Réponse aux propos du président du Canadians for language fairness publiés
sur le site d’Impératif français à l’adresse suivante: APPUI AU RÉFÉRENDUM
Ce texte représente bien les dispositions des Canadiens anglais à l’égard du
Québec. Depuis des décennies, voire depuis 1760, les mêmes préjugés ont été
entretenus par la communauté anglophone vis-à-vis du Québec. Le Québécois est un
attardé, un inférieur, un gueulard. Bien que les sociétés industrielles
canadiennes phares soient maintenant des sociétés québécoises, dans la psyché
canadienne anglaise, le Québécois ne sait toujours pas travailler. Il vit en
parasite sur le reste du Canada, il est paresseux. Grâce aux Canadiens anglais,
il a pu s’élever un peu dans l’échelle des sociétés mais à peine.
Tout cela a été merveilleusement décrit par Normand Lester dans ses trois
volumes du « livre noir ». Ceux qui ne connaissent pas le Canada ont du mal à
croire l’authenticité de ce qui est écrit dans ce livre ou bien ils prennent son
auteur pour un fanatique farouchement anti-anglais.
Pourtant, tout ce qu’il a dit est rigoureusement exact. Les préjugés et le
racisme vis-à-vis des Québécois sont plus vivants que jamais. Comment les
Canadiens anglais ont-ils pu rester sur des positions aussi archaïques, aussi
contraires à la réalité observable ? Comment ce type de disposition mentale
a-t-il pu se pérenniser alors que l’on a tendance à croire que les pays
anglo-saxons sont les plus perméables aux idées nouvelles et que les sociétés
anglophones évoluent mieux et plus vite que les autres.
Les stéréotypes vis-à-vis du monde anglo-saxon demeurent eux aussi. On ne se
rend pas compte du décalage immense entre la réalité et la perception que l’on
en a. Depuis que les nations anglophones semblent croire que leur idiome est
devenu la /lingua franca/ de la planète et quelles ont dispensé leurs citoyens
de létude des langues étrangères, des observateurs, anglo-saxons la plupart du
temps, ont dénoncé lisolation progressive de leurs pays respectifs par rapport
aux grands courants de pensée mondiaux en dépit dInternet et des autres moyens
de communication instantanée. Malgré létendue de leurs réseaux de
communication, le déphasage dopinion et de perception entre les Anglo-Saxons (à
qqs exceptions près pour l’Australie et l’Angleterre) et le reste de la planète
non anglophone se creuse de plus en plus comme on peut facilement le constater
avec leur interprétation de la situation irakienne. La diffusion internationale
de langlais a eu pour effet inattendu denfermer les Etats-Unis dans un
véritable ghetto à partir duquel ils ne comprennent strictement plus rien aux
événements planétaires. Les bourdes, bévues, bavures et inepties quils
commettent actuellement en politique internationale en sont la meilleure preuve.
Je demandais à un ami québécois d’une soixantaine d’années pourquoi il
portait des lunettes à verres bifocaux plutôt que des verres progressifs. Il m’
a répondu que le verre progressif étant d’invention française, un tir de barrage
avait accueilli cette innovation en Amérique du nord que l’on perçoit au
contraire comme étant avide de nouveauté, de progrès et de confort dans tous les
domaines. Eh, oui ! Le progrès n’est pas forcément accueilli par les
Anglo-Saxons avec bienveillance quand il ne vient pas d’eux ! A mettre également
sur l’autel de l’obscurantisme anglo-saxon la farouche adhérence au système
d’unités anglaises. Il y a qqs années, le « National Geographic » avait pris
l’initiative d’éliminer de sa revue les pouces, les pieds et les degrés
farenheit pour les remplacer par leurs équivalents métriques.
Cette mesure avait déclenché un tollé de protestation ! A cause de
l’obscurantisme anglo-saxon, nous devons encore tolérer des quotations en
BARILS, en ONCES, en BUSHELS, en PIEDS (altimètres sur les avions de ligne).
Bonjour, les débilités !
Charles Durand
charles.durand@auf.org
(Le 21 ovtobre 2004)