DISCRIMINATION à L’EMBAUCHE AU QUéBEC
Témoignage d’un immigrant francophone.
(…) C’est injuste, déconcertant, frustrant,… c’est tout ce qu’on peut
qualifier de négatif comme résultat de recherche d’emploi au Québec lorsqu’on ne
parle que français et qu’on est de surcroit immigrant.
S’aventurer dans les régions anglophones sans parler anglais assez n’est pas
évident non plus.
Depuis deux ans, je suis suppléant dans une commission scolaire et ma spécialité
est d’enseigner le français du prescolaire au secondaire en passant par le
primaire, ou encore enseigner "en français" s’il s’agit des autres matières.
Y a-t-il réellement une pénurie d’enseignants au Québec?
Les classes ont ouvert leurs portes le 28 août 2003. Depuis cette date
jusqu’à l’heure où j’écris ce message, aucune technicienne, aucune répartitrice
de ma commission scolaire ne m’a appelé pour aller donner un seul cours de
remplacement dans l’une des écoles qui relèvent de la commission scolaire où
j’ai signé le contrat. Comment procède-t-on pour des remplacements ponctuels,
des contrats,…? Connaissances peut-être!!!
Diplômé en langue et littérature françaises, diplômé en sciences de
l’éducation, je suis détenteur d’un permis d’enseigner et de l’équivalence
d’études délivrés par le ministère de l’éducation du Québec. Je tiens à vous
préciser que j’ai envoyé des curriculum vitae dans pas mal de commissions
scolaires de la province.
L’hypothèse qui fait croire que les "décideurs québécois", du plus bas au
plus haut de l’hiérarchie, veulent qu’immigrants aillent travailler à la
manufacture malgré Diplômes, Doctorats, expériences, … tend à se confirmer.
Ce n’est pas étonnant que certains immigrants s’en aillent pour ne pas dire
foutent le camp avant même d’obtenir leur citoyenneté. Au lieu de rester et
promouvoir la langue tout en s’intégrant, il préfère partir pour ne pas se
désintégrer!
On dit qu’il faut se battre, persévérer, patienter, entre temps manger et
digérer déception sur déception, attendre le jour "j" où …
Une anecdote pour finir: un directeur d’école m’a fait passer une entrevue
puis m’a demandé à la fin: "Comment se peut-il que tu n’ais pas de travail alors
qu’il manque des enseignants au Québec" ? Il m’a dit que c’est une question
qu’il pose à toutes les personnes à qui il fait passer des entrevues. La réponse
se trouvant chez ceux qui recrutent, je ne savais quoi répondre. Je me trouvais
en fait devant un hypocrite qui détenait la clef de l’énigme…
Un chercheur d’emploi déçu.
(23 octobre 2003)