Cet article de la Presse canadienne est extrait du site OUI-MAIS-TOSCOPE,
http://www.oui-mais-toscope.info/node/325
Norman Delisle
Presse Canadienne
Un Québécois amateur de ce genre de divertissement vient de transmettre à cet
égard un volumineux dossier au gouvernement Charest.
Steve Gagné, un citoyen de Québec, a analysé des centaines de DVD distribués
au Québec, ainsi que leur pochette demballage.
Les grands distributeurs de DVD «négligent toujours de se conformer aux
obligations contenues à larticle 51 de la Charte de la langue française,
notamment celle doffrir des emballages francisés pour les films dont la trame
sonore est en français», écrit M. Gagné dans un document de plus de 200 pages
transmis à la ministre Line Beauchamp. Le document est illustré de nombreuses
photographies et photocopies de pochettes fautives.
M. Gagné identifie nommément plusieurs multinationales américaines du cinéma
dont les produits contreviennent ainsi à la loi 101.
Il invite le gouvernement à renforcer la loi 101 par lajout dun article,
afin de contrer «langlobalisation» du marché du DVD au Québec et de protéger la
langue française.
Parmi les irrégularités relevées dans le dossier compilé par M. Gagné, on
note les suivantes:
- des emballages de DVD ne sont pas conformes à la loi, car elles ne sont
écrites quen anglais;
- des DVD sans la trame sonore française circulent au Québec alors que cette
trame française est disponible ailleurs dans le monde;
- les suppléments (quon appelle les «bonus») de certains DVD ne sont
souvent quen anglais, sans sous-titres;
- la distribution de la version française dun DVD est parfois limitée. Les
quelques copies françaises disparaissent des tablettes pour ne faire place
quà la version anglaise. On habitue ainsi le consommateur à se procurer la
version anglaise;
- des versions spéciales de certains films, appelées «éditions pour
collectionneurs», ne comprennent que la version anglaise, même si lédition
originale avait été distribuée en français;
- enfin, des classiques français arrivent au Québec avec des emballages
rédigés exclusivement en anglais. Ou encore la version française nest
disponible que plusieurs mois après la version anglaise.
Au cabinet de la ministre Beauchamp, une adjointe, Mélanie Maisonneuve, a
indiqué à M. Gagné que plusieurs des lacunes soulevées ne constituaient pas des
transgressions à la loi 101.
Cest le cas notamment de labsence de trames sonores en français pour
certains DVD.
Mais les plaintes portées par M. Gagné auprès de lOffice ont amené huit
commerçants québécois à devoir retirer des DVD. De plus, deux entreprises
étrangères ont reçu une mise en demeure, a expliqué Pierre Millette,
porte-parole de la ministre Beauchamp.
à lOffice de la langue française, on admet que limmense popularité du DVD
comme support de diffusion culturelle «commande dêtre attentif à l
évolution du marché de langue française, et de ne pas accepter de nous soumettre
à des décisions commerciales prises par les grands producteurs».
Le porte-parole de lOffice, Gérald Paquette, a souligné à la Presse
Canadienne quil y a «certaines inégalités de traitement en ce qui a trait à la
commercialisation des films DVD, car le territoire du Québec est considéré par
lindustrie comme faisant partie de la zone 1, soit la zone américaine, par
rapport aux films offerts en France, dans la zone 2, dite zone internationale».
Mais au sujet de lemballage des DVD, seuls ceux ayant une trame sonore en
français doivent obligatoirement être présentés dans un emballage comportant des
renseignements en français, explique M. Paquette.
Les autres films sont vus comme des produits culturels et leur emballage peut
être rédigé uniquement en anglais.
Enfin, lOffice de la langue française souligne quil existe un marché
«gris», cest-à-dire un marché qui favorise loffre de produits en solde qui
nétaient pas originellement destinés au marché québécois, et dans lesquels les
règles linguistiques sont souvent transgressées.
(le 14 août 2005)