Vers la bilinguisation de lUQO ?
Guy Bellemare, Ph.D.
Professeur, Relations industrielles
LUQO vient de rendre public un projet de politique de
formation en anglais qui ouvre la porte à la bilinguisation de la seule
université francophone dans la région de la capitale nationale.
Un rapport détape en décembre 2003
avait soulevé de graves problèmes daccès à des cours pour des étudiants
francophones de lUQO alors que parfois seulement la version anglaise du
programme soffrait. Ces programmes anglais étaient suivis par plus de 58 % de
francophones et lunilinguisme des étudiants anglophones entrainait une
bilinguisation rapide du fonctionnement de lUQO. Devant cette situation, la
direction de lUQO propose de nouvelles orientations. Avant den discuter, nous
rappelons quelques faits.
Le recensement de 1996 indique que les franco-ontariens
sassimilent à un taux de 24,7 % à langlais. Dans la Région Métropolitaire de
Recensement Hull en 1991 et 1996, le français enregistre des pertes respectives
de 574 et de 290 francophones comparativement à des gains de 4 448 et de 4 730
personnes pour la langue anglaise aux mêmes dates de recensement (étude réalisée
pour Impératif français). Par ailleurs, lUQO compte encore très peu de
programmes en français malgré un bassin de population plus important que celui
des universités de Sherbrooke, de Trois-Rivières et de Chicoutimi.
Les recommandations principales
Deux recommandations doivent être discutées car elles vont
dans des directions contradictoires. La première recommandation est à leffet
que lUQO cesse dadmettre des étudiants aux versions anglaises de ses
programmes à compter de lété 2004. Une recommandation raisonnable qui permet de
réaffirmer la mission de lUQO : « LUQO est une université de langue française
».
La recommandation no 5 contredit cet énoncé en recommandant
quil puisse y avoir dans chacun des programmes détudes de 10 à 30 % des cours
en anglais. Cette recommandation doit être rejetée car elle est contraire à la
mission de lUQO et parce quon se retrouverait avec la situation ridicule
suivante : des professeurs francophones qui enseignent en anglais à des
étudiants francophones ! LUQO doit offrir tous ses cours disciplinaires en
français si elle veut demeurer un instrument au service du
développement de la communauté francophone de lOutaouais et non pas un
instrument dassimilation.
Les promoteurs de langlais plaident que
linternationalisation exige des cours en anglais. LUniversité de Montréal et
lUQAM sont des universités beaucoup plus internationales que lUQO et elles ont
pourtant adopté une politique linguistique qui fait du français la seule langue
denseignement à tous les cycles détudes, la seule exception notable étant pour
les cours de langues. La situation de lemploi des francophones dans la capitale
nationale montre que les universitaires formés au Québec trouvent de lemploi
dans la fonction publique fédérale et dans le secteur privé ontarien. Il ny a
pas de problème majeur avec leur anglais. Les étudiants universitaires québécois
qui éprouvent des problèmes peuvent prendre 3 cours danglais langue seconde
dans le cadre de leur formation à lUQO. Mais comme le dit le Recteur de lUQAM,
Roch Denis : « Des cours danglais, pas des cours de gestion en anglais ».
La fin des programmes anglais fera perdre à court terme des
clientèles étudiantes mais à moyen terme, la bilinguisation nous fera perdre une
partie de la clientèle de lOutaouais québécois et les franco-ontariens qui
choississent lUQO parce quelle est luniversité en français.
Lexpérience des programmes anglais de lUQO confirme les
pires craintes. Selon certains de ces étudiants, le français nest pas la langue
des affaires, « It.s better in English – economical view ». Des énoncés
défaitistes et assimilateurs classiques. LUQO, comme institution de
développement francophone, na pas à participer à cette assimilation, mais doit
plutôt permettre aux étudiants francophones de lOutaouais de pouvoir exercer
leur libre choix détudier en français à lUQO en développant une gamme
complète de programmes. Pour le moment, plusieurs étudiants francophones sont
privés de cette liberté et sont contraints pour une bonne part détudier à
Ottawa, en partie en anglais, ou de sexpatrier à Montréal.
Louverture du Québec sur le monde,
tant au plan culturel quéconomique (une des économies les plus ouvertes au
monde en termes dimportations et dexportations ) sest fait grace à son
affirmation francophone tout au long des années 1960-2000 et grâce au
développement de son réseau duniversités francophones.
En conclusion, non à la bilinguisation de lUQO. Comme le
disait léditiorialiste du Droit (8 janvier 2004) : « Ce qui tombe sous le sens
doit le demeurer. Comme les Universités du Québec françaises ». Les Recteurs des
universités de Montréal et de lUQAM ont pris une position claire pour lusage
exclusif du français dans tous les programmes denseignement de leurs
universités. à quand une position claire en ce sens du Recteur de lUQO,
Monsieur Francis Whyte ?
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« Ce qui tombe sous le sens doit le demeurer. Comme les
Universités du Québec françaises ».
Quelques adresses utiles :
Monsieur Pierre Reid
Ministre de léducation
Monsieur Benoît Pelletier
Ministre responsable de lOutaouais
Madame Pauline Marois
Députée de lopposition
Monsieur Francis Whyte
Recteur
Université du Québec en Outaouais
Monsieur Denis Dubé
Vice-recteur à lenseignement
Université du Québec en Outaouais
Association générale des étudiant(e)s
Université du Québec en Outaouais
Syndicat des chargé(e)s de cours
Université du Québec en Outaouais
Syndicat du groupe professionnel
Université du Québec en Outaouais
Syndicat des professeur(e)s
Université du Québec en Outaouais
Association des diplômé(e)s
Université du Québec en Outaouais
(Le 30 janvier 2004)