D’abord, nous vous remercions d’avoir pris le temps de contacter Danone
Canada. Vos commentaires sont importants pour nous et nous y apportons une
attention particulière.
Nous regrettons que le choix de la musique de notre publicité vous ait
offensée. Danone Canada, compagnie sise à Boucherville au Québec est une
entreprise francophone, certes, mais riche aussi de son multiculturalisme,
puisqu’elle emploie, à son siège, des gens qui viennent de partout dans le
monde.
Nous sommes d’avis, aussi que l’art en général, la musique, comme la peinture
ou la danse, utilise une langue universelle. Une jolie mélodie, qu’elle soit
américaine ou iranienne, demeure une jolie mélodie.
L’humanisme, tout comme l’ouverture faisant partie de la culture de Danone de
par le monde, nous restons attentifs à ce qui se fait de bon et beau dans
d’autres pays et cultures.
Encore une fois, nous vous remercions d’avoir communiqué avec Danone. Si vous
avez d’autres questions ou commentaires, n’hésitez pas à communiquer avec nous à
nouveau.
Veuillez accepter, Monsieur Dunois, nos sincères salutations.
Michèle Morin
Responsable Service aux consommateurs
Danone Inc. – Canada
http://www.danone.ca
100 rue de Lauzon
Boucherville, Québec
J4B 1E6
450-655-7800 / 1 800 363-9927 poste #2245
télécopieur : 450-655-903
Lettre à (la frenchy) DANONE
Référence : Lettre à (la frenchy) DANONE
Je vous informe que ma famille et moi abandonnons sur-le-champ les produits
DANONE.
J’en ai assez, moi aussi, de me faire interpeller de plus en plus en
anglais par des médias d’expression française, notamment télévisuels.
Mme Pisier a raison : le Québec n’est pas la France (ou la Belgique et la
Suisse, où c’est pire encore!). Car là-bas, c’est la reddition systématique
en effet. Et ce, depuis déjà de nombreuses années.
Or chez nous, le vocable «Résistance» signifie – encore – quelque chose.
ça suffit la dictature anglo-américaine – ô combien insidieuse – comme s’il
s’agissait là d’un phénomène «naturel».
Je suis un homme investi de dignité par mon humanité même.
Pas de la viande à pâtée pour les George Double V Bouch de ce monde.
Oui. ça suffit.
Jean Dunois,
10 mars 2005