Décès de Claude Ryan
Le maître d’oeuvre de la loi 86 qui vint
donner à Montréal ce caractère anglais.
La télévision et la radio nous ont fait part dès les premières heures, le
9 février, du décès de M. Claude Ryan, ancien Directeur du Devoir et ancien
«Politique» du Québec.
Depuis cette première annonce, nous fûmes envahis de témoignages dithyrambiques,
(voir le Devoir d’aujourd’hui) comme si cet homme n’avait que des qualités. à
entendre tous ces témoignages, cet homme avait rendu de fiers services à son
peuple et à son pays. Si nous considérons son pays comme étant le Canada, ces
témoignages revêtent tous leurs sens. S’agissant du Québec, c’est une toute
autre histoire.
Bien sûr, les «Politiques», que ce soit le Premier ministre du Québec ou le chef
de l’opposition, ou d’autres jouissant de titres que leur confèrent les postes
qu’ils occupent, ne peuvent ou évitent de dire des choses que la rectitude
politique ne permet pas. Dans les prochains jours ou les prochaines semaines,
lorsque ces gens seront débarrassé de l’émotion causée par ce décès, certaines
personnes trouveront probablement qu’il y eu exagération dans les éloges
qu’elles ont eus à l’égard de ce serviteur du Canada, «anglais» surtout et elles
réagiront différemment. Du moins, cela est à souhaiter!
De la part de Jean Charest, Premier ministre libéral du Québec, tout est
compréhensible. De Bernard Landry, Chef de l’opposition et président du Parti
Québécois, nous aurions souhaité qu’il fut plus sobre dans ses propos, surtout
lorsque l’on considère le rôle joué par Claude Ryan lors du référendum de 1980.
Il lui aurait été possible, comme tout bon citoyen, de présenter ses
condoléances à la famille éprouvée par la mort de M. Ryan, ce qui est tout à
fait normal pour celui qui occupe un poste comme le sien. Et nous l’aurions
appuyé, avec tout le respect que mérite un décès. Lorsque la mort atteint une
famille, on se doit de sympathiser avec elle, puisque ces gens sont dans la
peine. De là à reconnaître à celui qui est décédé, toutes les qualités que lui a
reconnues M. Landry, il y a une démarche dans laquelle on ne peut le suivre.
Comment a-t-il pu oublier la hargne de Claude Ryan dans la victoire du «non»
en mai 1980? Comme travailleur dans le camp du «oui», il m’est impossible
d’oublier le vindicatif chef du non, qui n’a pas su se faire humble et
magnanime dans la victoire du Canada contre son peuple? C’est souvent dans la
victoire que l’on reconnaît la grandeur chez un homme, ce que Claude Ryan fut
incapable de faire. Comme dans la devise du Québec, «je me souviens». Et je
souhaite que plusieurs autres indépendantistes s’en souviennent.
Bien sûr, il existe une entente tacite entre les politiciens à l’effet qu’ils ne
doivent pas dire ce qu’ils pensent en pareille circonstance. Cela s’appelle de
la rectitude politique à laquelle ne devrait pas, et ne doit pas être tenue, le
simple citoyen. Celui-ci a le droit de voir dans l’homme, fut-il décédé, ses
traits de caractère, ses bons et ses mauvais côtés. Ce dont ne se sont pas
privé certains adversaires, pour ne pas dire ennemis, de M. René Lévesque lors
de son décès. Dans ce sens, il me semble logique de ne pas tomber dans les
travers de la rectitude politique, en démontrant que cet homme,même s’il est
décédé, fut un «grand Canadien » et un Grand libéral pan-canadien québécois.
Pour ce qui est d’être Québécois, dans le sens reconnu par ceux et celles
voulant se donner un pays indépendant, nous repasserons.
Ainsi nous nous permettrons de démontrer, que l’homme politique qui vient de
quitter cette terre, n’a jamais lésiné sur les moyens pour combattre les désirs
d’émancipation de son peuple. Quelle démagogie n’a-t-il pas démontrée dans
l’affaire des « Yvette », lorsqu’il a utilisé l’erreur de parcours, si erreur
il y a eue de la part de Mme Payette, pour en faire l’hymne à la gloire du
Canada, et amener ses concitoyennes à dire non à leur libération. à cette
occasion il s’est vraiment montré sous son vrai jour, nous démontrant qu’il ne
lésinerait pas sur les moyens pour défendre son cher Canada. Qu’on nous permette
de nous souvenir de ce fait qui nous permet de mieux connaître le politique tel
qu’il était.
On ne doit pas oublier par ailleurs, que Claude Ryan fut le maître
d’oeuvre ( comme ministre) de la loi 86 qui vint donner à Montréal ce caractère
anglais ( et non bilingue comme certains journalistes tentent de nous le faire
croire) que nous connaissons , et que la loi 101 de M. Camille Laurin et du
Parti Québécois lui avait enlevé. Voilà pourquoi il nous est très difficile de
comprendre le sens des mots utilisés par le président du Parti Québécois dans
sa déclaration qui a suivi le décès de M. Ryan, puisqu’il était assis aux
premières loges de cette honteuse démarche de la part d’un ministre du
gouvernement libéral du Québec, loi d’ailleurs que le Parti Québécois devait
faire disparaître, ce qu’il n’a jamais fait, afin de permettre à Lucien Bouchard
de se regarder dans son miroir. La rectitude politique étant ce qu’elle est,
mieux vaut encenser un ennemi décédé que de dire la vérité. Mais l’histoire
jugera certainement ces gens qui ont refusé de réagir après avoir promis
d’abroger la loi 86,et elle jugera de même Claude Ryan et le parti libéral à
l’aune de cette loi.
Chef du Parti Libéral et sauveur du Canada?
D’aucuns ont vu dans l’arrivée de Claude Ryan, le sauveur du Canada. Mais peu de
gens ont vu la méthode utilisée pour atteindre ses fins. En certains milieux,
on oublie ou on tente d’oublier, que sous le couvert d’un analyste de la chose
politique, se cachait un individu avide du pouvoir. Nous n’avons qu’à nous
souvenir de la méthode utilisée par Claude Ryan, directeur du Devoir, pour se
défaire d’un journaliste qui ne partageait pas ses vues sur l’avenir du Québec.
Tu publies tes articles et tu quittes le journal, ou tu les oublies, tu
acceptes une autre tâche, et alors tu conserves ton poste. Déjà, on pouvait
s’en rendre compte, il ne lésinait pas sur les moyens pour défendre le Canada et
son supposé fédéralisme. Mais personne n’avait encore vu le subterfuge qu’il
utiliserait afin de pouvoir occuper un poste qu’il convoitait,tout en laissant
croire qu’en dehors du journalisme, la politique ne l’intéressait pas. Allez-y
voir. à qui ferons-nous croire, lorsqu’en 1976 il demandait aux Québécois de
voter pour le Parti Québécois, qu’il ne lorgnait pas dès ce moment, le poste de
Robert Bourassa? On ne doit tout de même pas nous prendre pour des aveugles ou
des ..! L’histoire étant ce qu’elle est, elle a réussi à nous démontrer que
l’homme a réussi à atteindre ses objectifs, devenir le chef du Parti Libéral et
le sauveur du Canada; pour un certain temps. Je dis bien un certain temps, car
l’idéal poursuivi par les Canadiens-français québécois ne saurait mourir,
quelqu’importante que fut l’action de Claude Ryan pour le faire disparaître. Le
Québec indépendant de langue française naîtra pour le plus grand bienfait de
son peuple et de l’humanité. Et Claude Ryan pourra , du haut de la grandeur que
le Canada lui aura donnée, pour les services qu’il lui aura rendus, admirer ce
peuple qui veut vivre et se développer en langue française, dans le concert des
nations libres et indépendantes. Malgré tous les prophètes de malheur de sa
qualité, le temps n’est pas loin où le Québec sera un pays libre et indépendant
et libre de toute ingérence du Canada anglais, pour devenir le foyer national
de tous les locuteurs de notre langue en terre des Amériques, pays capable de
participer de plein droit au monde la francophonie et de la francité sans
rechercher la permission du Canada anglais.
Claude Ryan a bien mérité du Canada anglais. Du Québec, il a bien démérité!
Malgré tout, nous souhaitons que le Seigneur l’accueille en son paradis,
chaque individu ayant droit aux espoirs que lui confère sa «foi».
Jacques Bergeron
Saint-Denis, Montréal, Québec
courriel : jacberger@yahoo.fr
Le 10 février 2004