LE PRINCIPE DE PETER JAMES
Lettre à mon Premier Sous-Ministre
M. Jean Charest,
Premier ministre du Québec
(Premier serviteur du Canada ?) *
Désolée de vous apprendre dès l’abord que c’est l’"appât" lexical «Mouton
insignifiant», via «Google», qui m’a entraînée vers vos quartiers (http://www.premier.gouv.qc.ca/general/exprimez_vous/exprimez_vous.htm
ou: CommentairesPM@MCE.Gouv.Qc.ca)…
Alors puisque j’y suis, aussi bien vous dire ce que j’ai sur le coeur…:
On n’a pas le droit d’être le chef d’une nation, monsieur le premier
ministre, alors que l’on n’est d’aucune manière pénétré en son âme et conscience
de l’état même du peuple qui la compose.
Je vous reconnais le droit à titre de citoyen, M. Charest, et ce à l’instar
de votre prédécesseur à la tête du Parti libéral du Québec (PLQ), M. Daniel
Johnson, d’affirmer, ne fût-ce qu’en pensée et en aparté pour vous même: «Canada
first and foremost!». Mais il se révèle rigoureusement intenable au plan de
l’honnêteté intellectuelle que le chef de l’état du Québec menât la barque du
pays de Félix Leclerc investi d’un pareil credo politique.
Je me soumets sans difficulté aux fréquents et multiples verdicts de la
démocratie, monsieur. Pas à l’insignifiance et à l’aveuglement idéologique à la
petite semaine.
Car j’ai l’impression en effet, et nonobstant mes propres allégeances que je
ne cherche pas ici à dissimuler, que nous avons mis à la tête du pays des Ferron
et des Miron un ado acculturé, riche de quelques idées préconçues issues de
fréquentations douteuses, et en outre assaisonnées de la lecture – en diagonale
– de trois ou quatre bouquins. édités à Toronto. Ou Ottawa.
M. Charest, j’ai des ami(e)s, des vrais – chiliens, haïtiens, belges et
même… britanniques! Qui sont plus profondément québécois que vous. ça n’a pas
de sens d’avoir un «émigré de l’intérieur» (pour reprendre une formule connue,
et ce parce que votre esprit est "ailleurs", véritablement, que dans le coeur et
le corps du Québec) à la tête du toujours précaire (par essence) unique état
français d’Amérique du Nord.
Non, décidément, aucun sens.
Les quidams, permettez-moi le vocable un peu rude, ne sont point formés, ou
forgés, pour diriger les peuples. Et on ne s’improvise pas Maître d’une science
dont on ne saisit pas même le b-a ba.
Aussi monsieur, permettez-moi d’y aller sans détour : je honnis l’actuel
gouvernement du Québec (presque…?) autant que j’ai pu (des années durant, et
en silence) vilipender, voire mépriser, M. Jean Chrétien, le Parti Libéral du
Canada (PLC) et sa (leur) répugnance viscérale de la QuébéCité.
« Entre la chair et l’os… », écrivait Félix dès 1970…
Et moi… qui jusqu’alors ne méprisais rien plus que le mépris même.
Qu’est-ce que le politique québécois est en train de faire de moi…?
Hélène Pisier
QcIndependance@yahoo.Fr
Désormais s’autoproclamant « Renarde exaspérée »
Québec, ce 8 février 2004
* « Ministre », issu étymologiquement de : « Serviteur ».
PS : Je n’ai jamais osé dans ma vie écrire quelque chose du genre à un(e)
élu(e). Puissiez-vous par conséquent comprendre ma rogne irrépressible, M. le
premier ministre. Non seulement j’estime que vous n’avez pas l’étoffe d’un chef
d’état, mais, ce qui est plus grave encore, vous n’avez pas du tout cet amour ou
passion de la patrie québécoise – condition élémentaire, absolue,
incontournable, sine qua non – nécessaire pour en détenir les rênes avec vision
et intégrité. Ne comprenez-vous donc pas que vous n’avez pas d’affaire «là»? En
un mot: votre inaptitude, vos déficiences et votre aveuglement aux intérêts
supérieurs de la nation usurpent la fonction même de Premier magistrat.
Allez-vous-en avant de saccager irrémédiablement le miracle social de la
Révolution tranquille qui (en dépit des maladresses, inévitables), en quelques
années à peine, a littéralement transporté le Québec du XIXe dans le XXIe
siècle… Oui, allez-vous-en monsieur. Avec sagesse, celle de saisir, pendant
qu’il en est encore temps, les effets néfastes de l’ignorance volontaire du
«Principe de Peter». Bref, avant d’engendrer la haine sinon la violence.