Les étudiants doivent aller jusquau bout de leurs revendications.
Ce qui se passe au Québec actuellement est très intéressant. Les hommes
politiques parlent dargent, de chiffres; les étudiants parlent dune nouvelle
société. Et ce qui est peut-être encore plus remarquable, cest que les
étudiants ont la sympathie du public. Ils sont plus structurés que les hommes
politiques, ils ont une conscience sociale plus éclairée et font preuve dune
grande maturité.
Au fond du conflit, donc, ce sont deux conceptions de la société qui
saffrontent. Il y a quelques jours, le Premier ministre, qui reste maintenant
dans les coulisses, disait que les étudiants québécois étaient les mieux traités
au monde. Il nétait pas au courant quen France et dans dautres pays
européens, léducation est gratuite à tous les niveaux. Le ministre de
léducation ne semble pas conscient non plus que le monde est en train de
changer. Il devrait lire ce que les manifestants ont écrit sur leurs pancartes:
«Non au poison libéral!», «Léducation, droit ou privilège?»
Quand les étudiants réclament la gratuité scolaire, ils veulent une société
plus humaine, plus démocratique, plus juste. Ce quils contestent, cest
justement le type de société fondée sur la «pensée managériale» qui ne se soucie
pas des êtres humains mais avant tout dune certaine économie de marché. Il faut
que les étudiants comprennent que ce quils réclament, ils ne peuvent lobtenir
dans la société canadienne actuelle qui saligne sur les états-Unis. (Dautant
plus que les Commandites nous coûtent bien cher!). Les étudiants veulent une
nouvelle distribution de la richesse. Ils doivent avoir conscience quen dernier
ressort, ce quils revendiquent, cest un nouveau pays. Ce quils réclament, ils
ne peuvent lobtenir que dans un Québec indépendant.
Paul-émile Roy
peroy@globetrotter.net
18 mars 2005