A l’honneur !
Le fait est suffisamment rare pour être remarqué. Même la télévision
habituellement peu réceptive aux questions linguistiques s’en est fait l’écho.
Des élus français, lundi dernier, au Conseil de l’Europe, ont osé quitter la
salle lorsque Jean-Claude Trichet, a priori Français et francophone, a cru
devoir s’adresser au Parlementaires en anglais.
Le Président de la Banque européenne a retrouvé l’usage de sa langue
maternelle pour les supplier : "Je vous en prie, ne partez pas". Il s’excuse :
"Pardonnez-moi, Messieurs. Pour les parlementaires présents, j’indique en
français que dans ma propre organisation la langue de travail est l’anglais."
Malgré ses supplications et ses excuses, les mutins de Strasbourg ne
regagnent pas leur place. Abasourdi, il a bien besoin du soutien du président
autrichien de l’Assemblée, pour continuer avec le même accent à couper au
couteau son intervention dans la langue de Shakespeare.
Reprenant ses esprits dans la deuxième partie de son intervention sur "l’euro
et la grande Europe", il retrouve pour s’exprimer la langue de Molière.
Attitude courageuse de nos représentants mais bien tardive. La question
linguistique aurait dû être tranchée bien avant l’élargissement de l’Union
européenne à 25 Etats.
A noter que dès le 24 juin, le Parti Socialiste Européen, sur son site
www.socialistgroup.org,
sonde les internautes : "Pensez-vous que l’anglais devrait devenir la langue
officielle unique de l’EU ? "
Le débat est ouvert mais la solution ne peut être que politique…
Jean-Claude CHARVOZ
jc.charvoz@ildif.com
(Le 29 juin 2004)