Je m’oppose vivement à l’anglicisation qui se fait passer pour le
bilinguisme. Le vrai bilinguisme s’agirait, au Québec, d’une diversité de
langues secondes et d’un système scolaire qui la favorisait. Le « bilinguisme »
au Québec n’est qu’un mensonge. Imaginez ce dialogue :
A : Ce poste exige le bilinguisme. êtes-vous bilingue ?
B : Oh oui, je maîtrise parfaitement le français et le tamoul. De surcroît,
j’ai des bonnes notions du malgache et du guarani.
« Bilinguisme » veut dire anglais et français. De plus en plus, il veut dire
anglais tout court.
Il veut dire que le francophone connaît l’anglais et est prêt à l’employer
(soumis donc) et que l’anglophone s’efforcera à apprendre le français si les
contraintes de production lui permettent d’aller aux cours de francisation payés
pour lui (pas beaucoup de «chance» donc).
Patrick Andries
patrick.andries@xcential.com
Qui plus est, énormément de postes au Québec exigent l’anglais, y compris
nombreux qui n’exigent pas le français. Peu de postes au reste du Canada (sauf
peut-être à Ottawa) exigent même une connaissance de base du français – et
peut-on imaginer un seul poste dans la Saskatchewan ou en Colombie-Britannique
qui exige le français mais pas l’anglais ?
Pour ce qui est des cours payés, je trouve infiniment dégueu le fait que le
Québec offre aux immigrants des cours gratuits d’anglais. Ils sont encore plus
fréquentés que les cours gratuits de français. On pourrait au moins exiger que
les immigrants apprennent un peu le français avant d’avoir droit à des cours
payés d’anglais.
Scott Horne
shorne@hornetranslations.com
Voici un extrait tiré du site Internet du ministère du Patrimoine canadien (
http://www.canadianheritage.gc.ca/progs/lo-ol/pubs/mythes/francais/mythes.html
) :
« La plupart des fonctionnaires du gouvernement fédéral ne sont pas
bilingues. Au sein de la fonction publique, 68 p. cent des postes requièrent
l’usage d’une seule des deux langues officielles. Seulement 32 p. cent des
postes sont bilingues.
« En 1996-1997, seuls 18 p. cent des postes à doter dans la fonction publique
exigeaient le bilinguisme au moment de la nomination. Ainsi, des anglophones
unilingues auraient pu poser leur candidature à 68 p. cent des concours, alors
que des francophones unilingues n’auraient pu postuler que 32 p. cent des
emplois disponibles. »
Malgré tout, bon nombre d’anglophones du Canada (surtout dans l’Ouest)
estiment que le bilinguisme officiel procure un avantage indu aux francophones
(qui sont plus nombreux à être bilingues que les anglophones).
Apparemment, il n’est pas venu à l’esprit de ces personnes que l’anglais
n’est pas inné chez les francophones et, en outre, que le français est aussi une
langue qui s’apprend. Même pour un anglophone.
Mais bon, le problème est toujours le même au Canada : les Canadiens anglais
ne voient souvent pas la justification de devoir apprendre la langue de la
minorité. Le bilinguisme officiel du gouvernement fédéral ne visait après tout
qu’à entretenir le mythe des deux peuples fondateurs chez les francophones du
Québec, ce qui a bien fonctionné, mais jamais le Canada anglais n’a vu les
choses ainsi. Pourquoi donc le Québec n’accepte pas, une fois pour toutes, son
rôle de simple minorité parmi tant d’autres? Parce qu’il ne se perçoit pas
ainsi. C’est la raison même pour laquelle l’indépendance n’apparaît pas utile
pour un bon nombre de Québécois francophones, qui croient réellement qu’ils ne
sont pas perçus hors Québec comme une simple minorité.
Si les deux solitudes se comprenaient vraiment, il me semble évident que les
deux admettraient qu’il vaut mieux, dans leur intérêt mutuel, que les deux
empruntent chacune leur propre chemin… ce qui n’empêcherait pas certains
recoupements sur les questions où il y a convergence de points de vue.
Louis Labonté
Louis.LaBonte@videotron.ca
(Le 23 octobre 2004)